Sara Sadik Almanach23 Photo Rebecca Fanuel Consortium Museum
Après deux années impactées par la pandémie, la Biennale Almanach est de retour au Consortium Museum. Dans une optique de réduction de coûts et d’empreinte carbone, cette édition initialement prévue en 2020 a finalement lieu cette année, comme le souligne Franck Gautherot, l’un des membres fondateurs de l’équipe curatoriale. Comme chacun des responsables : Seungduk Kim, Stéphanie Moisdon, Eric Troncy il a apporté sa sélection d’artistes selon sa sensibilité et en écho à l’actualité. Le principe est simple : une salle, un artiste avec une exception concernant l’exposition de groupe Kleinplastik curatée par Franck Gautherot et Seungduk Kim.
Almanach 23
La peinture domine, ce qui rejoint l’une des tendances actuelles du marché. Des trentenaires déjà adoubés par des galeries pointues. On peut faire confiance au « radar » du Consortium Museum !
L’on remarque dans ce panorama la fascinante installation de Julien Ceccald (curator : Stéphanie Moisond), Marie-Antoinette à son balcon, revue par l’auteure de manga iconique Riyoko Ikeda (La Rose de Versailles), grande source d’inspiration pour l’artiste dès sa jeunesse. Une héroïne désespérée qui flirte avec le romantisme noir de nombreux avatars de l’artiste.
Giulia Andreani (curators : Franck Gautherot & Seungduk Kim) offre une mini rétrospective de son travail avec de nouvelles tapisseries exposées pour la première fois. Soulevant des pans invisibilisés de l’histoire, l’artiste redonne sa place à des femmes inconnues comme ces sculptrices aux Beaux-arts de Paris qui n’avaient pas accès pendant longtemps aux ateliers. Elle se saisit du gris de Payne comme le sépia d’anciennes photographies, jouant de la notion d’archive.
Sara Sadik (curators : Franck Gautherot & Seungduk Kim) que l’on avait découverte à l’occasion de Manifesta 13 Marseille, joue des clichés et stéréotypes liés au concept de son invention le « beurcore » : culture de la jeunesse des quartiers populaires issus de la diaspora maghrébine. Entre jeu vidéo, télé-réalité, univers de science-fiction, elle subvertit les codes pour inventer de nouveaux récits. L’impressionnante salle haute du Consortium est sa caisse de résonnance.
Artiste brésilien vivant à Berlin, Rafa Silvares (curator Eric Troncy) dans ses peintures aux accents Pop combine éléments liés au constructivisme mais aussi surréalisme, art optique, effets pyrotechniques, donnant une dimension vibratoire tout à fait inédite à la peintre.
A contrario, les petites peintures de l’artiste germano- japonais, Ernst Yohji Jaeger (curator Stéphanie Moisdon) toutes en sourdine entre Odilon Redon, Maurice Denis, les Nabis et certains mangas plongent dans une sorte de mélancolie entre Orient et Occident.
Changement d’ambiance avec Stefan Tcherepnin (curators : Franck Gautherot & Seungduk Kim) autour de ce qui ressemble à un crash automobile, mettant en scène deux créatures poilues, étranges et attachantes, inspirés du Cookie Monster de Sesame Street. Musicien, l’artiste a prévu un système d’enceintes évolutif qui réagit selon les modifications atmosphériques de l’environnement.
En contre point comme le souligne Franck Gautherot : Kleinplastik (traduction en allemand « petite sculpture ») commissaire de cette exposition collective sous le prisme de la sculpture et de l’abstraction dans le Paris de l’après-guerre jusqu’à l’art contemporain avec des redécouvertes de plusieurs artistes femmes comme Alicia Penalba ou Parvine Curie. La donation Granville au musée des Beaux-arts de Dijon avec des artistes comme Émile Gilioli, Étienne Hajdu a été également une source d’inspiration, précise Franck Gautherot. Le socle rappelle la table basse dans cette dimension domestique allouée aux objets. Un véritable cabinet de curiosité où s’entremêlent techniques et matériaux, notre œil cherchant à établir des filiations réelles ou fictives.
Sélection française, Partie II
Autre temps fort dédié à la collection autour de la scène française des années 1960 à 1990 après le cycle “New York: The Eighties”, soulignant de nouveau le rôle prescripteur du Consortium auprès d’artistes majeurs. Rappelons que la collection qui s’élève à 400 œuvres est constituée principalement à la suite de dons des artistes, témoignant d’un véritable compagnonnage, nombre d’entre eux ayant été montrés pour la première fois en France à Dijon. Claude Rutault par exemple dont l’œuvre À L’adresse est conservée en permanence sur la façade du bâtiment est régulièrement actualisée lors d’échanges avec d’autres institutions ou François Ristori et ses grandes toiles recto-verso suspendues au plafond impliquant une réaction du regardeur, comme nombre d’artistes de cette période. La question de l’auteur est également l’un des enjeux de cette génération.
A noter qu’en parallèle à l’exposition Sélection française, le Musée des Beaux-Arts de Dijon présente deux œuvres de la collection du Consortium Museum jusqu’au 11 juin 2023 : Bertrand Lavier et Marc Camille Chaimowicz.
Evènement à venir : l’ouverture de The Wing, espace confié aux artistes Joe Bradley et Tobias Pils. Ils ont prévu une exposition d’art outsider, leur dernière passion.
Un projet conjoint du Consortium Museum et du domaine de la Romanée-Conti.
Photo : André Morin
De plus, le Consortium qui a fondé en 2012 l’Académie Ponti avec le domaine de la Romanée-Conti ouvrira sa nouvelle exposition autour de la peintre GaHee Park le 2 juillet. Une exceptionnelle collaboration qui a donné lieu à 11 expositions monographiques d’artistes tels que Thomas Houseago, John Armleder, Wade Guyton…
Une très riche actualité donc, qui, comme le souligne Franck Gautherot, rappelle la volonté du centre d’art d’inventer de nouveaux modèles et d’assurer le rayonnement du lieu par-delà les frontières.
Infos pratiques :
Almanach 23
Sélection Française
Jusqu’au 17 septembre
Ouverture de The Wing le 1er juillet
Programmation à venir
– Torbjørn Rødland
Commissariat : Éric Troncy
– « They »
Exposition co-produite avec l’ECAL (École Cantonale d’Art de Lausanne)
Commissariat : Stéphanie Moisdon
Vernissage prévu le vendredi 27 octobre 2023.
