Guillaume Piens, Art Paris Art Fair, Grand Palais Ephémère : un alignement des planètes au sein d’un renouveau parisien sans précédent !

Guillaume Piens – photo Chiara Santarelli @ NH COMM

A la veille de cette 23ème édition d’Art Paris Art Fair qui ouvre la saison parisienne dans le Grand Palais Éphémère, Guillaume Piens, Commissaire général, revient sur le contexte porteur de cette rentrée malgré la période traversée, les stratégies mises en oeuvre pour s’adapter à la nouvelle configuration de l’espace et faciliter la venue de galeries et amateurs étrangers. De plus, dans le cadre du focus sur la scène française orchestré par Hervé Mikaeloff commissaire 2021, une large place est donnée à la peinture figurative, un manifeste en soi.

Comme Guillaume Piens le souligne, l’audace que représentait le maintien l’année dernière de la foire, faisant d’Art Paris la seule foire au monde à avoir lieu en cette période, lui permet d’envisager avec sérénité ce nouveau chapitre qui s’inscrit dans ce qu’il qualifie d’une véritable renaissance parisienne. 

Quel est votre état d’esprit à quelques jours de cette 23ème édition qui ouvre la rentrée ?

Je ne voudrais pas être insolent même si je me sens en très grande forme, comme le titre Beaux-Arts Magazine avec le sentiment que toutes les planètes se sont alignées pour un succès à venir reposant sur un certain nombre de facteurs. Tout d’abord le fait que nous soyons les premiers à inaugurer le Grand Palais Ephémère, de plus une sélection très alléchante d’artistes, l’arrivée de galeries prestigieuses qui participent à d’autres foires prescriptrices, et enfin un contexte effervescent pour une ville comme Paris, qui connait, à mon avis, un renouveau culturel sans précédent. Autant de nouvelles réjouissantes pour pouvoir envisager cette 23ème édition sous les meilleurs auspices.

En quoi Art Paris participe-t-il à ce renouveau parisien ?

Il convient tout d’abord de souligner le travail entrepris par Art Paris et beaucoup d’admiration suscitée par ce geste de maintien de l’édition 2020, Art Paris devenant ainsi la seule foire physique au monde à avoir lieu à cette période. Un formidable élan donné à la foire qui récolte aussi les fruits d’un travail acharné depuis 2012 pour en faire un évènement de grande qualité. Ce travail intense et les circonstances expliquent donc un tel résultat.

De plus notre modèle de foire à la fois régional et cosmopolite avec 70% d’exposants français rayonnant sur le territoire européen, permet de dépasser un certain nombre de contraintes en temps de pandémie. Un modèle performant qui participe à ce renouveau de Paris amorcé depuis de nombreuses années par de nombreux acteurs impliqués.

Le véritable changement se note à mon sens dans le passage d’une culture d’état à des initiatives privées avec une émulation très bénéfique entre les deux systèmes à l’origine également de cette situation ultra dynamique. Si l’on se focalise souvent sur l’effet Brexit, ce n’est pas le seul facteur à expliquer cette renaissance, malgré un impact certain. Paris apparait ainsi non plus seulement comme une ville musée mais un lieu majeur pour l’art contemporain en Europe.

Kamrooz Aram GalerieMitterand

Le focus sur la scène française est orchestré par Hervé Mikaeloff, pourquoi ce choix et comment avez-vous engagé cette réflexion ensemble ?

Nous avons pour habitude chaque année depuis 2018 d’inviter un commissaire à nous livrer sa vision de la scène hexagonale, ce qui revient à un véritable parti pris de soutien à cette scène. Cela répond avant tout à un engagement critique, le commissaire proposant un thème porté par une sélection d’artistes et un important travail d’écriture : notice pour chaque artiste et préface, largement relayés. J’ai souvent constaté une dominante de communication au détriment de l’information alors que je trouve essentiel de donner aux galeries et aux artistes des outils comme ce texte critique bilingue français-anglais qu’ils peuvent réutiliser par la suite.

