Sandra Rocha, CPIF « Le moindre souffle »

Algues I, 2000 tirage jet d’encre pigmentaire sur papier cotton smooth© Sandra Rocha

Miguel Magalhães, directeur du Programme Culture de la Fondation Calouste Gulbenkian à Lisbonne et Sandra Rocha se sont notamment rencontrés lorsque l’artiste est sélectionnée dans le cadre du programme Créativité et création artistique de la prestigieuse fondation lisboète, il était donc naturel que Nathalie Giraudeau, directrice du Centre Photographique d’Ile de France les invitent pour une rencontre dialoguée autour de l’exposition de l’artiste, soutenue par la Délégation en France et de la Fondation Gulbenkian.

Ensemble  » La création « , 2021, tirage jet d’encre pigmentaire sur papier cotton smooth
© Sandra Rocha

A partir du très beau titre emprunté à Jean-Christophe Bailly « le moindre souffle -sur le vivant » Sandra Rocha, née aux Açores et vivant à Paris, partage son expérience du confinement sur cette terre des origines. Une expérience de l’intériorité qu’elle croise avec sa lecture des Métamorphoses d’Ovide. Un temps suspendu où les règnes du vivant se confondent au fil de l’instabilité de ces îles volcaniques tour à tour idylliques ou au contraire violentes et inhospitalières. Des adolescents choisis pour leur être en devenir changent perpétuellement de visage, d’identité, d’apparence, sous le coup du sortilège des dieux.

Ensemble  » Narcisse et Écho « , 2021, tirage jet d’encre pigmentaire sur papier cotton smooth
© Sandra Rocha

Ainsi d’Actéon qui devient cerf par la volonté de Diane, d’Echo transformée en rocher quand Narcisse la repousse, de Persée dont Minerve jalouse, sème des serpents dans la chevelure. L’humain, le végétal, la nature agissent de concert dans cette fable remarquablement mise en scène sur fond de cascades ou de variations atmosphériques. Une dramaturgie servie par l’accrochage et les qualités immersives et sonores du parcours. Les corps sont traversés. Au delà des qualités plastiques qui renvoient à la grande peinture de paysage, Poussin en tête, la question du politique que soulève Miguel Magalhães, est bel et bien en filigrane. La vulnérabilité du corps, sa nudité, ses blessures, son rapt, sur fond de nature originelle, cette matrice dont nous avons puisé et épuisé toutes les ressources. Jusqu’à son dernier souffle …

Après ce premier solo show de l’artiste dans une institution française, ce dont elle se réjouit, elle vient d’annoncer rejoindre la galerie Les Filles du Calvaire en préparation d’une exposition personnelle en juin 2022.

Site internet de l’artiste

Infos pratiques :

Sandra Rocha

Le dernier souffle

jusqu’au 19 décembre

https://www.cpif.net/