Révélation ! Art contemporain du Bénin, l’exposition itinérante à La Conciergerie 

Moufouli Bello, Sofia, Irwo, collection particulière © Giulian Lopez

Dans le cadre de la restitution par la France au Bénin de 26 trésors royaux conservés au musée du quai Branly, l’exposition dans son volet contemporain après une étape au Musée Mohamed VI (Maroc) et à la Fondation Clément (Martinique) arrive à Paris à la Conciergerie selon un partenariat entre le Ministère de la Culture français et l’Agence du développement des arts et de la culture (ADAC) du Bénin. Le commissariat est assuré par Yassine Agnikè (ADAC) commissaire associée du Pavillon du Bénin à la Biennale de Venise et Emmanuel Daydé, historien et commissaire. Cette exposition vient porter la dynamique engagée par la République du Bénin en préfiguration du Musée d’art contemporain de Cotonou. La première exposition (volet patrimonial et contemporain) au Palais de la Marina à Cotonou en 2022, réunissant 34 artistes et 106 artistes a attiré plus de 220 000 visiteurs. Cette version parisienne qui coïncide avec le Sommet de la francophonie vise à se projeter vers l’avenir. On se souvient de la carte blanche très impactante à l’artiste ghanéen El Anatsui dans ce lieu chargé de mémoire de la Conciergerie. Le parcours est organisé en 3 parties : « Des déesses et des dieux », « Des reines et des rois » « Des femmes et des hommes » dans ces imposantes salles du Palais de la cité qui renvoie aux palais royaux d’Abomey. 

Dès l’entrée l’installation de Georges Adéagbo qui faisait partie de la Triennale de Paris au Palais de Tokyo par Okwui Enwezor intitulée « La porte ..derrière la porte ? Qu’est-ce qu’il y a derrière la porte ? » pose la question des liens entre la France et le Bénin. Ce grand collage de documents, objets trouvés, tableaux, livres, magazines, coupures de presse, vêtements (de revenants) met en avant des dynamiques sous-jacentes de pouvoir et d’influence. 

La place du vodun et son panthéon (états de transe, prières) sont convoqués par plusieurs artistes dont Georges Adéagbo avec l’art divinatoire du Fâ, Cyprien Tokoudagba, initié et peintre de temples vodun et adepte du dieu des eaux terrestres Tohossou, Dominique Gnonnou Kouas à travers le travail de la forge ou Fabrice Monteiro autour de la divinité des eaux Mami Wata. 

Leila Adjovi, Malaïka dotou Sankofa #4, 2016, Collection particulière  © Laeïla Adjovi / Loic Hoquet

L’accent est mis sur les artistes émergents et l’on s’en réjouit, avec notamment Moufouli Bello qui fait partie du Pavillon du Bénin à la Biennale de Venise et rend hommage aux à la philosophie féministe yoruba dans des portraits aux nuances de bleu célébrant le pouvoir spirituel de transmission des femmes dans la société. Le retour à la terre mère, la décolonisation des imaginaires, les résistances aux formes du capitalisme anime cette artistes diplômée de la Cambre (Bruxelles) et du Fresnoy. L’artiste Nobel Koty, lauréat du Prix Ellipse 2024 réalise des autoportraits témoignant de la vulnérabilité et l’incertitude. Il sera exposé lors de la prochaine édition de la foire AKAA. Marcel Kpoho représente le roi Béhanzin, victime d’une ruse, capturé et exilé par les forces coloniales françaises, sous la forme du prince kondo et son animal totem, le requin de même que Roméo Mivekannin qui le replace dans une iconographie occidentale. Aston sculpte de grands voiliers qui retrace le retour des esprits des esclaves. Ponce Zannou se penche sur les invisibles du quotidien, les laissers pour compte et les migrants en quête de l’eldorado occidental. Meshac Gaba dénonce les stéréotypes et questionne les différences culturelles à travers des installations hybrides faites d’objets recyclés. Le franco-béninois Emo de Medeiros opère une fusion technologique et spirituelle à l’aide de sculptures vidéo faites de casques recouverts de cauri et d’écrans de smartphones et sa nouvelle cyber-vidéo réalisée à base de l’IA, Tigritude. Le belgo-béninois Fabrice Monteiro dans sa série photographique « The Prophecy » met en scène des esprits contemporains portant des tenues faites dans des objets recyclés provenant de sites pollués. A l’urgence écologique, l’art de la mascarade et du portrait pour sensibiliser au maximum les consciences.

Liste des 42 artistes par ordre alphabétique : 

Georges Adéagbo, Laeïla Adjovi, Ishola Akpo, Euloge Ahanhanzo-Glèlè, Eliane Aïsso, Edwige Aplogan, Aston, Youss Atacora, François Aziangué, Moufouli Bello, Sébastien Boko, Charly d’Almeida, Emo de Medeiros, Sènami Donoumassou, Kifouli Dossou, Stevens Dossou-Yovo, Ludovic Fadaïro, Dimitri Fagbohoun, Meschac Gaba, King Houndékpinkou, Nobel Koty, Dominique Gnonnou Kouas, Marcel Kpoho, Eric Médéda, Roméo Mivekannin, Fabrice Monteiro, Louis Oké Agbo, Thierry Oussou, Yves Apollinaire Pèdé, Gérard Quenum, Rémy Samuz, Julien Sinzogan, Hector Sonon, Tchif, Epaphras Dègnon Toïhen, Cyprien Tokoudagba, Prince Toffa, Julien Vignikin, Didier Viodé, Nathanaël Vodouhè, Ponce Zannou, Dominique Zinpkè.

Catalogue « Révélation ! Art contemporain du Bénin »
Editions Hervé Chopin , 208 pages , 28,50 €

Infos pratiques :

Révélation ! Art contemporain du Bénin

Jusqu’au 5 janvier 

La Conciergerie 

Tarif adulte 13 €

Gratuit pour les moins de 26 ans

https://www.paris-conciergerie.fr/agenda/revelation-!-art-contemporain-du-benin

Centre des Monuments nationaux

https://tickets.monuments-nationaux.fr/fr-FR/familles?site=2035140822090400170