Olivier Bémer, installation mug phenomena Jeune Création, courtesy the artist
Cap sur l’émergence à Komunuma, Romainville avec la 72ème édition de Jeune Création. Parmi ce tremplin réunissant 48 artistes, il se dégage notammentle projet d’ Olivier Bémer que j’avais découvert lors de Révélations Emerige en 2019. Diplômé du Fresnoy, il faisait partie de l’exposition collective « Panorama 23.. par le rêve ». Il a répondu à mes questions.
Olivier Bémer est né à Paris en 1989 où il vit et travaille. Il a participé à plusieurs expositions collectives, notamment lors du Prix Emerige 2019, au Fresnoy Studio National, au Centre Wallonie-Bruxelles de Paris, dans la Grande Halle de La Villette ainsi qu’au Palais des Beaux-Arts de Paris. L’écran constitue le médium principal de sa pratique qui oscille entre images fixes et animés, son, texte et interactivité. Son travail interroge le rapport que nous entretenons avec les objets techniques et cherche en particulier à déconstruire une vision fantasmée de la technologie en la présentant non pas comme une solution mais comme le symptôme de notre profonde inadaptation.
Quelle opportunité représente pour vous Jeune Création ?
Jeune Création, ainsi que d’autres prix destinés aux jeunes artistes, ont deux principaux avantages.
Le premier est de donner un peu de visibilité à notre travail en organisant une exposition et des visites dans des lieux auxquels nous n’aurions pas forcément accès.
Ensuite, le second et le plus important, c’est qu’on y rencontre nos pairs; d’autres artistes de notre génération avec qui ont peut partager, entre autres sujet, notre avis
sur Jeune Création.
Vous y présentez mug phenomena avec le soutien de la Bourse des Amis des Beaux
Arts, pouvez vous nous décrire ce qui se joue ?
Il s’agit d’une installation composée d’une quarantaine d’impressions 3D et d’une video en image de synthèse dans laquelle on retrouve les modèles ayant servi aux impressions 3D.
Plusieurs choses sont à l’oeuvre dans cette installation. Le rapport entre les déclinaisons d’un objet et son propre déclin en tant qu’objet utile. Le bruit qui s’ajoute à une
information à chaque fois qu’on la répète. Et une tentative de créer des objets
uniques en cherchant à les reproduire.
Ensuite il y a le souhait de mettre en concurrence ces itérations d’objet par le discours. Créer une fausse authenticité à chaque objet pour créer une sorte de rivalité
mimétique. Quitte à perdre toute rationalité et tout lien entre l’objet, sa forme, et son
usage.
Vous proposiez Noon à l’occasion de « Panorama 23.. par le rêve » (Le Fresnoy), quels en sont les enjeux ?
Noon est un film d’animation de quinze minutes, un plan séquence en vue subjective,
dans lequel nous suivons les déambulations d’un avatar qui après avoir découvert la
lumière, rencontre son ombre portée. Sur son passage, une succession de lampes
de plus en plus perfectionnées l’aideront à pourchasser obstinément son double,
jusqu’à dissoudre l’espace dans un épais brouillard surexposé dans lequel plus rien
ne reste visible.
Mais quand l’aveuglement devient total et que notre personnage perd le contrôle,
ce dernier cherche alors à regagner l’obscurité. L’histoire peut alors recommencer.
Dans Noon, ombre et lumière prennent une forme allégorique. Le désir obsessionnel
d’une disparition des ombres au profit du lumineux répond au mirage du progrès par
la technique ; rationaliser son environnement en effaçant sa part de doute et d’indéterminé.
Le film nous précipite dans une chronologie technique dans laquelle notre avatar voit
son identité lui échapper à mesure qu’il cherche à en éclairer les multiples représentations.
Vous avez fait partie de l’exposition des Révélations Emerige L’effet Falaise avec ALICE, chatterbot perdue dans son propre reflet narcissique, que nous disent vos avatars réduits à négocier en permanence avec leur libre arbitre ?
Dans la vidéo Alice & John (2017), j’avais alimenté un chatterbot avec les paroles
d’Imagine de John Lennon. Mon souhait était de créer une tension simple entre ancien et nouveau. La chanson très idéaliste et représentative d’une époque, contre le
robot cynique, étron d’esprit et peu chaleureux. Ce qui m’intéresse c’est ce qui se
joue entre ces deux archétypes et puis d’en faire un duo assez cocasse incapable de
communiquer.
Quels autres projets vous animent ?
Je travaille actuellement à l’écriture d’un film d’animation sur la vie des abeilles qui mélangera contre-vérités scientifiques et fausses images documentaires.
Aussi, suite à Jeune Création j’ai la chance de participer à la prochaine Saison d’Orange Rouge, une association qui permet à des artiste de travailler avec une
classe de collégiens. Un projet qui me réjouit et qui j’espère me permettra de déplacer ma pratique de nouveaux horizons.
Site d’Olivier Bémer :
Olivier Bémer (olivierbemer.eu)
Jeune Création,
Les artistes sélectionnés :
Aram Abbas / Morgane Baffier / Olivier Bémer / Max Blotas / Kamil Bouzoubaa-Grivel / Camille Chastang / Lou Chavepayre / Clément Courgeon / Juliette Dérutin / Jérémie Danon / Yuna Denis / Énora Denis / Inès Di Folco / JJ von Panure / Morgan Erpen / Cédric Esturillo Cacciarella / Raphaël Fabre / Léo Fourdrinier / Juliette George / Juliette Green / Shuo Hao / Ninon Hivert / Jean-François Krebs / Guillaume Lépine / Corentin Laplanche Tsutsui / Aurore Le Duc / Robin Lopvet / Leticia Martinez Perez / Adrien Menu / Sergio Morabito / Lucian Moriyama / Pascal Mouisset / Raphaël-Bachir Osman / Nefeli Papadimouli / Chae Dalle Park / Joseph Perez / Maëlle Poirier / Franck Rausch / Paola Siri Renard / Francisco Rodriguez Teare / Lucas Seguy / Masahiro Suzuki / Xolo Cuintle / Una Ursprung / Gaspar Willmann / Yoann Ximenes.
Infos partiques :
Derniers jours !
La Chaufferie / Fondation Fiminco
43 rue de la commune de Paris, Romainville
(exposition terminée)