Emilia Genuardi : a ppr oc he, 7ème édition

Victoria Marques Pinto

Imminent Impression (VIII), 2019 Impressions pigmentaires, peinture acrylique appliquée à la main, collage et plastique trouvé.100 x 166 cm Pièce unique © Victoria Marques Pinto / Courtesy Black Box Projects

Sur les 15 artistes sélectionnés pour la 7ème édition d’ a ppr oc he, plus de la moitié sont nés dans les années 80 et 90, ce qui souligne une volonté de soutien de la jeune scène contemporaine française et internationale. De plus Emilia Genuardi, fondatrice et directrice du salon a créé l’association PROCHE qui apporte une aide morale et financière aux artistes et favorise une approche globale de l’écosystème des foires a ppr oc he et unRepresented. Elle souligne à quel point l’expérimentation photographique est une tendance forte qui repense les frontières mêmes entre les différents médiums. Emilia a répondu à mes questions.

Emilia Genuardi fondatrice et directrice d’a ppr oc he © Laurent Villeret


Avec quel état d’esprit envisagez-vous cette 7ème édition ?

Avec beaucoup d’excitation, et un peu d’appréhension, comme chaque année à cette période !

Chaque édition a son challenge. Dès la sélection des artistes, au choix des pièces, la scénographie. Le salon a ppr oc he, tout comme le plus récent unRepresented, offre non seulement une visibilité sur le marché, mais aussi des mises en contact personnalisées. Nous effectuons chaque année un travail très précis et ciblé envers chaque artiste sélectionné. Ces « cibles » sont bien évidement les collectionneurs, mais également des acteurs majeurs de la création contemporaine : directeurs d’institutions publiques et privées, éditeurs, journalistes, consultants en art.. C’est beaucoup de travail, qui va bien au-delà des 4 jours d’ouverture du salon.

Tomás Amorim
Monticolæ #5, 2023 Émulsion chlorobromure d’argent sur plaque de ciment blanc 30,5 x 40,6 cm Pièce unique
© Tomás Amorim / Courtesy
Galerie du Jour agnès b

Quelle est la répartition géographique et le profil des galeries ?

Avec plus de la moitié des artistes sélectionnés nés dans les années 80 et 90, la septième édition du salon met en avant la jeune scène contemporaine française et internationale. Sept galeries signent cette année leur première participation (la galerie Valérie Delaunay, Galerie S, la Galerie Écho 119, la Galerie XII, la Fisheye Gallery, la galerie Porte B et la galerie égyptienne Tintera), dont 6 françaises.

a ppr oc he s’ancre à l’international et accueillera six galeries étrangères (Tintera du Caire, Afronova de Joannesbourg, Analix Forever de Genève, Open Doors & Black Box Projects de Londres et la Galerie Bart basée à Amsterdam). Nous sommes cette année encore ravies d’accueillir Intervalle et la galerie du jour agnès b.. Enfin, le salon renouvelle son partenariat avec la résidence Picto Lab/Expérimenter l’image initiée par la Fondation Picto.

Jean-Vincent Simonet
Spider_Tactics_02_Nakano, 2023
Lures Intervalle galerie

Quel soutien des collectionneurs recevez-vous ?

Les collectionneurs ont répondu présents dès la première édition du salon.

La première édition d’unRepresented by a ppr oc he – nouveau rendez-vous dédié aux artistes non représentés en galerie et soutenus par des collectionneurs – fut un franc succès qui a provoqué de nouvelles rencontres. J’espère qu’un salon viendra nourrir l’autre.

Aussi, nous avons lancé depuis peu PROCHE, une association dédiée aux artistes contemporains, à la promotion et à la diffusion de leurs œuvres à travers une aide morale et financière aux événements et projets d’art contemporain en France et à l’international. PROCHE a également pour but de nourrir l’écosystème de nos salons a ppr oc he et unRepresented.

Que nous disent ces écritures expérimentales ?

Depuis sa première édition en 2017, le salon a ppr oc he s’attache à montrer les nouveaux et multiples langages de la photographie expérimentale. De l’essence même du medium photographique, né d’une expérimentation, au collage ou au photomontage, certains artistes en révèlent sa matérialité, entre sculptures et objets photographiques, alors que d’autres inventent de nouveaux procédés de créations. La frontière entre les différents mediums devient alors poreuse, il appartient au spectateur de déterminer où se cache la photographie parmi certaines œuvres.

