Art-o-rama 2024 : Interview Nicolas Pincemin, Atelier Vis-à-Vis 

Nicolas Pincemin Edition Arboretum, 24 ex réhaussés à l’huile, édition Atelier Vis à Vis, 2024. (c) Nicolas Pincemin

Nicolas Pincemin retrouve le chemin dArt-o-rama pour cette 18ème édition non plus comme jeune artiste émergent (Show Room) mais avec l’éditeur Vis-à-Vis (Edition et design). Un chemin parcouru à Marseille, sa ville d’adoption qu’il a su apprivoiser recherchant la lumière après ses années d’études aux Arts Décoratifs de Strasbourg. Ses peintures volontiers hybrides jouent sur la perception du regard, questionnant la nature même de l’image. Des paysages à rebours du romantisme qui se trouvent parasités par des éléments perturbateurs qu’il considère au contraire comme complices. Si Nicolas regarde du côté de Gerhard Richter ou de Peter Doig, son maître reste Nicolas Poussin à qui il fait volontiers quelques emprunts..

Après l’obtention de son DNSEP à l’École Supérieure des Arts Décoratifs de Strasbourg, Nicolas Pincemin a choisi de vivre et de s’installer à Marseille. Présent dans des collections publiques comme le Fonds Communal de la Ville de Marseille ou le Fonds Régional d’Art Contemporain de la Région PACA, son travail a fait récemment l’objet d’une exposition personnelle au Centre d’Art Contemporain Chapelle Saint-Jacques, à la Maison du Livre du Son et de l’Image de Villeurbanne ou au Château de Ratilly en Bourgogne. 

Portait de Nicolas Pincemin dans son atelier photo Julien Magre

A quand remonte vos liens avec Art-o-rama où vous participez cette année ?

Ma toute première participation remonte à 2011 alors que j’étais un jeune artiste à l’occasion de «  Show Room » espace qui propose une plate plateforme à des artistes émergents de Marseille. Je reviens cette année avec l’éditeur d’œuvres d’art Vis-à-Vis. 

Quelles œuvres allez-vous proposer à cette occasion ? 

Je présente à leur invitation une édition scérigraphiée et rehaussée à la peinture, ce qui est mon travail premier.
Arboretum est une édition de 24 exemplaires, avec huit couleurs différentes, répétées chacune trois fois. 

Arboretum, titre générique de cette édition, est un lieu propice à l’expérimentation, il exprime la diversité́ des arbres peints. A l’instar de la régularité du motif, chaque arbre est unique de par le geste et la couleur. Il s’agit donc de déjouer le multiple en produisant une image originale.
Sur le stand seront présentés trois exemplaires différents, afin de montrer les nuances des rehauts à l’huile. 

Nicolas Pincemin, Arbre jaune, 2024, encre et huile sur toile, 80x100cm. (c) Nicolas Pincemin

Comment définir votre pratique, volontiers hybride ? 

Absolument. Ma pratique principale est la peinture même si je vais volontiers vers d’autres mediums comme la scérigraphie ou même la tapisserie. Ce sont des pratiques complices qui se nourrissent entre elles. Je traite essentiellement le paysage et les questions relatives à sa représentation. Le paysage est un formidable terrain de jeu pour moi.
La plupart du temps, je traite l’image de manière traditionnelle et objective. Mais à y regarder de plus près, le regard est emporté par des effets d’optiques et voyage à travers ces paysages boisés dans lesquels je place des éléments étrangers. L’acte pictural lest mis en scène par une fusion de l’abstrait et du figuratif. Je compose également avec des éléments abstraits qui viennent s’intégrer ou se superposer à l’image. Créant des plans ou soulignant des profondeurs, ces motifs réorganisent complètement la lecture, avec un effet réel de collage. 

La manière dont se conçoit une image sérigraphiée ou la tapisserie, va nécessairement influencer ma pratique de la peinture et le regard que je porte sur celle-ci. 

Du côté de vos sources d’inspirations, quels peintres regardez-vous ?

