A. Edelfelt Coucher de soleil sur les collines de Kaukola 1889 1990 Helsinki Musée d’art de l’Ateneum, galerie nationale de Finlande © Finnish National Gallery/ Hannu Pakarinen
Qu’il est bon de se plonger dans ces paysages au grand air aux confins des mythes nordiques où la lumière dessine une sorte d’Arcadie, de paradis perdu pour ces deux chantres de l’âme finlandaise : Albert Edelfelt célébré par le Petit Palais et son disciple Akseli Gallen-Kallela par le Musée Jacquemart André.
Lumières de Finlande, Petit Palais
Si l’on commence par l’ainé, Albert Edelfelt, il intègre les Beaux-Arts de Paris après une formation à Helsinki et entre dans l’atelier de Jean-Léon Gérôme en 1874 même s’il saura plus influencé par Jules-Bastien Lepage, défenseur du naturalisme avec qui il expérimente le pleinairisme. Sa toile Le Convoi d’un enfant, Finlande exposée au Salon de 1880 est remarquée puis l’Etat français achète en 1882 le tableau Service divin au bord de la mer. Une consécration qui annonce le triomphe international avec Portrait de Louis Pasteur, sorte d’allégorie à la science et à la vie moderne qui lui ouvre les portes de cercles mondains. Sa carrière est à son apogée avec les commandes officielles de la famille impériale russe ou d’élégantes féminines dans le sillon des impressionnistes. La diva finlandaise Aino Ackté retient toute son attention dans deux portraits à la ville et à la scène. En parallèle à ces sujets parisiens (merveilleux Jardin du Luxembourg) Edelfelt se fait construire un atelier d’été dans la bourgade de Haikko où il trouve chaque année un refuge loin du tumulte de la capitale française. Il y retrouve ses proches : sa mère, sa femme, ses sœurs mais aussi la servante de la famille, toutes ses modèles ainsi que les paysans et les marins de sa terre natale. Des compatriotes, occupés à leur labeur quotidien (Les constructeurs de navire, Petite fille tricotant une chaussette..) pour qui il voue une véritable affection entre épiphanie crépusculaire, lacs, forêts et aspirations patriotiques.
Edelfelt diplomate devient l’emblème de la résistance de la Finlande face à l’impérialisme russe et sa toile Pêcheurs finlandais un véritable manifeste largement diffusé par les copies. Edelfelt se voit finalement nommé commissaire de la section finlandaise à l’Exposition Universelle de 1900. Un couronnement diplomatique international qui inspirera toute une génération dont Gallen-Kallela son suiveur, qu’il encourage et guide à son arrivée à Paris.
Mythes et nature, Musée Jacquemart André
Bien qu’ayant une reconnaissance internationale, Akseli Gallen-Kallela est fait chevalier de la Légion d’Honneur en France en 1902, il oscille toute sa vie entre un désir de retrait du monde dans sa maison atelier aux abords du lac de Ruovesi et le souci du partage et d’expériences avant-gardistes lors de ses voyages en Europe. Il est reconnu pour ses paysages enneigés pris dans les glaces et le silence qui contribuent à la diffusion de l’art finlandais hors de ses frontières. Des images féériques d’une nature sacrée et mythique imprégnée de symbolisme cosmique. S’y ajoute un art du cadre très japonisant de par la mode des estampes japonaises en Europe. Son œuvre devient de plus en plus ésotérique dans une grande fusion des cycles de la vie et de la nature sur fond du récit épique originel du Kalevala. On ne boude pas son plaisir devant ces grandes étendues immaculées d’une réelle intensité même si les salles n’offrent pas toujours le recul nécessaire.
Infos pratiques :
Albert Edelfelt (1854-1905)
Lumières de Finlande
Jusqu’au 10 juillet
Cycle de conférences, visites guidées..
https://www.petitpalais.paris.fr/
Gallen-Kallela
Mythes et nature
Jusqu’au 25 juillet
