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Rencontre avec Julien Rousseau, conservateur du patrimoine, Unité Asie, musée du Quai Branly, commissaire de Palace Paradis

En partenariat avec le Centre culturel de Taïwan à Paris, le musée du Quai Branly se penche sur les offrandes funéraires en papier taïwanaises et rituels associés à l’au-delà, à partir des créations de 2 ateliers de Tapei, Hsin-Hsin et Skea.
Julien Rousseau Conservateur du Patrimoine, responsable de l’Unité patrimoniale Asie, est revenu sur les contours de son métier, la vocation du musée du Quai Branly et la place donnée à l’art contemporain. Il s’est fait récemment remarquer avec « Enfers et fantômes d’Asie », fascinante exposition.

Genèse de Palace Paradis

Ce projet a été conçu en collaboration avec le Centre Culturel Taïwanais à Paris. L’ensemble des œuvres a été réalisé spécialement pour l’exposition par deux ateliers de Taipei, Hsin-Hsin et Skea, spécialisés dans la création d’objets funéraires en papier. Chacun de ces ateliers travaille dans un
style différent, Hsin-Hsin est un atelier plutôt familial d’esprit artisanal et le second Skea plus important dans sa structure, réalise des objets miniatures très détaillés.
Cette tradition funéraire d’origine chinoise consiste à brûler des répliques d’objets en papier pour les envoyer aux défunts dans l’au-delà. De manière très pragmatique, les familles tentent d’offrir au disparu le meilleur confort matériel après la mort : maison, véhicule, brosse à dent, lave-linge, smartphone, home cinéma… Ces répliques de papiers pourraient faire penser aux simulacres de terre cuite (mingqi) qui étaient enfouies dans les tombes impériales chinoises pour recréer l’environnement familier du défunt.

Définition de votre poste et activités au quotidien

Le conservateur gère une collection patrimoniale, c’est-à-dire sa conservation son étude et sa diffusion. Il doit enrichir une collection et le savoir que nous en avons et servir de médiateur avec le public. Ce rôle de médiateur définit bien aussi notre travail au quotidien dans la mesure où la collection, dans tous ses aspects, nous met en collaboration avec des régisseurs, des restaurateurs, des chercheurs…
D’un point de vue personnel j’accorde une importance particulière à la diffusion du patrimoine et aux expositions grand public, comme le sera je l’espère Palace Paradis.

Place des collections d’Asie dans les collections du musée du Quai Branly

Les collections asiatiques du musée du quai Branly sont parmi les moins connues mais elles comptent 55 000 pièces environ. Leur typologie est très variée, bien loin d’un musée de beaux art classique.
Historiquement elles elle ont été rassemblées dans un but scientifique et documentaire, depuis les premières collectes ethnographiques de la fin du 19 ème siècle, jusqu’à celle du musée de L’Homme à la fin du 20 ème siècle. Le musée conserve aussi des pièces asiatiques plus anciennes, provenant de dons ou même d’anciennes collections royales. Il imagine souvent que les réserves des musées ne conservent que des chef d’œuvres cachés mais la réalité est bien différente, elles renferment de
objets aussi hétéroclites que des bâtons d’encens, des sushis en résine de devanture de restaurant ou encore des affiches de cinéma. Aussi modestes et inattendus que puissent parfois être ces objets, ils portent toujours un discours et leur valeur patrimoniale se renforce au fil du temps.

Place de la création contemporaine dans votre programmation (expositions Fendre l’Air, Enfer et Fantômes..)

Elle est essentielle à mon avis dans les expositions de civilisation pour garder un lien avec les cultures vivantes et une pluralité de discours. Je préfère quand elle s’intègre dans le parcours et non pas réduite à une œuvre à la fin. Parler des cultures est toujours un exercice subjectif.
Il est plus intéressant à mon avis d’assumer qu’une exposition est une construction et une création. Dans l’exposition « Enfers et Fantômes d’Asie » nous avions choisi de raconter des histoires des fantômes sans chercher à expliquer des croyances d’un point de vue extérieur.
Des acteurs et des plasticiens de cinéma japonais et Thaïlandais avaient conçu avec nous la scénographie comme un film qui mettait en scène différents personnages de fantômes.

Quelle est votre vision du musée du Quai Branly ?

Les collections ethnographiques transférées au musée du quai Branly sont devenues, pour la plupart des collections historiques avec le changement des sociétés. Par exemple, les objets quotidiens collectés dans les années 1930 chez les minorités du Vietnam n’existent plus aujourd’hui et sont
devenus une collection patrimoniale.
Mais le musée conserve aussi une multitude d’œuvres d’autres nature: art religieux, statuaire, éléments architecturaux, instruments de musique… Je pense qu’il donne à connaître et à aimer les civilisations.
Nous essayons aussi à travers les acquisitions et les expositions de valoriser les cultures contemporaines et c’est une mission importante pour le musée je pense.

Question plus personnelle, A quand remonte votre déclic et passion pour l’art et la culture d’Asie ?

C’est difficile à dire mais c’est surement d’abord à travers la nourriture et le cinéma, les soupes de nouilles et le films hongkongais de kungfu que je découvrais à l’adolescent chez mes amis franco- cambodgiens. Originaire de banlieue, je garde un bon souvenir de mes première visites dans le
quartier de Paris à la même époque.

Infos pratiques :
PALACE PARADIS

jusqu’au 27 octobre

Egalement lors de votre visite, ne pas manquer l’exposition Félix Fénéon, dandy anarchiste, marchand d’art, éditeur, critique, traducteur et ardent défenseur des arts lointains. Trois ans de recherche menés par Isabelle Cahn, conservatrice au musée d’Orsay et Philippe Peltier, musée du Quai Branly pour dresser son portrait et influence. Adepte du décloisonnement il n’hésite pas à rapprocher les trois Poseuses de Seurat avec des chefs d’œuvre de la sculpture africaine et océanienne.

Plein tarif :
10,00 €
Tarif réduit : 7,00 €

Fermé le lundi

www.quaibranly.fr

À écouter sur fomo vox