Paris Photo 2025 : Interview Florence Bourgeois 

Marleen Sleeuwits, Presentation at Fotomuseum Den Haag, 2025 – Courtesy of the artist & Galerie Bart

A l’occasion de la 28édition de Paris Photo qui réunit 183 galeries et 41 éditeurs en provenance de 33 pays, Florence Bourgeois, directrice, associée à Anna Planas, directrice artistique et aux commissaires, revient sur la vocation de plateforme prospective et curatoriale de cet évènement phare qui ne cesse d’élargir les possibles et s’ouvre à de nouvelles scènes. 

Marie de la Fresnaye. Remarquez-vous une tendance de ralentissement du marché comme dans d’autres secteurs ?

Florence Bourgeois. Malgré les turbulences, Paris Photo reste un haut lieu de rencontres pour l’ensemble des acteurs de l’écosystème. Près de 200 institutions, la plupart étrangères, s’y pressent chaque année ! Notre position de leader sur le marché international doit aussi beaucoup à nos deux comités de sélection qui, pour les galeries comme pour les éditeurs, garantissent la qualité et l’originalité des projets présentés. 

MdF Quels sont les objectifs de cette 28 édition ? 

Florence Bourgeois. Paris Photo poursuit sa mission : être à la fois un lieu de découvertes et un espace de dialogue autour de l’image. La foire met en relation les grandes figures historiques et les pratiques contemporaines, reflétant ainsi la vitalité et la diversité du médium. Nous souhaitons aussi ouvrir le regard vers de nouvelles scènes et de nouveaux artistes, en valorisant des projets curatoriaux qui apportent des approches singulières et des lectures renouvelées de la photographie.

MdFQuelles sont les nouveautés ?

FB. Parmi les nouveautés, le secteur Voices s’installe cette année au cœur de la nef, après le succès rencontré en 2024. Confié aux commissaires invitées Devika Singh et Nadine Wietlisbach, il s’articule autour de deux thèmes : le paysage et les liens de parenté. Ce nouvel emplacement souligne l’importance de ce secteur et inscrit une vision contemporaine au centre de la foire.

Le secteur Principal proposera également les projets Prismes, avec des installations de grande envergure. Enfin, plusieurs nouvelles galeries rejoignent Paris Photo, parmi lesquelles Crone (Vienne), Isabel Hurley (Málaga) et Eva Presenhuber (Zurich), confirmant l’ouverture toujours plus internationale de cette édition.

Martin Parr, Benidorm , 1997 courtesy de l’artiste, galerie Clémentine de la Féronnière

MdF. Parmi les 183 galeries participantes et 41 éditeurs, y a-t-il une évolution de profil ? Quelle est la répartition géographique ?

FB. La sélection s’élargit cette année avec la mise en avant de nouvelles scènes : l’Inde, le Proche et le Moyen-Orient, mais aussi la Pologne, grâce à la première participation de Vadehra Art (New Delhi), Ayyam (Dubaï) ou Hafez (Jeddah). La scène japonaise connaît un retour marqué avec neuf galeries et quatre éditeurs. Cette diversité se retrouve également dans le secteur Émergence, qui rassemble vingt talents venus du Soudan du Sud, du Mexique ou du Venezuela.

MdF. Le secteur Voices est curaté cette année par Nadine Wietlisbach (Fotomuseum Winterthur) et Devika Singh, historienne de l’art : que ressort-il de cette proposition qui se tient désormais au cœur de la Nef ?

FB. Le secteur Voices se déploie cette année en deux volets. Devika Singh propose une relecture du paysage à travers des approches documentaires, personnelles ou spéculatives, avec des artistes venus d’Inde, d’Égypte, d’Iran, du Liban, de Roumanie ou de Pologne. On y retrouve notamment Gauri Gill, Daniele Genadry ou Mohammad Ghazali, qui révèlent les dimensions sociales et politiques inscrites dans la représentation du territoire.
En parallèle, Nadine Wietlisbach rassemble des œuvres autour des liens de parenté. Rinko Kawauchi, Torbjørn Rødland ou Felipe Romero Beltrán explorent la complexité des relations intimes, entre vulnérabilité et force, distance et proximité, en inscrivant la photographie dans une pratique sociale.

Ioana Cîrlig, Bulgarian Black Sea, Dune Flora, 2023 – Courtesy of the artist & Anca Poterasu Gallery

MdFAvec Prismes des propositions d’envergure sont déployées dans les galeries et dans la nef, quelles sont les ambitions de ce format ?

FB. L’ambition est de mettre en dialogue la photographie avec d’autres médiums et proposer des projets d’envergure. À l’entrée du Grand Palais, Poggi (Paris) présente une installation monumentale de Sophie Ristelhueber, lauréate du prix Hasselblad 2025, qui rassemble différentes séries sur un mur de 36 mètres et au sol. Klemm’s (Berlin) expose Truth Table d’Adrian Sauer, sous le commissariat de Florian Ebner, une installation qui questionne la matérialité et la construction de l’image. Isabel Hurley (Málaga) présente Thermofax (1975-77) de Marisa González, série pionnière réalisée à partir d’un dispositif de reproduction thermique et exposée au Museo Reina Sofía, montrée pour la première fois en France à Paris Photo.

Kevin Abosch, Freedom, 2025 – Courtesy of the artist & TAEX

MdF. Le secteur Digital revient pour la 3ème année sous le commissariat de Nina Roehrs et s’étoffe : comment cela se traduit-il ?

FB. Quinze galeries et plateformes y présentent des artistes qui interrogent la place de l’image à l’ère numérique. On y croise par exemple Anna Ridler (Nagel Draxler), qui revisite le rapport entre nature et technologie, ou Julieta Tarraubella (Rolf Art et Tomas Redrado Art), figure émergente qui explore la mémoire visuelle. D’autres, comme Kevin Abosch (Taex), expérimentent avec l’intelligence artificielle, nourrie de leurs propres photographies pour générer de nouvelles œuvres.

MDF. La place donnée à l’émergence est-elle plus importante ?

FB. Bien sûr ! Le salon vise à s’ouvrir à de nouvelles scènes internationales et témoigner de la vitalité des scènes émergentes du monde entier, du Soudan du Sud avec Atong Atem (Mars, Melbourne) au Venezuela avec Suwon Lee (Sorondo Projects, Barcelone), du Brésil avec Rodrigo Braga (Salon H, Paris) au Mexique avec Camila Falquez (Hannah Traore, New York) ou encore de Corée du Sud avec Sibusiso Bheka (Afronova, Johannesbourg).
 Le secteur affirme également la place de la scène française avec entre autres Marine Lanier (Jörg Brockmann), Bérangère Fromont (Bacqueville) et Sylvie Bonnot (Hangar).

Infos pratiques :

Paris Photo

13-16 novembre 2025 

Vernissage *sur invitation seulement
Mercredi 12 novembre 2025

Journées publiques
Jeudi 13 novembre 2025, de 13h à 20h
Vendredi 14 novembre 2025, de 13h à 20h
Samedi 15 novembre 2025, de 13h à 20h
Dimanche 16 novembre 2025, de 13h à 19h

Grand Palais 

https://www.parisphoto.com/fr-fr/exposant/Secteur_Digital_2025.html