Palais de Tokyo : nouvelle saison et « chambre des échos »

Jakob Lena Knebl & Ashley Hans Scheirl, vue de l’exposition Doppelganger!, Palais de Tokyo, 19.10.23–07.01.24.Courtesy des artistes. Photo: Aurélien Mole

Vue d’exposition, Lili Reynaud- Dewar,
Salut, je m’appelle Lili et nous sommes plusieurs, Palais de Tokyo, 19.10.23 – 07.01.24.
Courtesy de l’artiste
Photo: Aurélien Mole

Le Palais de Tokyo inaugurait en cette semaine de l’art ultra intense sa nouvelle saison ainsi que plusieurs transformations. Un nouvel espace « La zone » inspirée de la permaculture, concept défendu par Guillaumes Désanges autour d’un usage raisonné de ressources d’un territoire et « Le hamo » autre lieu dédié à l’inclusion et la médiation par l’art. Complétés par une
nouvelle cafétéria, plus accessible et ouverte à l’actualité. Cette attention portée à l’accueil et à la diversité rejoignent l’entreprise de « Grand désenvoûtement » pour exorciser les fantômes qui hantent cette institution.

La nouvelle saison est dominée par les femmes et les récits alternatifs et l’on s’en réjouit !

Tout d’abord avec Lili Reynaud Dewar.

Lauréate du Prix Marcel Duchamp 2021, on l’avait laissé sur le chemin de Pier Paolo Pasolini au Centre Pompidou pour la retrouver avec l’exposition « Salut, je m’appelle Lili et nous sommes plusieurs » sous le commissariat de François Piron. Une première partie sous la forme d’un film repris à partir de l’ouvrage Pétrole l’impact de l’industrie pétrolière et du progrès technologique. La 2ème exposition reprend le cœur de la pratique de l’artiste à savoir ses vidéos de danse dans les espaces institutionnels de l’art vidés de leur public. Nue avec le corps recouvert de peintre elle se livre à une chorégraphie silencieuse qui oscille entre activisme politique et geste artistique. Une séquence qui ressemble à un journal intime et permet de réaliser l’ensemble du corpus de cette artiste féministe inclassable qui se nourrit de ses rencontres et collaborations multiples. Elle interroge plusieurs hommes dans des chambres d’hôtel sur les notions de désir et de masculin.

 

Le duo d’artistes autrichiennes Jakob Lena Knebl & Ashley Hans Scheirl dans le sous-sol du Palais interroge les circuits de l’inconscient dans une scénographie entre le kitsch et le grotesque, Alice au Pays des Merveilles et un dance floor des années 1970. Une fantasmagorie queer et transgenre où apparaissent Mary Shelley, Barbapapa, Hans Bellmer, Ada Lovelace ou encore Hector Guimard ! J’avais interview Jakob Lena lors de son intervention pour le musée d’art et d’histoire de Genève (lien vers) et il me tardait de retrouver toutes ces références et tensions entremêlées.

Bonheur de retrouver l’artiste RAKAJOO que j’avais également interviewé à la galerie Danysz (lien vers) autour de son exposition en tant que lauréat du Prix des Amis du Palais de Tokyo. Boxeur professionnel, il est révélé par l’école Kourtrajmé (JR) lors de l’exposition collective au Palais de Tokyo Jusqu’ici tout va bien. De la Goutte d’Or au Sénégal en passant par la Seine-Saint-Denis, sa peinture révèle des liens et territoires visibles ou invisibilisés, des réflexes et identités fluctuantes. Une quête afropéenne plurielle et engagée.

Autre prix par SAM Art Projects pour Dalila Dalléas Bouzar qui plante la tente pour proposer un voyage aux confins du Tassili, plateau rocheux dans le désert du Sahara au sud de l’Algérie. En réinterprétant les images de l’histoire algérienne, l’artiste aborde la mémoire individuelle et collective et la représentation comme outil de pouvoir. La broderie de « Vaisseau infini » conte ces histoires millénaires comme une utopie. Espace de performance, de méditation et de parole, de nombreuses rencontres y sont organisées.

Avec HORS DE LA NUIT DES NORMES l’exposition rassemble 20 artistes et collectifs français et internationaux qui envisagent l’amour, la fluidité et la sexualité dans une perspective queer et éco-féministe. Poésie, installation, dessin mais aussi archives pour donner à voir l’alternative des affects dans un acte de résistance aux normes.

 

Infos pratiques :

SALUT JE M’APPELLE LILLI ET NOUS SOMMES PLUSIEURS

DOOPELGANDER

VAISSEAU INFINI

HORS DE LA NUIT DES NORMES, HORS DE L’ENORME ENNUI

Ceinture NWAR

RAKAJOO

Jusqu’au 7 Janvier

Palais de Tokyo