La Gacilly 2021: Réenchanter le monde et cap au nord !

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Entre ciel et glace © Tiina Itkonen La Gacilly festival

Cyril Drouhet, Commissaire des expositions du Festival Photo La Gacilly a dévoilé lors d’une conférence de presse en ligne, les grands rendez-vous de l’édition 2021.

Réaffirmant plus que jamais ses valeurs à l’aune de la période de crise que nous traversons, La Gacilly entend s’intégrer dans une vision nouvelle et renouvelée face aux défis lancés par la pandémie. L’affiche qui regarde toujours du côté graphisme du festival d’Arles, avec ce chien de traineau sympathique induit un caractère de proximité où l’humain est placé au centre.

Extraits de la conférence :

-La photographie scandinave à l’honneur

«Plein Nord n’est pas seulement l’occasion d’indiquer un nouveau cap pour nos existences déboussolées, mais aussi de mettre en lumière la puissance créatrice et souvent méconnue de ces artistes venus d’Europe du Nord qui, depuis l’aurore de la photographie, entretiennent un lien quasi charnel avec la rudesse de leur terre, une terre nourricière qu’ils honorent, et qu’ils nous dévoilent au travers de leurs œuvres. Intégrant un environnement sauvage et la solitude dans leur rapport au monde, les peuples du Danemark, de Finlande, d’Islande, de Norvège ou de Suède ne se contentent pas d’exploiter les fruits de la nature d’une manière aveugle, mais d’en comprendre surtout le fonctionne[1]ment en l’observant avec bienveillance. Leur connaissance, leur curiosité pour la faune et la flore expliquent qu’ils aient davantage à cœur de les respecter »

« Sune Jonsson, originaire d’un village bien éloigné des grandes villes, a immortalisé avec tendresse cette société révolue. Il y a du Walker Evans dans ses clichés documentant la pauvreté de ce monde rural, du Willy Ronis aussi dans sa façon de capter avec précision le portrait de ses contemporains.

Pentti Sammallahti, quant à lui, est l’un des grands maîtres contemporains du noir et blanc. Observateur aguerri de sa terre natale, la Finlande, voyageur insatiable des contrées les plus lointaines, il nous emporte avec mélancolie dans le silence salvateur des grandes étendues, comme pour témoigner de l’extrême fragilité de notre espace naturel.

Depuis 1995, la photographe finlandaise Tiina Itkonen parcourt les côtes gelées du Groenland, partageant des mois entiers le quotidien des Inughuit, cette minorité inuit qui lutte pour conserver son mode de vie ancestrale.

L’Islandais Ragnar Axelsson, sur ces mêmes steppes givrées groenlandaises, nous fait ressentir, avec une esthétique en noir et blanc sans pareil, l’atmosphère unique d’un monde en voie de disparition, celui de ces peuples en perpétuel déplacement sur la calotte glaciaire, les visages balayés par la morsure du vent, et se déplaçant avec leurs chiens de traîneaux, compagnons sauvages et indissociables de leur destinée.

Tine Poppe, originaire d’Oslo, s’ingénie dans d’étonnantes variations végétales, à ma[1]gnifier les fleurs sauvages, l’herbe fraîche ou les massifs forestiers, mariant visions psychédéliques et technique naturaliste dans une ode bienvenue à la nature.

Quant à l’artiste finlandaise Sanna Kannisto, son sens de l’observation et son approche scientifique rigoureuse ne sont pas sans rappeler la précision des croquis de Buffon ou Darwin.

Pour Erik Johansson, avant-gardiste suédois de la post-production, la prise de vue n’est qu’une première étape : habile virtuose des outils numériques, il crée des illusions d’optique, des compositions surréalistes au service du message qu’il souhaite nous délivrer, celui d’un monde absurde inventé par les humains. Quant à Helena Blomqvist, cette photographe ne craint pas de nous entraîner au cœur de l’étrange, entre contes terrifiants, créatures tout droit sorties de nos rêves d’enfant, et légendes populaires de sa terre natale, la Suède.

