Musée Guimet : carte blanche à Duy Anh Nhan Duc et YOGA

Duy Anh Nhan Duc photo Enzo Orlando

On se précipite au Musée Guimet, d’une part car la sublime carte blanche à Duy Anh Nhan Duc se termine dans quelques jours et d’autre part pour la nouvelle exposition sur le Yoga dans ses mystiques indiennes, soufies et perses.

Si le yoga est à la mode, ses sources et pratiques sont millénaires ! Le Musée National des Arts Asiatiques, Guimet, se penche notamment sur la figure de l’ascète dans une captivante exposition dans le bel espace de la coupole.

Récurrente dans l’Inde ancienne autant que contemporaine, la figure de l’ascète est
centrale dans de nombreuses manifestations de l’art indien. Elle illustre ainsi notamment le développement -pour se retrancher du monde- d’une discipline mentale et corporelle
appelée yoga. Dédiée aux représentations de l’ascétisme, cette exposition réunit un
ensemble de miniatures indiennes et de sculptures sur bois et bronze, du 10e
au 19e siècle.
En tout, 70 œuvres aussi précieuses que méconnues.
Fuir le monde apparait très tôt comme un idéal dans les multiples courants religieux qui
se développent en Inde. Cette aspiration au renoncement tient probablement à la
croyance en la réincarnation, perçue comme une souffrance dont l’homme cherche à se
délivrer. Celle-ci est liée à la causalité du karma – mot sanskrit qui désigne à la fois l’acte
et ses conséquences. Bonnes ou mauvaises, les actions de notre vie déterminent une
renaissance plus ou moins heureuse dans la suivante. Choisir la voie de l’ascèse devient
alors un moyen de réduire l’enchaînement des causalités.

Yogi pratiquant l’ascèse des « cinq feux » Panneau de char de procession
Inde, Tamil Nadu, 18e siècle Bois de teck 33,5 × 15 × 9 cm
Paris, MNAAG, don G. Jouveau-Dubreuil (1913), MG 16775 © RMN-Grand Palais (MNAAG, Paris) / Thierry Ollivier

Mus par cette aspiration, le bouddhisme et le jaïnisme ont associé ascèse et vie
monastique tandis que le brahmanisme a recherché l’équilibre entre vie mondaine et
renoncement, notamment à travers la pratique du yoga. Via la mystique soufie, l’islam
s’est également rapproché de ces traditions de l’Inde ancienne, comme l’illustrent les
artistes de la période moghole. Emmenée par les commissaires Amina Okada et Vincent
Lefèvre, l’exposition dévoile les manifestations artistiques liées à ces courants religieux,
à travers 70 œuvres issues des collections du musée Guimet, du musée du Louvre, du
musée Rietberg de Zurich, de la Chester Beatty Library de Dublin ou de fondations
privées….

Paris, musée du Louvre. OA7170.

Ascètes auprès d’un feu Page du Late Shah Jahan Album École moghole, vers 1640-1650
Gouache et or sur papier 36,7 × 25,2 cm Paris, musée du Louvre, département des Arts de l’Islam, legs G. Marteau (1916), OA 7170 © RMN-Grand Palais (musée du Louvre) / Mathieu Rabeau


Dans la pensée indienne, les sages divins (rishi) contrôlent l’univers par la puissance de
leur ascèse, assimilée à un feu ardent. Leurs représentations sont nombreuses, comme
en témoignent les gouaches sur or et papier du 17e
siècle de l’école moghole (Ascètes
auprès d’un feu), le panneau de char de procession en bois de teck, réalisé au 18e
siècle
en Inde, dans le Tamil Nadu (Yoga pratiquant l’ascèse des cinq feux).
Le hatha-yoga hérite de très anciennes conceptions concernant l’analogie entre espace
interne et univers, animés par un même souffle. Son terrain d’exercice est le corps des
signes ou « corps subtil » qui recèle une énergie divine, réveillée notamment par des
techniques vibratoires. Ces pratiques -qui remontent aux sources même du yoga- sont
ici illustrées au fil de multiples œuvres, dont le Corps subtil du yogi, gouache du Pendjab
des années 1800.
Dans les années 1550, Muhammad Ghwath Gwaliyari, éminent sheikh soufi, entreprenait
la compilation en persan d’un traité sur le yoga : le Bahr al-hayat (L’Océan de vie).
Conservé à la Chester Beatty Library de Dublin, cet ouvrage exceptionnel dévoile les
plus anciennes représentations connues des 21 postures de yoga (asana) décrites et
commentées.

Duy Anh Nhan Duc

De plus la carte blanche au plasticien vietnamien vivant à Paris, Duy Anh Nhan Duc propose une véritable immersion sensible et végétale que l’on avait admiré au Domaine de Chaumont-sur-Loire.

Il fait de la nature la matrice de ses œuvres, créant des installations poétiques à partir de matières qui le fascinent.

Pour le Musée national des arts asiatiques – Guimet, il imagine « Le Parloir des souhaits », une ode au pissenlit qui invite dans la rotonde du 4e étage autour de trois installations à renouer avec le vivant. L’artiste conçoit l’exposition comme un voyage initiatique qui appelle à expérimenter et vivre l’installation. Le pissenlit qui renferme en lui toute la puissance et la beauté du monde mais aussi sa fragilité, agit comme un révélateur de la situation écologique et sociale d’aujourd’hui.

De son enfance vietnamienne, Duy Anh Nhan Duc a conservé l’impression forte de jungles, qui peuvent assaillir intimement un petit garçon dans la luxuriance de la végétation et la montée des odeurs de terre. Exilé loin du jardin de son enfance, il renoue avec cet horizon perdu, en se concentrant sur l’harmonie géométrique de la flore. Observateur des cycles du vivant, Duy Anh a trouvé le meilleur moment pour les cueillir, sans les flétrir, et les éterniser en parterres. Il offre une étendue de rêves, défie le fragile.

Avec la complicité de la Maison Louis Roederer

Infos pratiques :

YOGA, Ascètes, yogis, soufis

jusqu’au 2 mai

Carte blanche à Duy Anh Nhan Duc

jusqu’au 7 février

Derniers jours !

Catalogue de l’exposition
Carte blanche à Duy Anh Nhan Duc
Une coédition MNAAG / RMN-GP
48 pages, 20 illustrations, 10 €

Tarif unique
Collections permanentes et expositions temporaires : 11,50 € (plein), 8,50 € (réduit)
Seconde visite gratuite dans les 14 jours qui suivent la date d’achat du billet.

https://www.guimet.fr/