« Répit », Marie Caceres, Vue de l’installation documentaire, exposition Artists-run space Les Ateliers Lautard, Friche la Belle de Mai, 2024 courtesy l’artiste
Réalisatrice et photographe, Marie Caceres se penche sur une analyse documentaire des images à partir de mouvements féministes. Elle fait partie des Ateliers Lautard, ancienne agence Pôle Emploi du quartier de la Friche Belle de Mai géré par Rebecca Brodski et Résidence Résiliente et réunissant 20 artistes.
Diplômée d’un Master Arts et langage à l’EHESS, elle développe un questionnement entre l’éthique et le politique. Elle nous dit pourquoi elle a choisi Marseille et comment l’énergie du collectif l’inspire.
Votre parcours
Je viens d’études de cinéma et en théorie de l’art. J’avais comme tutrice de mémoire Marielle Macé qui mêle des questionnements entre l’art et la politique. Mon parcours s’est construit autour de l’image et principalement de la réalisation documentaire.

Marie Caceres, « Répit » installation documentaire (vidéos et textile), courtesy l’artiste
Comment définissez-vous votre pratique ?
Je suis en train de développer ces pratiques documentaires toujours en lien avec des images mais qui tendent vers d’autres processus et techniques. Je récupère par exemple des photos de quand j’étais petite considérées comme perdues (mention non facturé) que je vais agrandir et travailler. J’ai réalisé toute une série en 2023 dans une manifestation à Grenoble autour des violences faites aux femmes avec cette idée de joindre l’éthique et l’esthétique. Ma pratique rejoint la question de l’anonymisation des visages lors des manifestations dans un effort de zoom qui devient presque pictural. Ne pas dévoiler la présence des gens mais ne garder que du mouvement.
Quand je parle de documenter, il est question de comment on se situe par rapport à un sujet et non pas inventer mais capter une réalité. Le genre documentaire est ce qui m’intéresse le plus en rapport avec mes études de cinéma. Je trouve pertinent de parler d’image documentaire dans la mesure où cela va donner une direction comme par exemple avec le textile.

« Répit », Marie Caceres, Vue de l’installation documentaire, exposition Artists-run space Les Ateliers Lautard, Friche la Belle de Mai, 2024 courtesy l’artiste
Qu’avez-vous montré lors de l’exposition « Artist run space » à la Friche Belle de Mai pendant d’Art-o-rama ?
J’avais montré des extraits de rushs documentaires à la Friche lors de l’exposition autour d’un cercle de paroles féministes que j’ai co-créé avec des élèves du lycée Hélène Boucher à Paris quand j’étais surveillante. L’installation s’intitulait Répit. Avec Armelle Dakouo je lui avais proposé ce cercle féministe dans la mesure où je voulais filmer les rapports de genre au sein de mon travail étant surveillante. De fil en aiguille avec la minorité queer du lycée, nous avons décidé de monter ce cercle. L’idée de filmer a été concomitante avec celle de créer, c’est pour cela que des choses incroyables se passent sur la base d’une confiance absolue. Je filme seule et de manière très libre.
Le textile
Je présentais ces 4 écrans et je voulais qu’il y ait un accompagnement matériel sous la forme d’un lien dans la mesure où étaient abordés des témoignages assez lourds (violences sexuelles..). J’ai beaucoup échangé avec Hannah Taylor, ce qui est l’avantage de l’atelier collectif, et eu l’idée du tissage avec des nœuds pour accompagner les vidéos à travers le toucher, comme une béquille émotionnelle. C’était un pari qui a plus ou moins bien marché. Le matériau brut de récupération me semblait intéressant autour de l’idée non pas du lien mais du nœud émotionnel. Ma pratique un peu anxieuse m’a guidé en quelque sorte. Au Solarium nous avons réalisé une autre exposition collective « Règles de sentiments » où j’ai continué à tisser et ce que je vais présenter à l’occasion des Portes Ouvertes est une sorte d’abri. C’est comme un travail en continu avec tout d’abord des nœuds pour accompagner des vidéos, un travail de l’image également qui vient cette fois s’incruster dans le tissu. Un processus très expérimental.
Pourquoi Marseille ?
Mes grands-parents habitent sur l’île du Frioul donc je viens passer tous mes étés ici depuis toute petite. Marseille a toujours été quelque chose du souvenir de l’enfance avec nos transferts par Saint Charles, un horizon et un carrefour de la Méditerranée avec des liens familiaux. Toute une construction personnelle.
Les Ateliers Lautard
J’étais là depuis le départ et ai répondu à une annonce. C’était un pari dans la mesure où je pratique la photo et la vidéo à la base, je n’avais pas forcément besoin d’un atelier. La proximité avec les autres est très productive pour moi et je n’arrive pas à réaliser que nous sommes déjà à 1 an d’existence avec une super dynamique ! Comme il y a une pluralité de pratiques, cela favorise des dialogues forts.
Le prochain projet au Hangar Belle de Mai est très proche et j’y présenterai des installations vidéo étant donné que nous aurons de la place.
Infos pratiques :
Comment on s’aime ?
Ateliers Lautard, 1 an !
Group show
Le 1er mars
23 rue Lautard, Marseille
http://pacoff.org/participante_2024/les-ateliers-lautard/
https://www.residenceresiliente.org/les-ateliers-lautard
Instagram de Marie Caceres :