Décès de Sophie Lauwers, directrice générale de Bozar

photo : Jef Jacobs

Elle était l’une des personnes que j’avais interviewées pendant le confinement qui dégageait un rayonnement singulier et je salue son courage et sa force et partage la grande tristesse des équipes de Bozar.

Le dimanche 29 mai, Sophie s’est éteinte, entourée des siens, des suites d’une maladie avec laquelle elle vivait depuis de nombreuses années. Avec elle, Bozar perd une directrice expérimentée et une collègue inspirante. Jusqu’au bout, Sophie a continué à travailler pour notre maison. Nous garderons le souvenir d’une personnalité subtile vivant sa vie avec passion et beaucoup d’humour. Sophie puisait sa force dans la beauté, dans l’art, et la transmettait à son entourage avec le sourire.

Durant 20 ans, Sophie s’est investie corps et âme dans la vie de notre maison des arts, d’abord en tant que coordinatrice d’expositions, ensuite, à partir de 2011, comme directrice du département des expositions et finalement, ces derniers mois, en tant que directrice générale. Dès le début de son parcours, elle s’est employée à jeter des ponts entre art classique et art contemporain, mais également entre les arts graphiques et les autres disciplines. En tant que directrice des expositions, Sophie a mené son projet artistique selon trois axes essentiels : l’art ancien, les grands noms de l’art de la première moitié du XXe siècle et les artistes contemporains, qu’ils soient belges ou étrangers. Elle a également contribué à donner une nouvelle vie à la tradition des « antichambres » : la mise en perspective d’œuvres d’artistes contemporains au sein d’une constellation artistique plus vaste. Le succès des expositions Michaël Borremans, Keith Haring et David Hockney relève en grande partie de son travail. Sophie tenait à présenter les grands noms et les artistes plus confidentiels comme Jacqueline Mesmaeker, et jugeait qu’il était naturel d’accorder une attention égale aux artistes femmes.

Sophie considérait son mandat de directrice générale comme la pierre angulaire d’un travail d’équipe, un voyage à la croisée de ce que nous connaissons déjà et de ce qu’il nous reste à découvrir. Les artistes créent du lien, ils font acte de générosité et nous ouvrent les portes de l’imagination : voici trois aspects qui étaient au cœur de sa vision culturelle. Dans sa lettre de candidature, on pouvait lire : « Le Palais des Beaux-Arts de Bruxelles est l’institution qui m’a littéralement modelée. J’y ai appris à gérer la complexité, à y consolider mes convictions dans un monde en perpétuelle évolution et à rester efficace dans des circonstances changeantes tout en renforçant ma capacité d’adaptation. Par la prise de risque et la formulation de propositions, je n’ai jamais cessé de grandir et d’apprendre. J’ai également appris à avancer collectivement et à voir l’importance de la nuance, dans un monde où le consensus n’est pas acquis et où la diversité est une force, malgré toutes les frictions qu’elle peut parfois provoquer. »

Du 10 au 28 juin, le Palais des Beaux-Arts ouvre un registre de deuil public, conçu par Valérie Mannaerts. Chacun est invité à y écrire un mot d’adieu, tous les jours entre 10h et 18h. Les personnes souhaitant faire parvenir à la famille de Sophie un message de condoléances peuvent l’envoyer à l’adresse : Bozar/Sophie Lauwers – Rue Ravenstein, 23 – 1000 Bruxelles.

La continuité des différents services de Bozar est assurée. La gestion quotidienne se poursuit sous l’autorité du Comité de direction et du Conseil d’administration.

Le Conseil d’administration, le Comité de direction ainsi que l’ensemble du personnel de Bozar sont profondément affectés par cette disparition. Nous adressons nos condoléances les plus sincères à son époux, ses enfants, sa famille et ses amis. 

Relire mon interview avec Sophie le 18 juin 2020 : « Tout ce romantisme du monde d’après peut-il afronter l’épreuve du réel ? » (lien vers).

Actuellement à Bozar : Vivian Maier L’autoportrait et son double

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