FIAC 2021, spectaculaire et flamboyante

A l’image de l’impressionnant Flying Dragon de Calder sur la Place Vendôme par Gagosian qui ouvre un 3ème espace parisien, quelques belles découvertes au Jardin des Tuileries avec notamment  l’accent mis sur de jeunes artistes : Kokou Ferdinand Makouvia, Marion Verboom, Euridice Zaituna Kala ou Vincent Laval. Tous les regards étaient portés sur le Grand Palais Ephémère. Même si les allées ne sont pas aussi larges avec un manque de recul dans certains stands, l’impression générale est de haut vol. Déjà beaucoup de monde à 14h en ce jour de vernissage. Les américains sont venus moins nombreux mais sont bien présents avec 20 galeries et le contingent international est représenté par le Japon, la Corée, le Brésil, le Liban pour la première fois, excepté les Chinois qui n’ont pas obtenu l’autorisation de quitter le territoire. Les européens restent majoritaires. L’art brut fait son entrée à la FIAC avec la première participation de Christian Berst, ce qui illustre une évolution des mentalités. L’art moderne tient son rang comme chez Zlotowski, la galerie 1900-2000 ou Applicat-Prazan. Les stands sont luxueux à défaut d’être grands ! A ne pas manquer dans la galerie Eiffel (extension) le secteur émergence (anciennement secteur Lafayette) avec 10 jeunes galeries très pointues dont Chris Sharp/Washington DC, Soft Opening/Londres ou Streetwater/Berlin.

La FIAC OVR attire 212 galeries, certaines enseignes ayant choisi d’être présentes uniquement par ce canal, comme Derouillon, Sator ou Danysz galerie.

Petit tour de piste et coups de cœur :

Templon (Paris, Bruxelles) : Prune Nourry

Parmi l’ambitieuse sélection outre une toile très forte de l’américain Kehinde Wiley, un masque de Prune Nourry renvoie à la captivante exposition actuellement proposée à la galerie. La jeune artiste a relevé un nouveau défi autour de la malvoyance en imaginant un dispositif incitant les visiteurs à découvrir les œuvres dans le noir et avec l’aide de personnes déficientes visuelles. Un voyage sans retour qui nous incite à nous poser de vraies questions alors qu’elle a sculpté ses modèles les yeux bandés.

Clearing (Bruxelles) : Jean-Marie Appriou, Lili Reynaud-Dewar et Marguerite Humeau

Lors de mes trajets à Bruxelles je ne manque jamais de commencer par un stop dans cette fabuleuse galerie proche du Wiels. La double tête du sculpteur français récemment exposé à Lafayette Anticipations voisine avec la fraîchement déclarée Lauréate du Prix Marcel Duchamp, Lili Reynaud-Dewar étant exposée au Centre Pompidou avec les autres nommés de ce prestigieux prix. Marguerite Humeau elle avait été aussi l’une des finalistes de ce prix en 2019.

Allen Gallery (Paris) : Jacqueline de Jong

Tout se passe bien pour l’australien et parisien d’adoption Joseph Allen qui a récemment rejoint le Marais dans un lieu stratégique et voisin de Art Concept et Lévy Grovy. Jacqueline de Jong a été l’une de mes vraies émotions aux Abattoirs de Toulouse et plus largement au Wiels à Bruxelles, personnalité forte et indépendante ayant dû fuir les Pays Bas avec sa famille. Une peinture débridée, voir monstrueuse parfois entre expressionnisme et Pop art.

Ramin Haerizadeh, Rokni Haerizadeh et Hesam Rahmanian In Situ galerie

In Situ Fabienne Leclerc (Romainville) : Ramin Haerizadeh, Rokni Haerizadeh et Hesam Rahmanian

Le trio iranien basé à Dubaï partage le quotidien d’une même maison et leur art dans des hybridations qui repoussent les froières habituellement admises. Un continuum débridé entre mythologies perses et objets trouvés. L’ensemble du stand est envahi par leur univers, y compris le sol et nous pouvons nous asseoir à une table de banquet où des assiettes peintes renvoient à des évènements politiques, des parties des corps des artistes ou des anecdotes personnelles.

Paula Rego, Victoria Miro gallery

Victoria Miro (Londres) : duo show Paula Rego et Chantal Joffe

Deux peintres de l’intime. Paula Rego que l’on avait découverte en France au musée de l’Orangerie s’inspire des grands maîtres (Goya, Hogarth, Ensor..) pour livrer des visions caustiques sur les rapports de domination.  Chantal Joffe dans ses portraits et autoportraits scrute la psyché dans des mises en tension subtiles et nuancées.

Balice Hertling (Paris) : Xinji Cheng

A partir de photos prises de ses amis, la jeune artiste chinoise installée à Paris saisit le caractère mystérieux et insondable de chaque être, insistant sur la chair et certains détails anatomiques dans une atmosphère flottante et assez sensuelle. Natures mortes ou paysages baignés de couleurs chaudes ou froides distillent un sentiment de douceur. On l’avait découverte avec l’exposition Anticorps au Palais de Tokyo qui traitait de proximité et distance sociale.

Photo Marc Domage

Cécile Fakhoury (Abidjan, Paris) : Cheikh Ndiaye solo show

La galeriste française installée au Sénégal et en Côte d’Ivoire ouvre cette semaine un espace à Paris dans la désormais très prisée Avenue Matignon. L’artiste Cheik Ndiaye diplômé des Beaux Arts de Dakar et de Lyon s’intéresse à l’urbanisme et à l’architecture des métropoles africaines à partir d’objets récupérés transformés lors d’assemblages qui prennent la forme de sculptures ou d’installations.

Alfonso Artiaco (Naples) : Ana Veronica Janssens

Très beau parasol en chaume doré à la feuille d’or autour de la relation au soleil, à sa brulure et l’énergie diffusée comme l’explique l’artiste. Elle s’attache à déjouer les perceptions du regardeur à travers des dispositifs de lumière, de son ou de brouillard artificiel. Toujours minimalistes ses interventions ont un impact réel autour de la perte de contrôle, du temps et de l’espace.

sans titre (Paris) : Hamish Pearch

J’avais découvert l’artiste anglais à l’occasion de Manifesta, Marseille au Belsunce Project, espace d’art indépendant créé par Won Jin Choi et Basile Ghosn. Il part d’objets trouvés de notre quotidien qu’il travestit entre trompe oeil et réalité.

Hamish Pearch, Burnt Toast Garlic Parachute, 2021 sans titre galerie

Gb agency (Paris) : Paul Heintz

Lauréat de la Bourse Révélations Emerige en 2019 ses nouvelles sculptures regardent du côté de Spoerri après avoir exploré la vidéo dans des fictions sociologiques ou politiques autour de simulacres de son invention. Son déjeuner sur l’herbe a tout d’un fait divers en puissance.

Ne manquez pas le buste d’Emmanuel Macron envahi par son masque par l’artiste chinois Wang Du à la galerie Baronian Xippas !

Infos pratiques :

Grand Palais Ephémère

Plateau Joffre

75007 Paris

21-24 octobre 2021

Billet FIAC plein tarif : 40 €
Billet FIAC tarif réduit* : 27 €

https://www.fiac.com/fr