À travers ses photomontages et collages, l’artiste koweitien Ibrahim Ahmed scrute les différentes facettes de la masculinité, ses traditions et ses représentations. Il s’agit également de collages dans l’œuvre du japonais Kensuke Koike, qui crée des pièces uniques en manipulant du matériel photographique vintage chiné, avec la philosophie singulière qui lui est propre de créer une nouvelle image composée uniquement d’elle-même. Entre collage et sculpture, Victoria Marques Pinto condamne l’empreinte environnementale que nous façonnons et réinterprète le paysage naturel en incorporant dans ses compositions peinture et objets en plastique trou- vés. Dans ses saynètes à l’imagerie naïve qui relatent de moments de sa vie et de situations imaginées, Vuyo Mabheka dessine, multiplie et colle de rares photographies de lui enfant et de son entourage.

Alors que la française Anne-Lise Broyer imagine un nouveau langage, brouillant notre perception en semant des zones troubles entre la photographie argentique et le dessin à la mine graphite; d’autres inventent de nouveaux dispositifs de création: Jannemarein Renout développe une technique permettant de générer des images photographiques à l’aide de scanners à plat modifiés qui réagissent avec leur environnement naturel, l’artiste hollandaise s’inscrit ainsi dans une recherche de l’imagerie du changement, de l’évolution du temps et des mouvements en continu. Laure Winants crée des procédés photographiques in situ pour révéler un univers vu par le prisme de la nature elle-même. Thomas Paquet, lui détourne le procédé photographique afin d’envisager le plan de projection de la lumière en trois dimensions. Enfin, Jean-Vincent Simonet expérimente une nouvelle matérialité : couleurs hallucinées, formes liquides et contours mouvants, ses photographies se rebellent et débordent vers une autre plastique, celle de la peinture.

Marguerite Bornhauser poursuit son exploration de la couleur et de la texture, puisant aux extrémités de la pellicule argentique des tons dont les scans, une fois superposés à des plaques de verre enduites de peinture, révèlent ainsi l’impact des variations de températures sur notre planète. Il s’agit aussi d’un jeu de texture et d’effets de matière dans le projet unique et expérimental de Sophie Zénon, qui retrace la chorégraphie du geste des émailleurs.

Majoritairement influencé par le paysage naturel et montagneux, les œuvres en relief de Tomás Amorim utilisent la lumière comme matière première et interrogent la matérialité de l’image. La pratique de Yoan Béliard s’appuie aussi sur la matérialité des images pour en révéler leur dimension tempo- relle, questionner notre rapport au temps et à l’espace. Les œuvres sculptu- rales inédites de Guillaume Chamahian divulguent une empreinte unique du passé et offrent ainsi une unité retrouvée à travers le temps.

Enfin, l’intime est au cœur du travail de la japonaise Sakiko Nomura : un érotisme délicat, une intimité offerte, une pudeur sensuelle révélés par des tirages argentiques solarisés uniques.

Quelles tendances observez-vous sur la scène photographique ?

Une tendance de plus en plus axée sur l’expérimentation ! En 2017, année de la première édition du salon a ppr oc he, les artistes qui expérimentaient le medium photographique étaient majoritairement des plasticiens. Aujourd’hui de plus en plus de photographes sont à la recherche de nouvelles matières et de supports, certains mélangent les mediums.

Concernant les sujets chers aux artistes d’aujourd’hui, et considérant que l’art contemporain a toujours été le reflet d’enjeux majeurs de la société, il n’est pas surprenant que le travail de beaucoup d’artistes soit axé sur les enjeux environnementaux (comme cette année à a ppr oc he les travaux de Laure Winants, Marguerite Bornhauser, et Victoria Marques Pinto), mais aussi politiques (Vuyo Mabheka, Ibrahim Ahmed,Guillaume Chamahian).

Les artistes :

01 Ibrahim Ahmed [KW] TINTERA [EG]

02 Tomás Amorim [BR] Galerie du Jour agnès b. [FR]

03 Yoan Béliard [FR] Galerie Valérie Delaunay [FR]

04 Marguerite Bornhauser [FR] Galerie Porte B. [FR]

05 Anne Lise Broyer [FR] Galerie S [FR]

06 Guillaume Chamahian [FR] Analix Forever [CH]

07 Kensuke Koike [JP] Open Doors [UK]

08 Vuyo Mabheka [ZA] AFRONOVA GALLERY [ZA]

09 Victoria Marques-Pinto [PT] Black Box Projects [UK]

10 Sakiko Nomura [JP] Galerie Echo 119 [FR]

11 Thomas Paquet [FR] Résidence PICTO LAB [FR]

12 Jannemarein Renout [NL] Galerie Bart [NL]

13 Jean-Vincent Simonet [fr] Intervalle [FR]

14 Laure Winants [BE] Fisheye Gallery [FR]

15 Sophie Zénon [FR] Galerie XII [FR]

Infos pratiques :

a ppr oc he

7e édition

9–12 novembre 2023

Le Molière

40 rue de Richelieu, Paris

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