Garance Chabert, Sophie Kaplan, Elfi Turpin, co-présidentes de d.c.a -de gauche à droite–
A l’occasion du lancement par d.c.a de la première plateforme digitale dédiée à son événement estival « Plein Soleil, l’été des centres d’art contemporain » interview croisée avec les trois co-présidentes du réseau : Sophie Kaplan (La Criée, Rennes), Garance Chabert (La Villa du Parc, Annemasse) et Elfi Turpin (CRAC Alsace). Le réseau fédère 49 membres sur l’ensemble de l’hexagone parmi lesquels le Jeu de Paume, le Palais de Tokyo, le Crédac (cf mon interview avec Kapwani Kiwanga) mais aussi le CCC OD (cf mon interview avec Isabelle Reiher, exposition de Nicolàs Lamas ), le Centre d’art Le Lait à Albi découvert récemment (cf interview Antoine Marchand), l’Espace de l’art concret (cf interview Fabienne Grasser-Fulchéri), la Villa Arson (cf interview d’Eric Mangion)… des lieux dont j’ai tenu à rendre compte des enjeux en ces périodes de confinement. Plus que jamais le rôle de d.c.a est décisif comme le rappelle chacune des responsables en terme de structuration et d’accompagnement des artistes et écosystèmes fragilisés par la crise au sein des régions.
Quel bilan tirez-vous de la période de crise au niveau de chacune de vos structures et en général sur le réseau ?
Sophie Kaplan, Garance Chabert, Elfi Turpin :
Outre les nombreuses annulations et/ou reports d’expositions, événements et résidences engendrées par la crise sanitaire et ses confinements successifs, la période nous a poussé à repenser nombre de nos modalités de travail comme par exemple l’articulation entre tissu artistique local et réseaux et circulations à l’international ou les possibilités foisonnantes du numérique notamment en matière de transmission mais aussi ses limites – la rencontre physique avec l’œuvre est irremplaçable, comme l’attestent les réactions d’émotions, de libération et de joie profonde auxquelles nous assistons depuis la réouverture de nos centres d’art.
La fermeture prolongée des lieux culturels, ainsi que la grande précarité dans laquelle se sont retrouvé.e.s beaucoup d’artistes et professionnel.le.s de l’art a rendu plus visible la fragilité du secteur des arts visuels et le travail qui reste encore à faire pour structurer celui-ci et pour lequel d.c.a a un rôle actif à jouer.
Sophie Kaplan :
À La Criée à Rennes, nous avons mis en place pendant cette période des dispositifs de soutien renforcés à la scène émergente locale, ce qui nous a permis de soutenir et d’accompagner à la fois financièrement, artistiquement et en termes de visibilité de jeunes artistes dont beaucoup de perspectives avaient été bouchées par ailleurs.
Elfi Turpin :
Au CRAC Alsace à Altkirch, nous avons privilégié l’expérimentation et la production avec les artistes, missions socles que nous avons réussies à maintenir en cette longue période de fermeture au public, à travers le format de la résidence et du livre, notamment.
Garance Chabert :
A la Villa du Parc, en plus d’un soutien renforcé aux artistes, nous avons été particulièrement attentifs à l’EAC (éducation artistique et culturelle), et avons beaucoup renforcés les ateliers avec des artistes intervenant dans les écoles entre fin octobre et la réouverture mi-mai, afin de permettre une continuité pédagogique et préserver un lien vivant et concret entre l’art et le champ de l’éducation.
Pouvez-vous m’en dire plus sur lancement de la plateforme digitale ?
Sophie Kaplan, Garance Chabert, Elfi Turpin :
Plein Soleil, l’été des centres d’art contemporain existe depuis déjà plusieurs années et permet de rendre visible et de mettre en commun l’ensemble des programmations estivales des centres d’art du réseau d.c.a. Cette année, nous avons souhaité développer une plateforme digitale intuitive, facile d’utilisation et accessible à un large public, qui a été designée par le graphiste et développeur Jacques Delon. Cette plateforme est basée sur la localisation du visiteur, qui, grâce à une carte interactive et à un système de filtres peut trouver très facilement les programmations qui se déroulent là où il se trouve au moment où il s’y trouve. Il peut également sélectionner le type de programmation qui l’intéresse : expositions ou rendez-vous ? En quelques clics, il est ainsi possible de se faire une idée synthétique de ce qui se passe dans les centres d’art cet été partout en France.
La plateforme regroupe ainsi, via les 49 centres d’art du réseau, plus de 80 expositions et rendez-vous, et plus de 300 artistes présenté.e.s.
Quels sont les temps forts de Plein Soleil, l’été des centres d’art ?
Sophie Kaplan, Garance Chabert, Elfi Turpin :
Difficile de déterminer des temps plus forts que les autres, tant la programmation est riche et diverse !
Mais, si l’on se prête au jeu des focus, nous nous réjouissons des propositions mises en œuvre dans les deux centres d’art qui viennent de rentrer dans le réseau : Le Portique au Havre avec une exposition de Théo Mercier, le CCC OD à Tours avec les expositions de Eric Tabuchi, Nicolas Lamas et Christodoulos Panayiotou.
Nous nous réjouissons également des nombreuses expositions monographiques d’artistes femmes sur tout le territoire, qu’elles soient des figures reconnues de l’histoire de l’art comme Renée Levi à la Villa du Parc à Annemasse ou Véra Molnar à l’Espace de l’art concret de Mouans-Sartoux, en pleine reconnaissance comme Otobong Nkanga à la Villa Arson à Nice ou Kapwani Kiwanga au Crédac à Ivry-sur-Seine, ou encore portent les promesses du futur comme Lydia Ourahame à Triangle – Astérides à Marseille, Marion Verboom au Carré à Château-Gontier ou Thiphaine Calmettes au Centre international de l’art et du paysage de Vassivière.
Relire mon interview avec Sophie Kaplan à La Criée en mars 2021 (lien vers)
En pratique :
Où que vous soyez en France, une rencontre avec l’art vous attend !
L’été des centres d’art
jusqu’au 30 septembre
Le réseau d.c.a et ses membres :