Jean BEDEZ 2019 Constellation-du-dragon_mine-de-graphire-sur-papier_65x40_c Jean-Bedez, Suzanne Tarasiève Galerie
Directrice du Château de Servières et du comité de pilotage de PARÉIDOLIE, Martine Robin nous dévoile les temps forts de la prochaine édition avec l’arrivée de Catherine David, qui succède à Jean de Loisy à la présidence. L’attrait grandissant pour la foire se confirme par la participation de nouvelles galeries et un public toujours plus nombreux. La Saison du dessin marquera aussi l’implication renouvellée de tout un réseau de partenaires. Dans un contexte global compliqué, Martine Robin veut croire en la capacité d’initiatives comme PARÉIDOLIE pour donner un vrai signal de soutien à la scène artistique. Elle a répondu à mes questions.
c_Jean-Christophe Lett
Marie de la Fresnaye. Avec quel état d’esprit préparez-vous la prochaine édition de Paréidolie ?
Martine Robin. Nous entamons avec cette onzième édition une nouvelle décennie !
Nous sommes donc dans une belle dynamique portée par l’arrivée d’une personnalité de l’art contemporain, Catherine David, notre nouvelle présidente qui succède à Jean de Loisy et vient renforcer l’équipe de femmes du comité de pilotage. L’attrait grandissant pour PARÉIDOLIE tient à sa configuration.
C’est un salon qui fait le choix de présenter uniquement 16 galeries, rigoureusement sélectionnées pour maintenir une échelle humaine.
Ce positionnement atypique, qui prend à revers la démultiplication des foires et leur gigantisme, fait la preuve d’un rapport à l’art optimisé.
Cette échelle conviviale facilite les rencontres, privilégie la qualité du regard et la découverte du travail des artistes dans les conditions les plus favorables à la présentation de leurs œuvres.
Nous sommes toujours très mobilisés dans la préparation du salon puisque nous réalisons absolument tout en interne ! Du montage des stands à la gestion de la restauration, en passant par l’organisation des navettes pour acheminer nos invités dans les lieux partenaires de la Saison du dessin. Chaque édition s’accompagne d’une nouveauté : dans les premières années, nous avons choisi de faire appel à des commissaires d’exposition pour élaborer une programmation de dessin vidéographique, nous avons ensuite invité des designers et même plus tard, créé un espace dédié au dessin érotique…
Aujourd’hui, il s’agit d’une toute autre option, puisque nous ouvrons un nouveau chantier et sommes ravis de pouvoir revendiquer une organisation plus responsable avec l’instauration de cimaises amovibles qui vont nettement réduire nos déchets et nous inscrire encore davantage dans une sobriété écologique.
Edi DUBIEN 2023_ST_aquarelle-et-crayon-sur-papier_65x50_c_Edi-Dubien-ADAGP Alain Gutharc Galerie
MdF. En ce qui concerne les galeries participantes : quel est le taux de renouvellement 2024 ?
MR. Nous sommes toujours très heureux d’accueillir des galeristes qui renouvellent leurs propositions et reviennent depuis plusieurs années maintenant comme les galeries Laurent Godin, Bernard Jordan, 8+4, Nadja Vilenne, Analix Forever, Éric Dupont ou Dilecta. Au-delà des liens qui se sont tissés avec les acteurs de notre territoire, cet intérêt renouvelé pour PARÉIDOLIE renforce le bien fondé d’un projet de salon consacré au dessin, choix soutenu avant tout par des professionnels de l’art contemporain. Ce salon est organisé avec le même soin que celui qui préside au montage de nos expositions, ce qui confère à PARÉIDOLIE une atmosphère et une qualité reconnues par tous !
Le salon jouit ainsi d’une renommée qui attire toujours plus de galeries. Aussi cette année nous aurons 6 nouvelles venues – Husk Gallery, Ingert, Florence Loewy, PJ, Stella Rouskova et Suzanne Tarasieve – et 3 galeries déjà sélectionnées par le passé et qui reviennent en 2024 – 22,48m2, Alain Gutharc, et Modulab –, ce qui tend à prouver encore l’attachement à notre salon !
MdF. La Saison du dessin : quels en seront les temps forts ?
