Verrière de la Cour de l’ Intendant Hôtel de la Marine © Cédrice Bérieau-CMN-
L’Hôtel de la Marine, le Musée Carnavalet et la Samaritaine : trois lieux inscrits au patrimoine parisien pour différentes raisons et qui contribuent au rayonnement de la France, d’une certaine idée du savoir-vivre et de l’élégance, même si ces valeurs se perdent et que la ville lumière ne brille plus autant qu’au début du XXème siècle. Leurs réouvertures très attendues redonnent de l’optimisme après cette période anxiogène où la culture a été mise sous cloche.
L’Hôtel de la Marine : d’une commande royale à une relecture très contemporaine
C’est l’architecte du roi, Anne-Jacques Gabriel qui remporte le concours lancé par Louis XV –on dirait appel d’offres de nos jours – autour de la statue équestre de la place Royale. Deux palais sur la place de la Concorde sont ainsi prévus dans une fonction au départ décorative, puis le Garde-Meuble de la Couronne s’établit au 2 place de la Concorde et l’intendant Pierre-Elisabeth de Fontanieu y fait aménager ses appartements en 1772. Marc-Antoine Thierry de Ville d’Avray lui succède et fait procéder à certains aménagements dans le décor notamment. Puis l’Etat-major de la Marine y établit son quartier général avec l’ouverture d’un musée naval. Ce sont ces différents appartements et pièces d’apparat que propose la visite organisée par le Centre des Monuments Nationaux qui gère ce monument. Le projet d’exploitation visant à faire de l’Hôtel de la Marine un site emblématique de l’attractivité parisienne a convaincu pour son ancrage dans le prestigieux passé tout en regardant vers l’avenir avec des préconisation d’exploitation rentable à travers d’une part une offre de dégustation gastronomique –François Piège aux commandes- et d’autre part un centre de coworking au cœur du quartier de la Concorde. Clé de voute de cette démarche qui vise la mise en lumière des métiers d’art, le mécénat de la Fondation Al Thani qui exposera certains chefs d’œuvre de sa collection dans l’ancienne galerie des tapisseries, espace de 400m².
Si la France peut se targuer d’un patrimoine exceptionnel sa survie passe aussi par des soutiens extérieurs. Ne boudez pas votre plaisir lors d’une visite (plusieurs circuits proposés) ou le temps d’une pause au Café Lapérouse ou à la nouvelle boutique-librairie en accès libre. La Verrière de la cour de l’intendant signée Hugh Dutton Associés pesant 70 tonnes est une véritable prouesse technique et un régal du regard avec son effet de miroitement dû aux myriades de surfaces de verre dépoli. Une invitation à travers les siècles !
Le Musée Carnavalet : de plein pied dans la modernité
Même si les grévistes ont pris d’assaut ce nouveau symbole d’un renouveau parisien –une réalité que l’on doit prendre en compte-, la réouverture de ce monument après 4 ans de travaux était fort attendue. A cheval sur deux hôtels particuliers du Marais, le Musée qui rassemble 650 000 œuvres sur une surface totale de 3900m² est un véritable conservatoire de la mémoire de notre capitale, à tel point qu’il était difficile de s’y repérer entre artefacts historiques, mobiliers et peintures de la préhistoire à l’avènement du modernisme. C’est à présent plus lisible avec comme temps forts : les period rooms dont la chambre de Marcel Proust dans ses habits d’origine ou la salle de bal Wendel avec vue sur le nouvel escalier héliocoïdale. Pour couronner le tout, l’exposition Revoir Paris consacrée à Henri Cartier Bresson séduira les nostalgiques du Paris de Balzac ou de Zola.
La Samaritaine : un monument dans le cœur des parisien.nes
La mutation du quartier des Halles avec l’émergence de la Canopée, la nouvelle Poste du Louvre ou la Bourse de Commerce-Collection Pinault, se voit favorablement complétée par la réhabilitation du dernier né du groupe LVMH, le paquebot La Samaritaine. Après 16 ans d’un chantier titanesque parsemé d’obstacles, Bernard Arnault a inauguré sous une note festive avec Emmanuel Macron ce joyau de l’Art Nouveau français, moyennant un investissement colossal (budget de l’ordre de 750 millions €) couplé avec le futur Hôtel Cheval Blanc. Depuis la saga des époux entrepreneurs Cognac Jaÿ, le fleuron du Pont Neuf renait autour de ses bâtiments Art nouveau et Art Déco avec le très bel escalier classé rénové avec talent, de même que la fresque du dernier étage aux motifs de paons. Quant à la façade de la rue de Rivoli avec ses multiples variations de lumière elle est très séduisante. Signée de l’agence japonaise Sanaa elle annonce la passerelle et le jeu des espaces suspendus de l’intérieur du bâtiment. Outre la boutique Perrotin à l’effet kawaï garanti, de nombreuses offres de restauration sont proposées. Au-delà d’un tel raffinement, la clientèle super luxe sera-t-elle de nouveau au rendez-vous ? Les prochains mois nous le diront.