Pol Mara, De jonge vrouw in de bleu jurk , 1969 signé et daté – au dos, Galerie Maurice Verbaet
C’est l’un des stands les plus grands et cohérents de FAB Paris 2024. La Galerie Maurice Verbaet dévoile les multiples facettes de la création belge des années 1945 à 1975 selon le prisme choisi par cet infatigable passeur et collectionneur. La directrice de la galerie Sibylle Cosyn revient sur les raisons de cette première participation parisienne autour de pièces phares entre Pop belge, surréalisme, abstraction géométrique et rapport à la matière. La sculptrice belge Tapta est mise à l’honneur. Si la collection avait été dévoilée au public français au musée du LAAC de Dunkerque en 2022 avec « Belgitudes », la proposition pour le FAB offre un besf of réjouissant. La galerie basée à Knokke-Le-Zoute va ouvrir en 2025 un grand espace à Bruxelles, tout proche du WIELS, dans le nouvel écosystème désormais incontournable : Espace Constantin Chariot, Fondation A, Galila’s P.O.C… En termes de foires, la galerie participe prochainement à Art Anvers, sa ville, et à la Brafa.
Quels facteurs vous conduisent à cette première participation à FAB Paris ?
Nous avions participé à plusieurs éditions d’Art Paris avant le Covid et nous souhaitions revenir sur la scène parisienne après quelque autres foires à Luxembourg et en Belgique notamment.
Quelle proposition pour ce retour au Grand Palais ?
Quelqu’un m’a fait une réflexion très juste à savoir que notre proposition reflète l’esprit de la collection de Maurice Verbaet. Il exerce sa passion depuis 50 ans et sa collection comprend près de 20 000 œuvres. Nous avons choisi le stand le plus grand possible afin de pouvoir tout déployer. La collection est principalement spécialisée en art belge d’après-guerre avec des exceptions comme le très beau Spillaert qui n’est pas à vendre, certaines pièces étant juste exposées selon une démarche de partage. Il y a aussi cette fascinante toile d’Alechinsky de 1958 intitulée « Le monde flottant » que nous avions à cœur de révéler, toujours dans cette démarche de rencontre avec le public.
Pol Bury, Plan mobile, 1953, Galerie Maurice Verbaet
Focus sur l’œuvre de Tapta, sculptrice et artiste textile belge
Nous mettons en avant un ensemble de l’artiste Tapta, artiste que nous présentons beaucoup en ce moment. D’origine polonaise, Maria Wierusz-Kowalski a fui son pays en 1945 pour venir s’installer à Bruxelles. Elle rentre à la Cambre dans l’atelier de l’art textile, seul ouvert aux femmes à cette époque. Elle part vivre ensuite au Congo avec son mari ingénieur, ce qui va influencer certaines de ses productions textiles, volet de l’œuvre non exposé. A son retour en Belgique, elle prend la tête de cet atelier qu’elle révolutionne entièrement. Elle sort la tapisserie du mur pour en faire un art à part entière et des œuvres en 3D. Elle est une pionnière dans ce sens. Elle a créé ce qu’elle appelle des « sculptures souples » en utilisant d’abord des cordes et d’autres expérimentations. Le public était invité à activer l’œuvre, s’y assoir, passer un moment. A partir des années 1970 elle a recours à des nouveaux matériaux notamment le caoutchouc et le néoprène. Ce matériau est comme un écran noir solide mais avec une certaine souplesse. Elle avait le surnom de la dame en noir et une forte personnalité. C’est ce qui est proposé ici avec cet ensemble de sculptures. Les petites pièces sont des maquettes, réalisées ou non.
Le surréalisme avec Marcel Mariën
Contemporain de Magritte il intègre le groupe de Bruxelles à l’âge de 17 ans. Il a réalisé beaucoup d’objets surréalistes dont certains collages érotiques qui font partie de la collection. Si le stand reflète la collection, la collection est toujours aussi le reflet d’une personnalité assez iconoclaste en ce qui concerne Maurice qui n’hésite pas à interroger les conventions.
Mi Van Landuyt, Spiegel, 1968, Galerie Maurice Verbaet
Le Pop version belge
Il nous a semblé intéressant de montrer le Pop art belge, ce mouvement connaissant une vraie actualité avec notamment l’exposition de la Fondation Louis Vuitton.