En ce qui concerne Hervé Mikaeloff notre entente a été immédiate autour du projet et cette résurgence de la figuration, d’autant que le sujet de la peinture en France a été difficile pendant de nombreuses années, même si cela change aujourd’hui. Il nous a semblé intéressant de dresser une certaine physionomie du portrait et de la figuration à travers une sélection qui agrège des artistes très connus comme Yan Pei Ming (galerie Thaddaeus Ropac) ou Marc Desgrandchamps (Lelong & Co) et plus émergents comme François Malingrèy (solo show galerie Le Feuvre & Roze) ou Rose Barberat tout juste diplômée des Beaux-Arts de Paris en solo show à la galerie Pact. Une sélection volontairement éclectique qui va donner différents axes de lecture de la figuration qu’elle soit très onirique comme avec Marcela Barcelo (Anne de Villepoix), ou plus en prise avec la condition humaine et l’épisode du confinement avec notamment les peintures de livreurs d’ Arnaud Adami (H gallery). Ces différentes façons d’aborder le portrait et ce retour à la peinture s’inscrivent dans un désir de réincarnation face à un monde de plus en plus virtuel.

Arnaud Adami H Gallery

Le secteur Promesses, réduit cette année est néanmoins maintenu, en quoi est-il emblématique de votre engagement ?

Même si ce secteur a dû être réduit par rapport aux années précédentes, l’espace du Grand Palais Ephémère étant beaucoup plus contraint, nous avons souhaité le maintenir. Il bénéficie du soutien de la foire avec une prise en charge à hauteur de 45% du stand des galeries, ce qu’il est bon de rappeler.  Ce secteur est selon moi emblématique de l’ADN d’Art Paris, à la fois régional et cosmopolite avec d’une part des galeries de provenance lointaine : Côte d’Ivoire avec Véronique Rieffel, ou pour la première fois, Guatemala avec la Galeria Rebelde et plus proches de nous : deux galeries marseillaises : la Double V gallery déjà présente l’année dernière et le Cabinet d’Ulysse dont c’est la première participation, sans oublier les galeries parisiennes comme Pauline Pavec ou 31 Project très tournée vers l’Afrique. Ce qu’il me semble intéressant est l’approche intergénérationnelle engagée par un certain nombre de ces jeunes galeries telles que le Cabinet d’Ulysse et Pauline Pavec. Cette nouvelle sensibilité et volonté de vouloir confronter les artistes à l’histoire et ne plus se concentrer exclusivement sur la création émergente est un phénomène particulièrement pertinent.

Le secteur Promesses devrait donc de nouveau réserver de belles surprises et découvertes.

Rebecca Brodskis Septième galerie

Comment ce dialogue intergénérationnel entre art moderne et contemporain s’inscrit-t-il dans votre volonté de dépasser certaines catégories en vigueur ?

J’y suis en effet très sensible et depuis de nombreuses années étant né dans le milieu de l’art. Il m’a ainsi été donné de constater au cours de mes nombreux échanges avec les artistes actuels leur rapport à l’histoire, ces multiples citations et linéages. Des linéages qui pour des raisons sans doute de marché, ont été gommées au profit de catégories telles que emerging, cutting edge artists, faisant abstraction du passé. Je trouve cela très dommage étant attaché à ce dialogue, ce qui explique pourquoi d’ailleurs je n’opère pas de sectorisation même si certains me poussaient à le faire.

Cette activation du passé par le présent est devenue essentielle.

En écoute :

Guillaume Piens @FOMO_Podcast

Hélène Bellenger, Younique galerie

Infos pratiques :

du 9 au 12 Septembre 2021

Grand Palais Ephémère Champ-de-Mars
Plateau Joffre
75007, Paris


En application des dernières décisions gouvernementales en vigueur concernant le Covid-19, un passe sanitaire (pour les adultes à partir de 18 ans) ou un certificat de test RT-PCR sont requis pour assister à l’événement.

Horaires :

Jeudi 9 septembre 2021 : 12h – 20h
Vendredi 10 septembre 2021 : 12h – 21h
Samedi 11 septembre 2021 : 12h – 20h
Dimanche 12 septembre 2021 : 12h – 20h

Tarifs :

jeudi ou vendredi 25 €

samedi ou dimanche 30 €


Billetterie :


Billetterie Art Paris 2021