Vue de stand QG Gallery, Luxembourg Art Week 2025
Parmi les stands qui se dégagent de cette 11ème édition de la Luxembourg Art Week : la QG Gallery qui y participe pour la 2ème fois. Son fondateur et directeur, Quentin Grosjean nous détaille le choix curatorial du stand qui rejoint la ligne défendue par la galerie, établie à Bruxelles et Knokke. A partir d’artistes emblématiques de l’art minimal et conceptuel :Robert Barry, Bernd & Hilda Becher Olivier Mosset, une conversation est engagée autour de plus jeunes générations revendiquant une même radicalité : Cécile Bart, Quentin Lefranc, Nicolas Chardon… Un focus photographique est également à l’honneur avec des signatures majeures telles que Man Ray, Muybridge, Marcel Mariën.. Une vraie cohérence se dégage de l’ensemble. Quentin Grosjean se félicite de la nouvelle impulsion donnée par Mélanie de Jamblinne. Connaissant de nombreux luxembourgeois à travers Knokke, il apprécie leur engagement et démarche de collectionneurs. De plus, la scène luxembourgeoise restant très ouverte sur l’extérieur, cela contribue à une internationalisation progressive de la foire. Prochaine participation de la QG Gallery à la BRAFA, suite à un certain recentrage en termes de foires.

Quentin Grosjean, fondateur et directeur QG Gallery
Qu’est-ce qui a décidé cette nouvelle participation à la Luxembourg Art Week?
Au départ nous étions face à un conflit avec Art Cologne, très proche dans les dates. Cette année l’écart nous a permis d’être présents sur les deux foires. De plus la nomination de Mélanie de Jamblinne et la vision qu’elle porte, donne un souffle nouveau à la foire. Nous étions donc très impatients d’y retourner.
Pour commencer par votre sélection de photographies : quels sont les partis pris ?
Il s’agit d’une approche chronologique avec Eadweard Muybridge avec un rare collotype d’époque, 1887, de la série « Human Locomotion » représentant une femme de ménage jetant un sceau d’eau en 3 plans différents. Une avancée décisive sur toute l’histoire du cinéma et de l’image, plus de l’ordre d’une recherche scientifique ou technique que d’un geste artistique à proprement parler. Puis nous arrivons en 1917 avec Man Ray, une solarisation qui a été montrée plusieurs fois dans des musées donc un pedigree exceptionnel. Puis, Marcel Mariën, artiste inclassable, écrivain, cinéaste, éditeur, devenu surréaliste un peu sur le tard, mais proche de Magritte, qui met souvent en scène des femmes à partir de jeux de langage et de poèmes inscrits à même la peau.
Ce mur exclusivement en noir et blanc, donne une place à l’art contemporain, qu’il soit abstrait, avec Nicolas Chardon, relevant du pop art américain avec John Wesley (1969) et Raymond Pettibon.
Pour le reste du stand, nous nous inscrivons vers ce qui est la ligne de la galerie.
Quelle est la ligne que vous défendez ?
Une ligne minimale, abstraite, conceptuelle et libre ! Les héros du départ sont Carl André, Sol Lewitt, John Baldessari, Robert Barry, toute une génération importante. Mais aussi des artistes contemporains qui sont en quelque sorte les héritiers de cette génération avec Cécile Bart dont nous montrons deux toiles emblématiques sur tergal, ces tissus transparents qui laissent traverser la lumière, qui sont écartés du mur et dont le châssis apparent fait entièrement partie de l’œuvre, jouant ainsi sur les couleurs et leur mélange dans une approche très subtile de la lumière naturelle même si cela est moins opérant ici. En contraste l’artiste belge Alain Biltereyst, réalise des petits tableaux inspirés du design industriel, de logos, de photos qu’il prend. Des tableaux extrêmement travaillés, qu’il va gratter pour en révéler toutes les couches dans un geste presque archéologique.
Nous avons aussi l’artiste français Quentin Lefranc, que l’on représente en Belgique et qui a été montré à Knokke il y a deux ans. Nous lui préparons un solo show à Bruxelles à partir du 17 janvier. Frank Gerritz est un sculpteur allemand, qui conçoit des tableaux exclusivement au crayon. Des œuvres minutieuses qui demandent plusieurs années d’exécution. Le côté miroitant de la surface est intéressant avec tout un système de bandes. Il n’était pas possible d’exposer l’une de ses sculptures assez monumentales.
Nous proposons également une toile importante d’Olivier Mosset.
Tout le défi, pour moi est de s’inscrire dans cette ligne tout en apportant quelque chose de nouveau. C’est pourquoi quand je trouve des artistes qui, pour moi, y arrivent, j’essaie de les mettre en avant.
À Paris, nous avons l’Exposition Art Minimal à la Bourse du Commerce. Qu’est-ce qui fait selon vous, cette aura, cette place à part de toute cette génération ?
Je pense que cela offre un contrepied par rapport à tout le reste. Quelque chose de rafraîchissant aussi pour l’œil dans une certaine forme de radicalité.
Ce mouvement n’est pas toujours facile à mettre en valeur et l’exposition prend le parti de sortir des grands noms attendus dans un tel panorama. De nombreuses découvertes qui rendent l’exposition assez passionnante.

