Art Paris 2022, spring edition : Best of et green attitude

Anita Molinero, Christophe Gaillard galerie

Cela relevait d’un véritable pari de proposer une nouvelle édition printanière d’Art Paris après une première session en septembre mais Guillaume Piens croit en sa bonne étoile et il a raison. A quelques exceptions près, toutes les galeries ont répondu présent et pas des moindres… comme il le soulignait lors de son récent interview. Ainsi kamel mennour, Perrotin, Continua, Xippas, Max Hetzler, Praz-Delavallade, GB agency, Templon, Nathalie Obadia forment un panorama local et cosmopolite selon l’ADN de la foire qui fait la part belle à la création française avec le coup de projecteur signé Alfred Pacquement cette année (excusez du peu !) autour  « d’histoires naturelles » rejointes par la sélection d’Alice Audoin, fondatrice d’Art of Change 21. Ce préambule environnemental posé, qu’en est-il sur place ? Les allées de la foire se sont-elles verdies par opportunisme pour entrer en résonance avec le thème ou par une adhésion réelle ? Si ces enjeux sont variablement partagés, pour certains artistes ils renvoient à des modes de vie totalement alignés comme le conçoit Vincent Laval, premier artiste de ma sélection.

Vincent Laval, SONO galerie

Vincent Laval, SONO galerie (secteur Promesses)

Artiste, Marcheur, cueilleur, comme il se définit, Vincent Laval puise au cœur des écosystèmes forestiers son inspiration et sa matière première. La jeune galerie SONO lui offre un solo show et cette prise de risque est à saluer pour leur première participation à Art Paris. Il est en adéquation véritable. Diplômé des Beaux-arts de Paris et de l’Ecole Boule il allie plusieurs savoir-faires. Engagé auprès de l’association Forest Art Project et Francis Hallé pour la forêt, il reverse 5% de ses revenus artistiques à ces causes.

Mano Penalva Félix Frachon galerie

Mano Penalva, Félix Frachon galerie (Bruxelles)

L’artiste brésilien se saisit d’objets du quotidien tels que des sacs plastiques, bâches, qu’il sublime à partir de leur couleurs vives pour les agrafer ensuite et les relier dans des compositions qui empruntent autant à Fluxus, Duchamp qu’à Support Surface. Un art qui traduit les préoccupations liées à des situations sociales et politiques critiques avec une grande économie de moyens.

Odonchimeg Davaadorj , Backslash

Odonchimeg Davaadorj et Elsa Guillaume, Backslash

Pour sa première participation à Art Paris, Backslash revendique un stand 100% en prise avec ces défis écologiques et les figures des artistes Odonchimeg Davaadorj et Elsa Guillaume sont très inspirantes également. Eco-féministe, l’artiste mongole Odonchimeg Davaadorj qui a du s’exiler à 17 ans de son pays offre une vision sensible et onirique de la nature entre textiles et dessin. Elsa Guillaume a une fascination pour les fonds sous-marins qu’elle a exploré notamment à bord de la goélette Tara. Ses sculptures et céramiques célèbrent ses profondeurs et expéditions nombreuses de par le monde.

Lou Ros, galerie Romero Paprocki

Peintre autodidacte, ses paysages sont en prise avec les changements climatiques et l’impact de l’homme. Ses oiseaux souvent des espèces en voie de disparition sont la trace de son intérêt ornithologique.

Zanele Muholi, Galerie Carole Kvasnevski

Si l’on connait les grands autoportraits photographiques de l’artiste et activiste sud-africaine Zanele Muholi, elle propose de nouvelles œuvres (peintures et dessins) tout aussi engagées. Les stéréotypes liés à la représentation du corps noir sont désamorcés de façon à sublimer ces anonymes.

EVI KELLER, Matière-Lumière [Stèle] © Droits réservés, Courtesy Jeanne Bucher Jaeger, Paris, Lisbonne

Evi Keller, Jeanne Bucher Jaeger

L’artiste est à l’origine du phénomène de Matière Lumière et en a fait sa signature. Une expérience de transmutation que peut vivre le spectateur à partir de ses réflexions sur la cristallisation d’une image. Elle utilise de grandes toiles composées de films transparents recouverts de différents pigments sur lesquels sont projetés de la lumière. Selon un principe de fusion leur aspect changeant plonge du côté de l’alchimie. Une écriture secrète entre visible et invisible qui renvoie à un cheminement personnel de l’ordre du divin. Evi Keller fait partie de la nouvelle saison d’art de Chaumont-sur-Loire.

Anita Molinero, Christophe Gaillard

L’artiste qui bénéficie actuellement d’une remarquable exposition au Musée d’art moderne vient de rentrer dans la galerie. A partir de rebuts du monde industriel elle compose des environnements post apocalyptiques à base de brûlures, lacérations, concrétions…Dans une confrontation violente avec la matière ce travail de titan renvoie autant à la science-fiction qu’aux vanités du XVIIème siècle.

Kaloki Nyamai, Gallery 1957 (Londres, Accra)

Peinture, papier, toiles de jute, résidus entrelacent les histoires du peuple Kamba aux souvenirs familiaux de sa grand-mère musicienne au temps de la colonisation et sa mère qui travaillait dans la mode. D’origine Kenyane, la galerie a invité l’artiste à une résidence à Accra. Le passé et l’identité, l’espace et ce qu’il dit de nous, l’invisibilisation sont autant de sujets qui l’animent

Gert & Uwe Tobias Photo: Alistair Overbruck Courtesy des artistes et rodolphe janssen, Bruxelles.

Gert & Uwe Tobias, Rodolphe Janssen galerie (Bruxelles)

Nommés pour le prix Guerlain du dessin contemporain les frères Tobias nés eu Roumanie mais ayant étudié en Allemagne, peuplent leur œuvres de collages et d’emprunts au folklore de l’Europe du nord mais aussi à Malevitch, James Ensor, Munch, Goya, …dans un art du télescopage virtuose. La céramique, la gravure, le dessin, l’installation les possibles sont vastes pour ce duo.

Rakajo, Danysz galerie

Rakajo, Danysz galerie

Ancien Boxeur, révélation de l’école Kourtrajmé exposée au Palais de Tokyo, je l’avais interviewé à la galerie Danysz pour sa première exposition. Il nous livre de nouvelles œuvres dont Fondation qui est une réponse à une œuvre de Picasso visible sur le stand. Comme il aime raconter des histoires, il reprend le principe des primitifs italiens avec ces vignettes sur le côté qui racontent la vie des saints.

Noémie Goudal et Katinka Lampe, Les Filles du Calvaire

Noémie Goudal construit des leurres visuels à partir de différentes strates d’images dans des environnements naturels. Katinka Lampe dans des portraits d’inspiration des grands maîtres hollandais imagine des destins pleins de mystère et de silence.

Infos pratiques :

Art Paris Art Fair

24ème édition du 7 au 10 avril 2022

Horaires :

Ouverture au public:
Jeudi 7 avril 2022 : 12h – 20h
Vendredi 8 avril 2022 : 12h – 21h
Samedi 9 avril 2022 : 12h – 20h
Dimanche 10 avril 2022 : 12h – 20h

Tarifs :

Jeudi ou vendredi : 25 € / 15 € pour les étudiants et groupes
Samedi ou dimanche : 30 € / 18 € pour les étudiants et groupes

Grand Palais Éphémère
Plateau Joffre
75007 Paris

Billetterie 
https://www.artparis.com/fr