MR. La diversité des partenaires qui s’inscrivent à nos côtés pour promouvoir la pratique de dessin des artistes de notre territoire est aussi très représentative de la spécificité de Marseille et de son territoire élargi. Les musées et institutions se sont associés à PARÉIDOLIE dès l’origine, tout comme des structures associatives, et aujourd’hui ce sont également autant de galeries privées que de collectifs d’artistes, qui tous se mettent à l’heure du dessin ! Cette disparité favorise un éclectisme dans la programmation voulu et revendiqué par tous et en premier lieu par notre comité de sélection, constitué de personnalités aux lignes artistiques très diverses, qui à partir d’une sélection ramassée, souhaitent offrir le panel le plus large possible, nourri de toutes les expressions du dessin contemporain d’aujourd’hui et qui naturellement se retrouve dans la Saison du dessin. Nous pourrons ainsi découvrir dans une trentaine de lieux partenaires, le travail de très jeunes artistes ou celui d’artistes confirmés comme Gilles Barbier chez Polaris, centre d’art à Istres. La mise en place de résidences croisées Nord/Sud entre Marseille et Amiens, dont les lauréats cette année sont Madely Schott et Rachid Boukharta, est un vrai soutien à l’émergence et à la découverte de nouveaux artistes. Avec le programme DÉJA, diplômés jeunes artistes et étudiants du réseau de l’École(s) d’art du sud, qui offre une visibilité au travail au sein même du salon, nous redoublons encore ce soutien à la professionnalisation des plus jeunes artistes.
Valérie SONNIER 2018-2024_Badeschloss_crayon-crayon-de-couleur-et-cire-sur-papier_131x210_c_Valerie-Sonnier, Nadja Vilenne Galerie
MdF. Retour sur l’exposition de Moussa Sarr au Château Servières : quel bilan ?
MR. Avec pour titre d’exposition « Bamboula », le ton est donné pour cet opus de Moussa Sarr (jusqu’au 6 juillet 2024) dont le travail engagé resonne particulièrement en cette période inédite que traverse notre démocratie !
Cette programmation nous fait prendre un risque, celui de conserver les traces et la force des performances que l’artiste a réalisées de façon inédite le jour du vernissage. Différents dispositifs permettent de réactiver ces temps de présence et d’interaction avec le public. Moussa les redouble d’ailleurs en étant très souvent au rendez-vous pour accompagner les visiteurs à la découverte d’un corpus d’œuvres qui traitent essentiellement de l’identité, de la différence, de couleur de la peau et de toutes les formes de rejet. L’initiation à l’art, la complexité d’appréhender l’art contemporain constitue un des axes forts de notre projet qui, je le rappelle, est né en 1988 dans un centre social faisant du Château de Servières une des premières galeries en France aux prises avec les enjeux de la démocratisation culturelle. Le travail réalisé par notre médiateur à partir de cette exposition a valeur d’exemple et devrait être au programme de tous les écoliers et lycéens pour les sensibiliser aux notions de tolérance, de respect et d’égalité. Au-delà de la question esthétique en jeu dans ce travail c’est la dimension sensible, forte et enveloppante malgré la frontalité du propos qui a valeur d’expérience.
MdF. Vous proposez un (beau) bouquet final : quels en sont les enjeux ?
MR. L’exposition « (beau) bouquet final » est le fruit d’un partenariat avec les Beaux-Arts de Marseille et plus précisément avec le programme du CFPI. Ce sont douze artistes, déjà diplômés d’une école d’art, qui trouvent à l’issue de cette formation, l’occasion d’exposer ( du 8 au 20 juin 2024) leur travail nourri par l’expérience d’une année en tant qu’artiste intervenant.
Et pour rester sur cette note positive, je dirais que nous attendons tous de cette onzième édition de PARÉIDOLIE qu’elle soit un véritable succès afin que le salon puisse continuer d’offrir ce temps de découverte attendu chaque année par près de 4000 visiteurs !
On peut aussi espérer malgré une tendance du marché de l’art au ralenti et une grande prudence des acheteurs, sauf peut-être pour les très grands collectionneurs, que des initiatives comme PARÉIDOLIE puissent avoir une action et trouver une autre forme de soutien au milieu de l’art contemporain et à ses artistes.
Infos pratiques :
PARÉIDOLIE, salon international du dessin contemporain
30 août au 1er septembre 2024
Saison du dessin