L’artiste gantoise Mi Van Landuyt rencontre Balder à l’Académie d’Anvers, et avec leurs amis ils fondent le groupe des «Nouveaux Rococo». C’est la seule artiste femme du groupe. Elle travaille avec le Plexiglas et joue des effets de transparence. C’était l’occasion de présenter les deux corpus d’œuvres à part égale.
Nous présentons aussi Pol Mara qui est plus connu, en tous cas en Belgique. Il se forme à l’académie d’Anvers et commence comme graphiste. Il met en scène les stéréotypes féminins tout en revendiquant une version personnelle du pop. Il est l’un des membres fondateurs du groupe G58 à Anvers.
L’artiste Cel Overberghe nous donne une variation des « Nudes » de Tom Wesselmann.
Cette sélection montre l’éclairage singulier de la Belgique face au Pop.
Jean Rustin
Maurice Verbeart a bien connu l’artiste et a créé la Fondation Jean Rustin. Dans la collection nous avons deux artistes français : Pierre Célice et Jean Rustin. Nous proposons des peintures et des dessins. Les corps sont toujours en tension dans leur propre isolement.
Léon Spilliaert, Sept femmes en noir, 1902-1903 Galerie Maurice Verbaet
René Guiette
Artiste anversois né en 1893, véritable autodidacte, il commence sa carrière d’artiste après la guerre. Il était très avant-gardiste et avait fait construire sa maison par Le Corbusier à Anvers, en 1926 ce qui était révolutionnaire à l’époque. Cela reste la seule maison de l’architecte en Belgique qui a pu être sauvée de la destruction dans les années 1960 pour être classée patrimoine de l’Unesco aujourd’hui. Guiette a connu plusieurs styles. Au départ il adopte la tendance cubiste pour évoluer ensuite aller vers l’art brut aux côtés de Dubuffet qu’il côtoie à Paris. Cet ensemble d’œuvres date des années 1950 autour du traitement de la matière. Les œuvres sur papier calque sont exceptionnelles et révèlent son intérêt pour l’art africain.
L’exposition et le catalogue « Belgitudes, 50 ans de passion du collectionneur Maurice Verbaet »
J’étais la commissaire de cette exposition au LAAC de Dunkerque avec Hanna Alkema. L’exposition s’organisait autour de 4 grandes parties qui sont comme un reflet de la collection. Nous avions une salle dédiée au pop (Evelyne Axel, Pol Mara, Louis Marie Londot..), à l’abstraction géométrique (Paul Van Hoeydonck, Pol Bury…) la figuration (Fred Bervoets, Roger Raveel..) et enfin la matière (Vic Gentils, Marc Mendelson) avec des œuvres Cobra. A l’extérieur nous avions placé une belle œuvre de Tapta.
Quelles ont été les expositions de la collection ?
La toute première a eu lieu au musée d’Ixelles en 2010 avec les œuvres d’avant-guerre. C’est après que Maurice Verbaet a décidé de vendre les œuvres d’avant-guerre pour se concentrer sur les œuvres des années 1945 à 1975.
Vous êtes à la fois une galerie et une collection
Nous sommes en effet une galerie très atypique avec cette collection qui demande beaucoup d’attention en continu. Une équipe d’une dizaine de personnes est entièrement dédiée à ce travail, avec en plus des personnes externes qui font de la recherche. Nous avons une personne dédiée à l’œuvre de Jean Rustin, de même pour Piere Célice et Tapta. Nous avons notre propre service de restauration et de menuiserie, ce qui nous permet de faire nos encadrements.
L’ouverture en 2025 à Bruxelles
Nos bureaux, les ateliers et le dépôt sont à Anvers où l’on est en train de créer un lieu de réception et d’exposition. Nous allons ouvrir un grand lieu en 2025 à Bruxelles, avenue Van Volxem. Le quartier est très intéressant et idéalement situé près du WIELS avec encore de grands espaces. Nous serons dans une ancienne ferronnerie de plus de 700m2, ce qui ouvrira un nouveau chapitre très stimulant.
Infos pratiques :
FAB Paris 2024
Grand Palais
Du 22 au 27 novembre
Tarifs
Plein 30 euros
Réduit 25 euros
https://registration.fabparis.com/Registration/event/tickets/lang/FR
En savoir plus :
Galerie Maurice Verbeat, Knokke-Le-Zoute
Maurice Verbaet Center, Anvers