Nicolas Liucci-Goutnikov, devant l’œuvre de Ida Tursic &Wilfried Mille. Visite presse le 8 octobre 2019/Centre Pompidou.
Créé en 2000 par l’ADIAF, le prix Marcel Duchamp distingue chaque année un lauréat parmi quatre artistes français ou résidant en France travaillant dans le domaine des arts plastiques et visuels. Il est organisé depuis l’origine en partenariat avec le Centre Pompidou qui invite les artistes nommés pour une exposition collective dont le commissariat est assuré cette année par Nicolas Liucci-Goutnikov, conservateur au Centre Pompidou, à l’origine de différentes expositions dont « ROUGE, art et utopie au pays des Soviets », récemment au Grand Palais. Il nous dévoile les ressorts et articulation de sa réponse à l’invitation de l’ADIAF.
- Parti pris scénographiques
L’enjeu consistait à refléter et organiser au mieux la diversité des pratiques présentées. Pour cette édition, nous avons souhaité mettre l’accent sur la façon dont des pratiques très différentes coexistent dans le monde contemporain, que ce soit la sculpture, l’installation, le dispositif cinématographique ou la peinture, qui fait son retour depuis quelques années, comme y tenait l’ADIAF, à l’origine de ce Prix.
Nous avons ensuite travaillé avec les artistes au meilleur positionnement possible, sachant que deux d’entre eux voulaient travailler avec le lieu, Katinka Bock et Eric Baudelaire. A partir de leur choix nous avons réparti le reste des espaces.
2. Le parcours
Nous sommes accueillis par cette peinture ostensiblement spectaculaire de Ida Tursic & Wilfried Mille, sorte de condensé d’une œuvre ironique et jubilatoire pleine d’humour qui plante le décor. Nous découvrons ensuite une tout autre pratique, celle de Marguerite Humeau, qui propose à travers des installations pluridisciplinaires à la pointe de la technologie un récit dystopique faisant écho à la catastrophe écologique en cours.
Nous pénétrons ensuite dans des espaces accueillant des propositions articulées au bâtiment avec Katinka Bock d’une part et Eric Baudelaire d’autre part.
Katinka Bock relit de façon magistrale l’héritage de la sculpture contemporaine aux années 1970 entre postminimalisme, arte povera et art in situ. Cela se traduit par exemple avec ce radiateur connecté à un chauffe-eau, lui-même relié au bâtiment ou ces éléments mis à oxyder sur une terrasse du Centre Pompidou pendant 6 mois.
Le 4ème projet est celui d’Eric Baudelaire. On y pénètre en passant par le couloir technique, d’habitude occulté au public. Il sert d’antichambre au dispositif multifacettes mis en œuvre à partir d’un film. Tourné pendant 4 ans, ce film a été réalisé avec 21 élèves d’un collège de Seine Saint Denis, qui en sont à la fois les acteurs et les concepteurs. Ce projet montre comment ces collégiens se mettent en image, loin de tout cliché sur la banlieue.
3. Peut-on parler d’art français ou d’art en France ?
Dire « art français » me semble un peu désuet, car cela laisse à penser qu’il y aurait des caractéristiques propres à l’art produit aujourd’hui en France. Afin d’éviter une telle essentialisation, il est justement plus pertinent de parler d’« art en France ».C’est bien une diversité de pratiques et d’origines qui est montrée ici. Sont présentés des artistes nés à l’étranger et travaillant en France, tout comme des artistes nés France français et travaillant à l’étranger. Je trouve formidable que la différence en France soit célébrée à travers le prix Marcel Duchamp.
Lundi 14 octobre 2019 :
Annonce du lauréat du prix Marcel Duchamp 2019
Exposition des lauréats jusqu’au 6 janvier 2020