Guillaume Piens, Art Paris édition test de la reprise

Guillaume Piens portrait crédit photo : Chiara Santarelli

Edition de la résistance et de la résilience peut on dire également, devant la gageure que représente cette édition maintenue d’Art Paris au Grand Palais qui va une dernière fois briller de tous ses feux avant sa fermeture pour travaux. Si la formule digitale a fait ses preuves, Guillaume Piens a souhaité maintenir le cap par solidarité pour le marché comme il le souligne. Il revient sur cette période chaotique et incertaine qu’il a su traverser, ralliant au final 112 galeries provenant de 15 pays. Et même si certaines ont jeté l’éponge, de nouvelles ont décidé de relever le défi. Locale et régionale tout en assurant des connexions internationales, telle semble être la formule gagnante pour cette foire du monde d’après dont les contours sont loin d’être définis. Guillaume Piens a répondu à mes questions à quelques heures de l’ouverture.

Vous maintenez une édition physique d’Art Paris en septembre au Grand Palais, quels arbitrages vous ont permis de prendre cette décision ?

Cette décision n’a pas été prise à la légère : il y a eu d’abord une opportunité de créneau en septembre avec l’annulation de la biennale des antiquaires prévue au Grand Palais du 10 au 13 septembre. Il y a eu ensuite des sondages réalisés auprès de nos galeries et collectionneurs. Une majorité des galeristes nous a convaincu qu’il fallait absolument faire une édition début septembre après une interruption de plus de six mois de l’activité.

Fiona Rae, Abstract 1, 2019 Oil and acrylic on canvas, 2019 84 x 69 in / 213.5 x 175 cm Photography by Antony Makinson at Prudence Cuming Associates Ltd

« Un signe de résistance » et d’optimisme lancé en cette phase post confinement, combien de galeries ont-elles répondu à l’appel ?

Nous sommes à 112 galeries de 15 pays. Certaines se sont retirées et d’autres sont arrivées comme comme Perrotin, Yvon Lambert, Jeanne Bucher Jaeger, Gilles Drouault, galerie/multiples, Alain Gutharc ou Jean-François Cazeau.

#1- JR Finding hope, day view, Paris, France, 2020
Colour photograph, mat plexiglas, aluminium, wood (face
mounted) 180 x 132 cm Courtesy Perrotin Galerie JR

Le virtuel a été le grand gagnant de cette période, quel bilan faîtes vous dans ce domaine ?

Nous avons investi l’espace virtuel avec deux propositions :
Art Paris Digital by Artsy, une édition en ligne d’Art Paris sur la plateforme Artsy avec une preview les 25 et 26 mai pour les collectionneurs et une ouverture au public le 27 mai.
Art Paris Live sur le site artparis.com avec la mise en place d’outils numériques et de contenus pour offrir une expérience immersive et interactive de la foire : plan interactif, mini-site pour chaque galerie avec visite virtuelle en 3D des espaces des galeries parisiennes ou des stands modélisés en 3D sous la verrière du Grand Palais par OnlineViewingRoom.com dans lesquels le visiteur pouvait découvrir chacune des œuvres de façon détaillée.

Nous avons reçu beaucoup de compliments sur la qualité de notre édition numérique et l’innovation dont nous avons fait preuve.
Une centaine d’œuvre ont été vendues mais a des petits prix dans une fourchette allant de 2 500 euros et 15 000 euros.
Nous avons constaté une hausse importante du trafic sur notre site et sur ceux de nos galeries qui ont rencontré pour certaines un nouveau public

Ma conclusion personnelle : rien ne remplace la foire physique, mais le volet numérique agit en complément. C’est utile pour découvrir les galeries et leurs artistes et c’est devenu un moyen d’information essentiel pour les collectionneurs.

Rebecca Brodskis
Attrape moi si tu peux Septieme Gallery

Croyez vous en des changements durables suite à l’alerte lancée par cette crise ?

Oui tout à fait, La crise sanitaire nous renvoie d’abord aux questions existentielles profondes (la vie / la mort) et j’imagine que cela aura un effet sur l’esthétique et le goût : un désir de frugalité, moins de bling et de gadget, un recentrage sur les valeurs humaines et le partage.
A court terme, la crise économique qui en découle va provoquer la fermeture de nombreuses galeries, diminuer les budgets d’acquisition des collectionneurs et des institutions et donc affecter les foires.
Nous étions clairement dans une période de surchauffe : trop de foires, trop de biennales, trop de galeries et trop d’artistes. Nous allons être à la diète.

Du côté des foires, leur nombre va se contracter comme l’économie et la dimension locale et régionale va prendre encore plus d’importance : ce qui nous entoure, ce qui est proche de nous au détriment des voyages lointains et de l’exotisme. Je pense que les foires régionales comme Art Paris ont un avenir. Elle s’appuie sur un éco-système, dense et riche, nationale et local, de collectionneurs, fondations, musées, et galeries qui fait de Paris aujourd’hui l’une des capitales mondiales de l’art.

Les outils numériques vont devenir une fenêtre privilégiée pour accéder aux mondes et horizons lointains.

Quel a été votre mantra pendant cette période si chaotique et exigeante ?

Cultiver l’agilité et la frugalité, lutter contre la peur et chaque matin me dire qu’il fallait mettre un pied devant l’autre pour avancer.

Infos pratiques :

Art Paris

10-13 septembre

Tickets here !

http://www.artparis.com/