Le peintre allemand Gerhard Richter m’a beaucoup marqué dans mes années étudiantes et même auparavant. Je citerai aussi Peter Doig dont j’admire beaucoup les compositions et le travail de la surface en peinture. 

Si l’on regarde du côté des anciens, je pense à Poussin bien entendu et notamment dans l’édition que je présente à Art-o-rama, je reprends un arbre d’une de ses toiles. J’attrape ce motif dans ce qui devient une forme de citation.

Quelles raisons ont-elles motivé votre choix pour Marseille ? 

Après mes cinq années d’études aux Arts Décoratifs de Strasbourg en 2000, j’avais besoin de changer d’environnement. Pour un peintre, pouvoir profiter d’un peu plus de lumière n’est pas négligeable non plus !
Une partie de ma famille est originaire de la Ciotat, mon grand-oncle pianiste Pierre Barbizet vivait à Marseille, ce qui m’a permis de d’apprivoiser Marseille… 

C’était l’effervescence, le brouillement au sein d’un territoire très vaste et offrant plein de possibles, de choses à faire et à découvrir. 

Quelles rencontres ont-elles été décisives dans votre parcours ? 

Effectivement, comme tous les artistes, j’ai moi aussi eu des rencontres marquantes.
Tout d’abord, pendant mes études, depuis Besançon (ma ville natale) à Strasbourg: des professeurs de peinture allemands ou français comme Daniel Schlier ou Manfred Sternjacob (performeur). En arrivant à Marseille, j’ai rencontré le sculpteur Dominique Angel et suis devenu son assistant, ce qui pour un peintre n’est pas évident au départ. Depuis nous sommes amis et son point de vue est très appréciable. En 2015, j’ai fais la connaissance de Barbara Satres (ancienne co directrice de la galerie BEABA, directrice de l’Ecole d’art de Aix depuis deux ans). Sa connaissance de la peinture contemporaine m’a permis de porter un regard nouveau sur mon propre travail. Cela donne envie de faire bouger les lignes, d’aller plus loin, ce qui est nécessaire pour un artiste. 

Quels sont les lieux particuliers à Marseille que vous aimez fréquenter pour vous nourrir, vous ressourcer… ?

Je citerai bien entendu le Frac avec des préférences selon la programmation ce qui est plus d’ordre personnel. J’apprécie aussi le Mucem qui même s’il n’est pas identifié spécifiquement art contemporain, créé des liens et se nourrit d’autres sujets de société, ce qui est pertinent dans la mesure où l’art contemporain doit s’ouvrir à d’autres questionnements. Il y a aussi de nombreux lieux alternatifs, de galeries que j’affectionne comme SISI Club dans le quartier Longchamp, ou une autre jeune enseigne la Nave Va avec une programmation en peinture intéressante. Parmi d’autres. 

Quel a été le déclic, le moment pour devenir artiste ?

Presque depuis toujours (rires). En tous cas un bon moment ! Je pense autour de mes 15 ans où les choses se sont un peu précisées. J’avais besoin de dessiner et cela allait de soi même si le cheminement ne s’est pas fait du jour au lendemain. 

Si vous aviez des envies de projets, de collaborations, vers quoi iriez-vous ? 

Sans doute vers le décor de théâtre, un univers qui m’a toujours fasciné avec cette idée de concevoir une œuvre totale qui intègre aussi bien de la peinture, du décor, du son, des personnages 

Quelle sont vos prochaines actualités ?

Je participe à une exposition collective à la Urban Gallery en octobre 2024, sous le commissariat Atelier Vis à Vis. De plus je serai exposé à l’occasion de la réouverture de la Galerie BEABA en décembre 2024, date et lieu à définir (surprise !) 

Infos pratiques :

Art-o-rama 18ème édition

Ouverture de l’atelier :

9 rue Farjon 13001 Marseille

Du vendredi 30.08 au dimanche 01.09 de 9h à 12h.

http://www.documentsdartistes.org/artistes/pincemin/repro.html