Entretien avec Joël Riff, commissaire, chargé de la programmation à La Verrière, Fondation d’entreprise Hermès

Vue de l’exposition« Chryséléphantine » de Marion Verboom ©Isabelle Arthuis/ Fondation d’entreprise Hermès

Joêl Riff signe sa première exposition à l’espace Bruxellois de la Fondation d’entreprise Hermès, La Verrière, sous le principe directeur d’un solo show augmenté autour de l’artiste française Marion Verboom. Composé comme un précipité à partir d’une généalogie de formes en devenir,  le panorama accueille d’autres signatures sous le régime des correspondances et affinités. Entre Richard Deacon, mentor de l’artiste pendant sa formation aux Beaux-arts de Paris, la figure tutélaire d’Henri Laurens, la peintre et amie Maud Maris, l’artiste Amélie Lucas-Gery ou le potier Tjok Dessauvage,  « Chryséléphantine » instaure une géométrie variable autour d’une communauté de gestes à partir de la question du socle, du fragment composite et ses possibles déclinaisons dans l’espace. Le titre renvoie à une technique d’assemblage d’ivoire et d’or pratiquée dès l’Antiquité dont les musées Royaux d’art et d’histoire de Belgique conservent une importante collection découverte par Marion Verboom lors de ses incursions dans la typographie de la ville en écho la mémoire familiale d’un aïeul flamand dont elle porte le patronyme, ancien flutiste du Théâtre de la Monnaie. Joël Riff revient sur le projet qu’il porte pour la Verrière auour d’une trilogie : arts visuels, décoratifs et appliqués et comment cette première occurrence s’inscrit dans les valeurs mêmes de la Fondation.  Il a répondu à mes questions.

Portrait Joël Riff © Vincent Ferrané

Que représentait pour vous La Verrière avant d’en devenir le commissaire ?

Ma toute première visite remonte au lundi 21 avril 2008, et j’ai ensuite pu y parcourir vingt expositions. J’apprécie les conditions que la Fondation Hermès permet au commissaire pour développer une vision dans la durée. Et cela, dans un bel endroit qui impressionne toujours par sa clarté et son volume. Au fil des années, La Verrière s’est aussi distinguée pour sa liberté de programmation. Son statut invite à sans cesse inventer son format. 

Comment l’exposition de Marion Verboom illustre-t-elle votre projet pour La Verrière ?
Justement, « Chryséléphantine » manifeste d’emblée un format d’exposition propre, et annonce combien il est possible d’échafauder ici de nouvelles expériences. Avec cette dynamique de solo augmenté, on s’autorise tous les plaisirs. Et comme le rappelle son titre, il s’agit d’associer différents matériaux et de nous enthousiasmer du composite jusque dans la conception-même du projet. Nos méthodes avec l’artiste sont en cela semblables.

Vue de l’exposition« Chryséléphantine » de Marion Verboom ©Isabelle Arthuis/ Fondation d’entreprise Hermès

Quels partis pris scénographiques vous ont-ils guidé avec l’artiste ?

L’accrochage découle de nombreuses conversations à l’atelier. Pour amorcer une collaboration, j’aime demander aux artistes à quoi je peux leur servir, quels sont leurs rêves, et « Chryséléphantine » en concrétise plusieurs. Depuis longtemps, Marion Verboom avait envie d’aligner ses Achronies. Ici, elles dessinent clairement la colonnade d’un temple. Aussi, l’artiste cherchait un moyen de montrer au public les moules qu’elle fabrique. Ils confient tant d’indices. Le temps de l’exposition, ils soclent. Puis l’ensemble de la disposition relève d’un jeu de supports. Qui soutient quoi ?       

Vue de l’exposition« Chryséléphantine » de Marion Verboom ©Isabelle Arthuis/ Fondation d’entreprise Hermès

Quels autres dialogues allez-vous opérer par la suite ?

L’ancrage du programme va continuer à embrasser arts visuels, décoratifs et appliqués. Je crois à l’évidence de ces choses qui par leur mise en présence, se nourrissent et s’épanouissent sous les yeux du public. Par la flagrance, on échappe au commentaire pour tout simplement montrer. La deuxième exposition inscrira le travail de la céramiste Anne Marie Laureys dans le monde de la sculpture, en voisinant un bronze d’Auguste Rodin.

Quelles synergies souhaitez-vous tisser avec la scène bruxelloise ?

La fréquenter depuis plus de quinze ans m’offre une belle familiarité avec la ville, dans laquelle je tiens aujourd’hui à pleinement m’inscrire. Bien-sûr, des artistes et personnalités installées en Belgique contribuent aux expositions, et c’est le cas pour l’ensemble du programme en place. Plusieurs structures et écoles d’art sont déjà complices de l’aventure. Et chaque publication propose une rubrique se promenant autour de La Verrière pour mieux en comprendre le contexte. Mais au-delà, je suis certain qu’en composant un projet exclusif en conversation avec son environnement, on sert sa communauté, en commençant par son voisinage.

Infos pratiques :

Marion Verboom

« Chryséléphantine »

Jusqu’au 22 avril

La Verrière,

Fondation d’entreprise Hermès

Entrée libre

Bd de Waterloo, 50 Bruxelles

Les expositions à La Verrière en 2023 | Fondation d’entreprise Hermès (fondationdentreprisehermes.org)

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