Annette Giacometti, jalon essentiel de l’œuvre et sa mémoire, célébrée à la Fondation Giacometti

Vues d’exposition, © Succession Alberto Giacometti / Adagp, Paris 2023 photo © Institut Giacometti

« L’aventure, la grande aventure, c’est de voir surgir quelque chose d’inconnu chaque jour, dans le même visage, c’est plus grand que tous les voyages autour du monde ». Alberto Giacometti, 1962

La Fondation Giacometti fête en 2023 à la fois le centenaire de la naissance d’Annette et les 20 ans de l’institution. Comme le soulignait Françoise Cohen, directrice artistique de la Fondation lors d’un récent entretien (lien vers), Annette et Diego Giacometti sont des « satellites essentiels à l’équilibre de vie et de travail de l’artiste ».

Fille d’instituteurs suisses, Annette Arm rencontre Alberto à Genève à seulement 20 ans. Elle le rejoint à Paris 3 ans plus tard. Elle devient son principal modèle féminin de 1946 à sa mort. S’adaptant aux conditions spartiates de l’atelier-chambre de Montparnasse, elle poursuit son travail de secrétaire auprès Sadoul afin de faire vivre le couple. Bien que mariés ils restent très libres dans leur sexualité, autre constante de la vie de Giacometti. Curieuse, Annette participe à la vie intellectuelle d’alors et devient très proche de Michel Leiris avec qui elle posera plus tard les futurs jalons de la Fondation. Après le décès d’Alberto, elle se consacre entièrement à faire vivre son œuvre bien que n’ayant pas de formation en histoire de l’art. Elle en a la prescience. Elle ne vend rien et garde précieusement tous les objets et documents de l’atelier.

L’exposition « Annette en plus infiniment » sous le commissariat de Thierry Pautot retrace cette fascinante aventure intime, artistique et intellectuelle. L’accrochage est au cordeau.

C’est auprès d’elle que Giacometti met en place des solutions formelles très abouties en termes de nus, bustes, peintures. A partir du premier Nu peint réalisé d’après nature en 1946, toutes les figures féminines vont reprendre le canon de sa femme et la même attitude : immobile, les bras serrés le long du corps, hiératique. Même si la pose est semblable, ces portraits varient entre réalisme et quête de l’épure selon l’état d’esprit de l’artiste. Giacometti exécute une série de 8 bustes entre 1961 et 1965, cherchant à capter inlassablement le visage toujours changeant d’Annette comme dans le Buste d’Annette X caractéristique de sa vraisemblance. 

Si l’on se penche sur le portrait réalisé en 1962, il est emblématique. Giacometti en élimine la couleur et part du dessin pour construire l’espace à l’aide de lignes, noires ou grises. La figure se voit parée peu à peu d’auréoles denses. De même avec les yeux d’Annette dont les orbites creusées d’ombres vous fixent intensément. Le titre de l’exposition prend alors toute sa force.

Catalogue

Éditions Fage, Lyon et Fondation Giacometti, Paris
144 pages Prix de vente 26 €
Langues : bilingue français/anglais

Infos pratiques :

Annette en plus infiniment

Jusqu’au 27 septembre

Billets (ICI)

Tarif plein 8,50€., gratuit moins de 18 ans

https://www.fondation-giacometti.fr/