Elsa Sahal et les Extatiques 2020 !

Elsa Sahal, Sèvres-Cité de la céramique

Fabrice Bousteau commissaire de la 3 ème édition des Extatiques promet qu’elle sera
« éclectique, jouissive et colorée » des termes proches de la démarche d’Elsa Sahal (Ecole Nationale Supérieure des Beaux Arts de Paris 2000) qui aura une place majeure dans ce parcours en plein air élargi à la Seine Musicale.
C’est de sa résidence à la Borne (18), épicentre de la céramique, que l’artiste confirme être impatiente de dévoiler cette nouvelle œuvre et répond à nos questions. Elle dresse un bilan mitigé de la période et rappelle la grande précarité des artistes. Il est indispensable selon elle qu’ils se fédèrent pour obtenir un véritable statut dans un milieu digne du Far-West !

Le déconfinement change t-il quelque chose pour vous ?

Le deconfinement est une première étape mais ce qui changera réellement quelque chose pour moi ce sera la reprise de l’école de mes enfants. Or nous ne sommes pas prioritaires. Ce rythme de vie en confinement (travail / école à la maison / tâches ménagères ) sera le même encore pendant un moment hélas…! J’ai noté d’ailleurs que les chercheuses ont moins publié que les hommes pendant cette période.

Quel bilan faîtes-vous de cette période ?

C’est un peu tôt pour faire un bilan et malgré le déconfinement que vous évoquez, je ne me sens pas du tout « sortie » de la crise. Comme tout le monde, je trouve cette période très anxiogène. J’ai du mal à me rassurer avec un « jour d’après » plus juste.
Les artistes sont des précaires pour la majorité d’entre eux et cette crise va faire mal à une grande partie de la communauté artistique, même si ayant une galerie, ma situation est moins problématique.

Heureusement, j’avais deux projets qui me tenaient à cœur pour des événements qui viennent d’être confirmés cet été. Ces évènements étant en extérieur, ils ont été maintenus, contrairement à tous mes autres projets.

La première œuvre a été conçue en novembre bien avant le confinement, mais je pense que l’interprétation que nous en ferons sera complètement différente après cette crise sanitaire. Il s’agit dans le cadre de la 3 ème édition des Extatiques d’une œuvre sur le jardin terrasse de la Seine Musicale, une première donc. J’ai pu y consacrer tout mon temps libre. Intitulée Méandre et réalisée avec un dinandier elle cherche à traduire les circonvolutions d’un passé fossilisé, à partir d’un premier ensemble de sculptures imaginé pour l’Ambassade franco-allemande à Dacca (Bangladesh). Rendez-vous fin juin pour en juger sur pièce !

Delta, Elsa Sahal : 1% artistique, ambassade Franco-Allemande à Dacca, Bangladesh agence Eva Albarran & Co © Stéphane Paumier
Elsa Sahal, Les EXTATIQUES, 2020, La Seine Musicale, simulation 3D © JB. Lepeltier, Courtesy La Société Molle

D’autre part dans le cadre du Voyage à Nantes (cf notre interview avec Jean Blaise) j’ai une sculpture en grès de 3 mètres, Fontaine, qui va être installée Place Royale, un autre beau rendez-vous en perspective. Il s’agit d’une œuvre résolument féministe, une pisseuse, que la Galerie Papillon avait Exposée en 2012 aux Tuileries dans le cadre du programme Hors les murs de la Fiac.

Elsa Sahal Fontaine, 2012 Céramique émaillée 204 x 57 x 42 cm © Denis Amon
Courtesy Galerie Papillon

Le monde de l’art est-il prêt à changer vraiment selon vous ?

Globalement je ne pense pas que cette crise nous mènera vers un autre monde de l’art « meilleur ». Elle nous rend plus lucide sur nos actions et notre fonctionnement. Mais de là à changer quoi que ce soit ! Le monde de l’art va peut-être développer la vente en ligne comme l’ont déjà fait les autres secteurs, se recentrer un peu plus sur ses scènes artistiques locales, se réunir un peu moins souvent dans les grands rassemblements internationaux ( foires , biennales). Les initiatives de solidarité de la part de galeries m’apparaissent comme des opérations de com. C’est un milieu très compétitif, un far-
west ! Ce qui va changer, c’est que les galeries qui ont le moins de trésorerie ou de capacité d’endettement vont disparaitre.

Quelles mesures de soutien aux artistes vous semblent-elles pertinentes et nécessaires ?Les arts plastiques sont depuis longtemps dans l’angle mort des médias et des politiques publiques. Leur idée de faire intervenir les artistes plasticiens dans les écoles, ou celle de lancer des commandes publiques réservées aux artistes de moins de 30 ans, ne me semblent pas pertinentes, et c’est un euphémisme. On a besoin d’un vrai statut et d’un vrai projet. On a besoin d’être mieux organisés en tant qu’artistes. Je me suis enfin syndiquée !

Quelle a été votre 1ère envie de déconfinement ?
Voir ma mère et mes amis !

Elsa Sahal est représentée par la galerie Papillon

Les Extatiques 2020 :

3e édition du 26 juin au 4 octobre

https://parisladefense.com


Le Voyage à Nantes
Nouvelles dates : du 8 août au 27 septembre



Site de l’artiste
www.elsasahal.fr