Luxes ultimes au MAD Paris

Luxes, MAD Paris photo Marie de la Fresnaye

Frivole et inutile le luxe ? Pas si sûr et c’est comme avec la culture, une fois que l’on en est privés, on s’aperçoit de sa légitimité.

L’exposition proposée par le MAD Paris plus qu’un plaidoyer se veut une invitation à un voyage esthétique et spirituel pour tenter de comprendre ce supplément d’âme de certaines créations devenues des symboles intemporels. Car le luxe s’inscrit avant tout dans la transmission, transmission d’une idée, d’une matière, d’un savoir-faire. Quand la Fondation d’entreprise Hermès avait proposé l’exposition Formes Simples (Centre Pompidou Metz et musée du Cristal Saint-Louis), cycle conçu avec Jean de Loisy mettant en avant la permanence de certains gestes d’artistes et d’artisans d’exception, il était question de cette permanence du signe au delà de la notion même de la beauté.

Bague balance Tasaki 2017

Comme le confie Olivier Gabet directeur du Mad à l’occasion d’une visite spéciale rediffusée en cette Nuit des Musées :

« Le luxe c’est la vitesse (Hispano Suiza de 1925 non pas de Picasso mais du galeriste Adrien Maeght), la couleur (à Rome on tuait pour du rouge à l’époque de la Renaissance précise Cloé Pitiot, la commissaire), la beauté des brocards, la coupe..les fleurs de porcelaine qui signent l’avènement des marchands-merciers, prescripteurs et débiteurs de toute l’aristocratie, une robe Worth, premier créateur de mode, un bijou JAR ou le sportswear façon Koché, un sac Kelly Hermès, la crinoline Balenciaga par Demna Gvasalia (2019) d’un bleu lapis ou une robe en marqueterie de plumes de Karl Lagerfeld pour Chanel ».

Luxes, MAD Paris photo Marie de la Fresnaye

L’occasion de découvrir également le Pavillon 1900 conçu pour l’Exposition Universelle et son Salon des boiseries au décor Art Nouveau, splendeur et vitrine des arts décoratifs à la française.

Luxes, MAD Paris photo Marie de la Fresnaye

Luxe du temps, du savoir, de la rareté, de l’excès, cette centaine d’artefacts qui traversent les âges et les continents offrent un inventaire rafraichissant en ces temps de disette et questionnent la notion de la valeur et de l’accessoire dans un univers saturé par des marques mondialisées où tout est digéré et dupliqué à l’infini. Codes d’appartenance, rituels, sens du sacré, quête de l’exception, le luxe fluctue selon les époques et c’est ce qui en fait toute la magie et le caractère intangible.

Luxes, MAD Paris photo Marie de la Fresnaye

Quels nouveaux territoires le luxe peut-il encore conquérir ? Visiblement l’écologie et une certaine simplicité si on en croit la Maison Jacquemus avec cette robe en lin qui signale un changement de paradigme avec le partenariat de la Confédération européenne du lin et du chanvre pour cette exposition et non une grande maison du luxe. Epure et minimalisme ont d’ailleurs toujours marché de pair selon Gabrielle Chanel, autre icone du luxe en ce moment célébrée.

Cette version parisienne de «Dix mille ans de luxe» pour le Louvre Abu Dhabi en 2019 est une réussite et nous avons hâte qu’elle ouvre à nouveau ! On peut toujours patienter avec le catalogue qui est une mine d’or et leçon de savoir-vivre à soi tout seul. (E-boutique du Mad, commander en ligne ou chez votre librairie)

Luxes

jusqu’au 2 mai 2021

https://madparis.fr/

Conformément aux directives gouvernementales, le Musée des Arts Décoratifs est fermé jusqu’à nouvel ordre.