Décadrer les regards et mobiliser les consciences : la réponse de Man Ray à la propagande coloniale, Centre Pompidou

Décadrage colonial, images extraites du catalogue et de l’exposition Centre Pompidou

« Ne visitez pas l’Exposition coloniale. » En 1931, en réaction à l’ouverture de l’Exposition
coloniale internationale à Vincennes, les membres du groupe surréaliste dénoncent
la politique impérialiste de la France. L’exposition « Décadrage colonial » propose
de revenir sur ce chapitre singulier, et les imaginaires visuels générés à l’époque grâce
à la photographie, dont les usages connaissent alors un essor considérable dans la presse
et l’édition.

L’exposition explore, par le prisme de la collection du Cabinet de la photographie
et des documents de la Bibliothèque Kandinsky, les tensions et les ambivalences qui traversent
la production de la nouvelle scène photographique parisienne de cette période : fascination
pseudo-scientifique pour les cultures dites de l’ailleurs, fétichisation et érotisation des corps
noirs, participation au renouvellement de l’ethnographie ou encore contribution à l’élaboration
d’une nouvelle image de la nation…

« Se déplacer, vivre et expérimenter, en avoir la vision modifiée, c’est aussi cela qui fait changer.» Damarice Amao, historienne de l’art et commissaire de l’exposition

En réponse à l’Exposition coloniale de 1931, les membres du groupe surréaliste éditent des tracts et organisent avec une frange de la gauche radicale une contre-exposition intitulée
« La Vérité sur les colonies ». Si depuis sa création, le mouvement surréaliste a entretenu
des liens tendus avec le Parti communiste, l’engagement anticolonial est un champ
de convergence constant dont « La Vérité sur les colonies », réunissant objets, statistiques
et photographies, est le point culminant en ce tournant des années 1930.

En écho à l’événement, le photographe américain Man Ray réalise un « reportage » sur
l’Exposition coloniale sous la forme d’un bref cahier énigmatique. Restreint dans sa diffusion,
on y décrypte néanmoins une dénonciation puissante de l’artificialité et de la violence,
notamment sexuelle, du système de la colonisation. L’un des rares exemplaires, ayant
appartenu à Charles et Marie-Laure de Noailles, aujourd’hui dans la collection du Centre
Pompidou, est le point de départ de cette exposition.

Mis en perspective avec les enjeux historiques, sociaux et politiques de l’époque,
« Décadrage colonial » s’inscrit dans la continuité des projets d’expositions et de recherches
liés à l’acquisition de la collection Bouqueret en 2011, avec « Voici Paris », « Elle est moderne,
elle est photographe » et « Photographie, arme de classe ».

Catalogue

Sous la direction de Damarice Amao, docteure en histoire de l’art, est attachée de conservation au cabinet de la photographie du Musée national d’art moderne / Centre Pompidou. Elle a codirigé Photographie arme de classe (Textuel, 2018).

Avec les contributions de : Alix Agret, Patrice Allain, Anaïs Mauuarin et Lilah Rémy.


Format : 21 × 27 cm
Pagination : 192 pages
Relié
Prix public : 45€
Éditions Textuel / Éditions du Centre Pompidou

Infos pratiques :

Décadrage colonial

Galerie de photographies

Entrée libre

jusqu’au 27 mars 2023