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Habiter la faille, Fondation Fiminco, interview Ludovic Delalande, commissaire : « Embrasser l’incertitude plutôt que de la fuir »

Vue du vernissage de l’exposition « Habiter la faille », artistes en résidence 2024-25 © Manuel Abella

Ludovic Delalande à partir de la 5ème promotion des artistes internationaux en résidence FABRIQUE 2024-25 de la Fondation Fiminco déroule une partition dans l’espace emblématique de la Chaufferie où il est question d’incertitudes, de fragilité, d’interstices, de périphéries. Les 12 artistes célèbrent le corps comme zone de questionnement et d’expérimentation autour de mutations sociales et politiques. Ludovic Delalande revient sur les partis pris qui l’ont guidé, ce qui se dégage de ce panorama et la programmation spéciale Nuit Blanche.

Que représentait la Fondation Fiminco pour vous ?

Un espace de création pluridisciplinaire.

Vue du vernissage de l’exposition « Habiter la faille », artistes en résidence 2024-25 © Manuel Abella

Qu’est-ce que ce titre suggère ?

 Le titre « Habiter la faille » suggère l’idée de vivre dans l’instabilité, d’occuper les zones de rupture, d’embrasser l’incertitude plutôt que de la fuir. Il évoque une présence active et consciente dans les marges, ces interstices du monde souvent perçus comme inconfortables ou précaires, mais ici réinvestis comme des espaces fertiles de création, de résistance et de réinvention. La faille devient métaphore de notre époque troublée, lieu de vulnérabilité mais aussi de potentiel. Habiter, c’est y ancrer une pratique, une pensée, un corps et les artistes réunis dans cette exposition choisissent précisément de s’inscrire dans cette fracture, de la traverser avec leurs médiums, leurs voix et leurs visions singulières. Ce titre traduit ainsi une attitude courageuse, presque politique : celle de faire corps avec le monde en mutation, de s’y tenir malgré les secousses, de transformer la fragilité en ressource et de réaffirmer la capacité à créer dans l’incertitude.

Vue de l’exposition « Habiter la faille », artistes en résidence 2024-25 © Manuel Abella

Quels ont été vos partis pris scénographiques pour que ces 12 univers trouvent leur place à la Chaufferie ? 

Nous sommes d’abord partis du lieu lui-même, de son histoire, de son architecture et de ses contraintes techniques, en cherchant à en faire des ressources plutôt que des obstacles. La Chaufferie est un espace singulier, à la fois brut, chargé et très présent dans son identité ; il était donc important de ne pas chercher à le neutraliser, mais au contraire d’entrer en dialogue avec lui. Le parti pris scénographique a consisté à préserver l’équilibre entre une lecture cohérente de l’exposition dans son ensemble et le respect de chaque univers artistique. Il s’agissait de créer des respirations, de permettre à chaque œuvre d’exister pleinement sans entrer en concurrence avec les autres, tout en favorisant des zones de résonance entre certaines propositions. La circulation a été pensée comme un parcours fluide, presque organique, qui accompagne le regard sans l’imposer, en ménageant des moments de concentration, d’ouverture, de surprise ou de recul. La scénographie s’est construite dans un aller-retour constant entre l’espace et les œuvres, mais aussi entre les artistes et le lieu, dans une dynamique collective et collaborative. 

Vue du vernissage de l’exposition « Habiter la faille », artistes en résidence 2024-25 © Manuel Abella

Quels échos et correspondances se dégagent ?

Ce sont avant tout des affinités sensibles qui ont guidé la construction de cette exposition. Elle s’est élaborée à partir des douze artistes en résidence au sein de Fabrique 2024-2025, chacun·e porteur·se d’un univers singulier et de pratiques artistiques variées. Il ne s’agissait donc pas d’imposer une thématique a priori, mais bien de partir de leurs recherches, de leurs préoccupations et de leurs pratiques artistiques pour imaginer une proposition curatoriale fidèle à leurs démarches. 

Au fil des échanges, des préoccupations communes ont émergé, dessinant des lignes de force qui ont permis de tisser des liens, de faire surgir des échos, des résonances, et d’esquisser ainsi une cartographie sensible des œuvres produites pendant la résidence. 

Un fil rouge traverse l’ensemble des propositions : celui du corps, envisagé comme territoire d’exploration, vecteur d’expression, et lieu d’inscription du monde. Qu’il se manifeste sur un mode figuratif, symbolique, politique, social, émotionnel, mental ou physique, le corps s’impose comme une présence irréductible. Il structure l’espace, détermine une échelle, une forme, une orientation, un contexte, un rythme. Il devient prisme et interface, révélant les tensions, les disparités, mais aussi les résistances et les métamorphoses qui traversent nos réalités contemporaines.

Quelle programmation a été proposée à l’occasion de la Nuit Blanche ?

 Plusieurs événements en lien avec l’exposition ont été programmés ce soir-là, d’une visite sensorielle de l’exposition aux performances de Mena Guerrero, Alix Boillot et Jisoo Yoo en passant par l’atelier proposé par Maxime Laguerre ou encore une lecture de Théo Casciani. 

En tant que commissaire :  que défendez-vous ?

 La création contemporaine dans toute sa diversité. 

Avec les artistes : 

Nile Koetting (Japon), Célia Coëtte (France), Valentin Noujaïm (Liban/France), Ankur Yadav (Inde), Paulius Šliaupa (Lituanie), Alix Boillot (France), Jisoo Yoo (Corée du Sud/France), Mena Guerrero (Guatémala), Margarita Wenzel (Allemagne), Nefeli Papadimouli (Grèce), Liên Hoàng-Xuân (Tunisie/France), Maxime Laguerre (France).

Infos pratiques :

Habiter la faille 

Jusqu’au 22 juin 

Entrée libre et gratuite

Ouvert du mardi au vendredi de 14h à 18h
Le samedi de 15h à 19h

43, rue de la Commune de Paris
93230 Romainville

https://fondationfiminco.com/programmation-details/habiter_la_faille.html

En savoir plus :

sur les résidences de la Fondation Fiminco :

https://www.fondationfiminco.com/fiminco-artistes.html

le futur quartier culturel FAST. Romainville-Paris 

https://www.fondationfiminco.com/pole-culturel.html