Avec Jonas Bendiksen, membre de l’agence Magnum, nous montrerons deux travaux diamétralement opposés de ce photojournaliste émérite, habitué des pages du National Geographic. Avec Big Melt, il nous emmène depuis les glaciers du plateau tibétain jusqu’aux plaines asiatiques pour montrer toutes les conséquences dramatiques du réchauffe[1]ment et de la montée des eaux sur les populations arrosées par le Toit du monde; en regard de ce reportage, nous découvrirons un travail plus intimiste, celui qu’il a réalisé pour le journal local Vesteraalen, dans le nord de son pays natal, la Norvège, capturant toute l’identité de cette région rurale.

Enfin, pour clore cette programmation sur la photographie du Grand Nord, nous sommes heureux de prolonger notre collaboration avec l’Agence France-Presse, habituelle[1]ment spécialisée dans le traitement des su[1]jets d’actualité. Deux photographes ont été choisis pour illustrer le regard de l’AFP sur ces pays du froid: le Suédois Jonathan Näckstrand et le Français Olivier Morin. »

Les gardiens de la biodiversité © Ulla Lohmann pour la Fondation Yves Roche

-Le monde d’après dans l’objectif

Fantasmé pendant le confinement qu’en est-il de ce monde d’après ?

« Depuis que Nick Brandt a pris la défense de la faune sauvage en Afrique, le Festival Photo La Gacilly a toujours soutenu le travail ambitieux de ce photographe visionnaire. Cette fois, sera dévoilé son dernier opus, This Empty World, des mises en scène spectaculaires pour dénoncer cette urbanisation galopante qui menace nos écosystèmes et les habitats des grands mammifères.

Avec Mathias Depardon, dernier lauréat du Prix Photo Fondation Yves Rocher, nous suivrons le cours du fleuve Tigre et sa lente agonie, depuis la Turquie jusqu’aux confins de l’Irak: le photojournaliste travaille depuis plusieurs années sur ce road-movie documentaire et environnemental.

Dans le cadre de l’action de la Fondation Yves Rocher contre la déforestation seront dévoilés les travaux de photographes compagnons du festival : Pascal Maitre au Mexique, Catalina Martin-Chico en Équateur, Ulla Lohmann à Madagascar. »

Researth © Brieuc Weulersse / lauréat du Prix Nouvelles écritures de la photographie environnementale en 2021

-Le soutien à la jeune création

« La résidence Ruralité(s) a été accordée cette année à la photographe Aglaé Bory après un appel à projet lancé par notre Festival: deux mois durant. Elle a travaillé au plus près des habitants de nos terres de La Gacilly pour construire une fresque visuelle sur Les Horizons, cartographie des possibles entre portraits et paysages, et montrer toute une identité en mouvement.

Pour la 6e année consécutive, la collaboration avec Fisheye se poursuit, dans une volonté de mettre en lumière les nouveaux talents de demain, par le Prix Nouvelles écritures de la photographie environnementale. Trois lauréat·e·s ont été distingué·e·s.

La photographe d’origine marocaine Imane Djamil avec son travail en polyptyques sur la ville ensablée de Tarfaya ; la Franco-péruvienne Florence Goupil qui s’est penchée sur le sort d’une communauté amazonienne en proie à l’épidémie de la Covid-19; et le Français Brieuc Weulersse qui, dans une écriture très clinique, a placé son objectif dans des laboratoires d’expérimentation à la recherche de solutions positives face à l’effondrement annoncé. »

-Un été photographique en Bretagne

Cette année le festival s’inscrit dans une traversée photographique en Bretagne avec un certain nombre de partenaires dont le Frac Bretagne comme me l’a indiqué son directeur Etienne Bernard lors de ma venue au Frac. Une programmation commune élargie offre ainsi aux visiteurs 4 mois d’expositions.

Infos pratiques :

Dates communiquées prochainement.

Festival Photo La Gacilly – Expo Photos en Extérieur (festivalphoto-lagacilly.com)