Art-o-rama 2025 : Interview Annabelle Agbo Godeau, Alice Amati gallery (Londres)

Annabelle Agbo Godeau, I won’t dance (Don’t Ask Me) (2023)
Huile sur enveloppes en glassine
Courtesy l’artiste et Alice Amati

En cette rentrée qui s’annonce compliquée pour les galeries dans un contexte attentiste du marché, art-o-rama joue plus que jamais la résistance, soutenant l’émergence à travers de nombreux Prix et cristallisant des initiatives dans toute la ville de Marseille, devenue un aimant pour des artistes de tous horizons. Parmi les stands incontournables la galerie londonienne Alice Amati qui participe pour la première fois avec un duo show des artistes : Annabelle Agbo Godeau et Rike Droescher, toutes deux diplômées de la Kunstakademie et basées à Düsseldorf. 

Artiste pluridisciplinaire française, Annabelle Agbo Godeau explore la peinture, le dessin sur papier et l’installation pour construire des récits volontairement fragmentés, échappant à toute résolution linéaire. Au cœur de sa démarche : un jeu subtil entre dissimulation, révélation et transformation, à travers un travail minutieux de superposition et de stratification. A partir d’éléments issus d’archives, de photos de films, de clichés personnels ou d’images glanées, elle les réinterprète en les intégrant dans de nouveaux contextes. Son objectif : troubler les évidences, bousculer les associations, et inviter le spectateur à reconsidérer ses propres grilles de lecture. La question de l’identité et de l’ambiguïté raciale est au cœur de ses recherches. Annabelle a répondu à mes questions. 

Annabelle Agbo Godeau et Alice Amati, art-o-rama 2025 photo MdF

Quel est votre parcours ? 

J’ai étudié aux Beaux-arts de Paris et à l’Ecole d’art de Düsseldorf ou j’ai rencontré l’artiste Rike Droescher avec qui je suis exposée ici à Marseille.

Quels sont les enjeux de l’œuvre présentée ? 

L’œuvre s’intitule « I won’t dance (Don’t ask me) »/ Je ne vais pas danser, ne me demandez pas », une chanson que j’ai découverte dans un film de Fred Astaire. C’est une œuvre qui a déjà été présentée mais reste évolutive. Elle se base sur l’idée d’être entre plusieurs identités raciales, qu’est-ce que cette ambiguïté génère et comment cela a été illustré dans différentes œuvres : romans, films, paroles de chansons… un sujet qui continue à agiter encore les gens. Quand on a du mal à identifier quelqu’un, qu’est-ce que cela entraine comme réactions. 

Annabelle Agbo Godeau Burnt, 2025, Oil on canvas, Courtesy l’artiste et Alice Amati

Quelles sont vos sources ?

La majorité provient de films de toutes époques, de préférence très connus mais aussi de photographies. Les peintures ici sont surtout issues du cinéma. 

Quelle est la technique d’impression ?

Il s’agit d’huile sur papier ciré qui forme des sortes d’enveloppes dans lesquelles je peux glisser des éléments imprimés. S’y ajoute de l’aquarelle également.

Parmi les motifs : le caméléon ressort 

C’est un animal qui a la faculté de changer de couleur et cela rejoint certaines scènes inspirées du moment appelé le « passing » aux Etats-Unis, terme issu d’un roman et désignant des personnes qui ont une apparence ambiguë et prétendent être blanches ou noires selon le contexte afin de viser une meilleure acceptation sociale. De même avec le motif du poisson-chat traduisible en anglais par catfish or catfishing signifie sur internet avoir une fausse identité, se prétendre quelqu’un d’autre dans le but d’obtenir quelque chose. 

Annabelle Agbo Godeau Tionne, 2024, Oil on canvas, Courtesy l’artiste et Alice Amati

Comment avez-vous construit votre parcours à l’international ?

C’est à la suite de mon échange universitaire à Düsseldorf que j’ai eu l’opportunité de poursuivre mon cursus assez facilement. Ensuite j’ai décidé de rester sur place. 

Que signifie pour vous être exposée à art-o-rama ?

J’ai été plus exposée à l’international qu’en France, c’est dont une belle opportunité. J’ai obtenu tout de suite cette visibilité extérieure alors qu’en général c’est le contraire qui se produit pour les artistes. C’est seulement la 2ème fois que je viens à Marseille avec encore des choses à découvrir !

Depuis quand êtes-vous représentée par Alice Amati ? 

Je collabore depuis un an environ avec la galerie à la suite d’une exposition personnelle en 2024 intitulée « What have you done with her ? ». Nous avons fait plusieurs foires ensemble.

Lire en complément mon interview avec Alice Amati (lien vers)

Site de l’artiste :

https://agbogodeau.com

art-o-rama 2025 

www.art-o-rama.fr

Alice Amati gallery

27 Warren Street, London W1 T 5 NB 

https://www.aliceamati.com