Yasuhiro Ishimoto. Flow of People, 1999 © Kochi Prefecture, Ishimoto Yasuhiro Photo Center
Des personnes allongées sur la plage, des jambes d’adolescents devant un comptoir, des traces de pas dans la neige, le flou d’un visage capturé à la volée..c’est toute la magie en noir et blanc du photographe japonais Yasuhiro Ishimoto exposé par le BAL. Entre les Etats-Unis et le Japon son parcours très singulier depuis Sans Francisco où il nait en 1921 de parents agriculteurs de l’île de Shikoku, sa découverte de la photographie dans un camp d’internement mis en place suite à Pearl Harbour, sa formation au New Bahaus de Chicago et ses nombreux allers et retours au point d’être qualifié de photographe « visuellement bilingue », sont retracés dans un élégant parcours autour de 12 thématiques.
Jouant sur les préceptes de l’architecture nippone, la scénographie toute en fluidité et en apesanteur avec des cloisons révèle la grande modernité d’un artiste de l’expérimentation suivant l’enseignement de Moholy-Nagy à l’Institute of Design de Chicago.
Yasuhiro Ishimoto,Leaves, c. 1991 © Kochi Prefecture, Ishimoto Yasuhiro Photo Center
Après son apprentissage du dessin, il se tourne vers la photographie avec comme maitres Harry Callahan et Aaron Siskind. On l’encourage à sortir du studio pour se confronter à la rue. Les 169 tirages d’époque du musée de Kochi, partenaire de l’exposition retracent son évolution depuis ses travaux de jeunesse jusqu’aux séries de Tokyo. C’est une découverte pour le public européen alors qu’il fait partie de l’exposition New Japanese Photography au MoMA en 1974.Ishimoto est un jalon essentiel pour la génération suivante de photographes fondateurs de la revue Provoke en 1968, aventure éditoriale que le Bal avait retracée. En plus d’une très grande rigueur et précision géométrique il sait capter le passage du temps et le mouvement, les palpitations de la ville tout en se focalisant sur des détails : les masses, les textures, le jeu des ombres, les fragments des corps et des ciels…. Le concept du MA, de l’intervalle, de ce qui sépare et relie, irrigue tout son travail comme le souligne Diane Dufour directrice du Bal et commissaire de l’exposition entre l’Orient et l’Occident le vide et le plein, tradition et modernité. De même que la figure de John Cage qui déclare « La structure sans la vie est morte. Mais la vie sans la structure est invisible ». Un manifeste qui rejoint ses aspirations.
Yasuhiro Ishimoto. Katsura Imperial Villa, The New Palace and lawn, 1954 © Kochi Prefecture, Ishimoto Yasuhiro Photo Center
C’est avec le chapitre dédié à la Villa Katsura à Kyoto, résidence impériale que se révèle la quintessence de sa démarche. Ce joyau inspiré de Versailles qu’il immortalise en 1953 après 14 ans d’absence de son pays, est prétexte à une transposition moderniste aux sources de l’esthétique japonaise, inspirée du New Bahaus autour d’un jeu de quadrillage des lignes et d’une quête de l’épure, de l’abstraction graphique, magistralement mis en scène par la scénographie.
Ishimoto est à la fois un passeur et un esthète, véritable trait d’union entre ses doubles origines. Il est indispensable d’aller faire un tour au Bal !
Publication à l’occasion de l’exposition,
Ishimoto des lignes et des corps aux éditions Atelier EXB/ LE BAL, 216 pages, 55 euros, en vente à la librairie sur place.
https://www.lebalbooks.com/ishimoto
Commissaires : Diane Dufour avec Mei Asakura, curator au Ishimoto Yasuhiro Photo Center.
Infos pratiques :
Yasuhiro Ishimoto
Des lignes et des corps
Visites guidées de l’expo, programmation associée..
Tarifs :
- Tarif plein : 8 €
- Tarif réduit : 6 €
Horaires :
Mercredi 12h – 20h (nocturne)
Jeudi 12h – 19h (Fermeture de l’exposition à 18h les jours de BAL LAB pour laisser place aux événements de 19h à 21h)
Vendredi, samedi, dimanche 12h – 19h
Fermeture le lundi et mardi
6, Impasse de la Défense
75018 Paris
Jusqu’au 17 novembre