Quand Chaumet sublime le végétal aux Beaux-Arts de Paris

La Maison Chaumet, « joaillier naturaliste», dont la création remonte à 1780, rassemble aux Beaux-Arts de Paris près de 400 oeuvres de provenance prestigieuse pour inviter le public à une déambulation naturaliste et botaniste où les arts se conjuguent au végétal à travers 5000 ans d’histoire. Complice de la Maison depuis plusieurs années, Marc Jeanson, commissaire et ancien responsable de l’Herbier du Museum d’histoire naturelle et directeur botanique du jardin Majorelle, à Marrakecha imaginé Végétal comme un herbier composé à partir des espèces présentes dans les créations Chaumet.

Créations joaillières, dessins, photographies et maillechorts– des maquettes de diadème composées d’un alliage de cuivre, nickel et zinc – mais aussi peintures, sculptures, textiles et mobilier, dessinent un regard croisé et interdisciplinaire non chronologique.

Anna Atkins
« Rhodomenia laciniata », dans Photographs of British Algae: Cyanotype Impressions, vol. II, 1841-1853
Cyanotype sur papier
34,5 × 28 cm
Paris, Muséum national d’histoire Naturelle
© Muséum national d’histoire Naturelle

Les plantes apparaissent ainsi au sein du paysage dans lequel elles cohabitent : la forêt, l’estran, la roselière, le champ de blé… Au fil des chapitres, le visiteur renoue avec les outils du botaniste, l’œil, le savoir et la mémoire. Face à ces objets de science devenus objets d’art et ces observations préliminaires d’artistes devenus botanistes s’ouvre un monde qui émerveille, guidé par l’émotion et le sensible.

Place des artistes femmes dans la botanique :

La multiplicité des regards de l’exposition permet d’inviter de grandes figures féminines qui gagnent à être (re)découvertes. L’impératrice Joséphine y tient une place à part. Fidèle de la Maison depuis 1805, la souveraine est aussi passionnée de sciences naturelles, au point d’être reconnue pour l’impulsion novatrice qu’elle a insufflée à la botanique et à l’horticulture.

Elle contribue à la renommée de Pierre-Joseph Redouté, à qui elle confie le soin de référencer
les espèces des jardins de Malmaison. Ce qui vaut à l’artiste d’être baptisé le « Raphaël des fleurs », ainsi qu’en témoignent ses roses, iris et pavots présentés dans l’exposition.


De la forêt d’Eva Jospin accueillant le public à la mise en notes imaginée pour l’événement par Laurence Equilbey / Insula orchestra, les œuvres de femmes habitent l’exposition : grappes de raisin de Séraphine de Senlis, varechs d’Yvonne Jean-Haffen, tulipes de Regina Dietzsch ou de Berthe Morisot, lys de Laure Albin-Guillot, œillets des sœurs Marthe et Juliette Vesque ou encore chrysanthèmes de Luzia Simons. Sans oublier ce bronze de Sarah Bernhardt dialoguant avec les cyanotypes d’algues d’Anna Atkins, membre de la Société botanique de Londres,
l’une des rares à accepter les femmes en 1839.

Une lecture plurielle du temps :

Portée par cette question de l’esthétique, l’exposition interroge la notion du temps. Celui de l’observation pour regarder et nommer la nature, le temps long du joaillier ou de l’artiste, qui se révèle dans l’échange entre la délicatesse d’une parure à feuilles de chêne et la force de l’arbre peint par Odilon Redon. Ou encore dans l’écho entre les fleurs de nymphéas
collectées sur la momie de Ramsès II, qui sont les plantes séchées les plus anciennes du monde, et un bracelet nymphéa de Jean-Baptiste Fossin des années 1830. Cette pluralité, née de l’essence même du végétal qui naît, s’épanouit et meurt, résonne particulièrement dans notre monde contemporain, constamment en mouvement.

Ce que montre la série d’iris de Patrick Neu, réconciliant l’éphémère et l’immuable. Les rapports
d’échelle concourent aussi à cette lecture multiple, à l’instar de la broche trèfle créée par la Maison en 1852 et de la Tapisserie aux mille-fleurs, du xvie siècle, mesurant huit mètres de long.

Après avoir traversé une grotte, puis une forêt, place à l’estran et ses mirages sous-marins. A l’étage dans les beaux volumes des Beaux-Arts l’hortus autour de vingt-trois espèces – rose, églantine, orchidée, lys, muguet, passiflore, jacinthe, lilas, pivoine… est un délice entre dérive sensorielle et passion taxinomique. Le Mille-fleur est le point d’orgue du parcours avec la somptueuse Tapisserie aux mille-fleurs, du xvie siècle, venue du palais des Vescovi, à Pistoia.

La transmission :

Mécène du cabinet de dessins et de la chaire Dessin Extra-Large, Chaumet est également impliqué dans la filière « Artistes et Métiers de l’exposition » permettant à ses étudiants de se former à la régie, à la scénographie, à la médiation et à tous les métiers relatifs à la présentation et à la diffusion de l’art. Cette filière permet à ses étudiants de prendre Végétal, dont la scénographie a été confiée à Adrien Gardère, comme cas pratique.

Les diadèmes de la Maison et certaines créations commandées par Joséphine sont parmi les incontournables.

Infos pratiques :

Végétal, l’Ecole de la beauté

Exposition payante ouverte au public sur
réservation. Du mercredi au dimanche,
de 12 heures à 20 heures, du 16 juin
au 4 septembre 2022.

Billeterie :

La billetterie responsable propose à chaque visiteur venant découvrir une exposition aux Beaux-Arts de Paris de choisir son ticket d’entrée parmi 3 tarifs : 2 €, 5 € ou 10 €.

https://www.beauxartsparis.fr/


sur www.chaumet.com