Vue de stand QG Gallery, Luxembourg Art Week 2025
Comment percevez-vous la scène luxembourgeoise ?
Je rencontre assez souvent des Luxembourgeois car beaucoup d’entre eux viennent à Knokke.
Nous avons donc une relation déjà existante avec certains collectionneurs, qui nous soutiennent et présentent notre stand à leurs proches. Il est certain que pour un pays de cette taille, il y a quand même une belle base de collectionneurs. La foire attire aussi des Belges, des Allemands, des Hollandais… avec un rayonnement international qui est en train de se renforcer.
De plus en sachant que le Luxembourg représente 80% d’expatriés, avec de nombreuses nationalités représentées, cela génère un vivier d’amateurs très dynamique.

Vue de stand QG Gallery, Luxembourg Art Week 2025
En ce qui concerne les foires, participez-vous à Art Anvers prochainement ?
Non car la période est très chargée entre Art Cologne, Luxembourg Art Week, la BRAFA, la Tefaf, Art Brussels… Cela concentre beaucoup de fois dans une même zone géographique, au même moment. Pour nous, la prochaine foire sera la BRAFA à Bruxelles. Nous sommes dans une année où nous limitons un peu les foires après s’être un peu éparpillés jusqu’à 10 participations par an, la période restant malgré tout assez incertaine.
Qu’allez-vous présenter à la BRAFA ?
À la BRAFA, nous allons proposer d’une part, toute une section sur les années 60 américaines avec Carl André, Kenneth Noland, Frank Stella, Robert Mangold. Et puis, une autre section complètement à contre-pied autour d’un jeu sur les portraits, des années 20 jusqu’à aujourd’hui,
Avec Picasso, Robert Mapplethorpe, Tom Wesselmann. La sélection n’est pas encore complètement définitive.
Ressentez-vous un ralentissement du marché comme dans le reste de l’Europe ?
Je pense que le marché moyen, autour d’une gamme de prix qui n’est pas accessible à tout le monde, est un peu compliqué. Les pièces importantes se vendent toujours bien, parce qu’il y a une clientèle très riche. Mais ce qui se passe entre les deux, c’est une clientèle qui est moins dépensière et qui fait plus attention à ces coups de cœur. Un budget qu’on peut aisément retirer de ses priorités.

Vue de stand QG Gallery, Luxembourg Art Week 2025
L’une des questions qui se pose face au vieillissement de certains collectionneurs est comment attirer la nouvelle génération des millenials ou Gen Z ?
Ils n’ont pas toujours le temps et la patience de lire un livre, un catalogue, de fréquenter un musée, etc. Ils sont moins avertis que la génération précédente et vont plus spontanément vers la figuration ou des œuvres qui mettent la technique en exergue au détriment de l’idée ou du concept. Mais cela fait partie de notre travail de pédagogie et de transmission pour leur montrer, leur expliquer, cela nécessite du temps et de nouveaux mécanismes.
Au niveau des artistes que vous représentez, quels profils ? quelles évolutions ?
Cela fait deux ans que l’on a intégré plus de premier marché à la galerie parce qu’au moment où je me suis lancé, les artistes que je me montre maintenant, étaient inatteignables à ce moment-là. Il fallait d’abord créer une réputation et un programme sérieux. Maintenant, on arrive à atteindre les artistes qui nous plaisent donc on commence à les intégrer.
Question plus personnelle : qu’est-ce qui vous a donné envie d’être galeriste ?
Ça s’est fait parce qu’au départ, je faisais des stages dans ma jeunesse pour gagner un peu d’argent dans la galerie Maruani Mercier à Knokke. Après mes études, j’ai continué et travaillé là-bas pendant sept ans en terminant directeur de la galerie de Bruxelles. De plus ma mère collectionnait, plutôt du moderne belge et m’a a attiré dans les musées et galeries depuis que je suis tout petit.
Infos pratiques :
Luxembourg Art Week 2025
Du 19 au 23 novembre
Glacis Square, Luxembourg
QG Gallery
Stand A 13, Main sector
Group show avec : William Nelson Copley, Alain Biltereyst, Cecile Bart, Robert Barry, Bernd & Hilda Becher, Nicolas Chardon, Frank Gerritz, Quentin Lefranc, Olivier Mosset, Georg Karl Pfahler
https://luxembourgartweek.lu/fr
Actuellement à la galerie (Bruxelles) :
Group show
Rue Saint-Georges 13, 1050 Brussels
https://qg-gallery.com/events/32







