Claire Gastaud : « Contre toute attente, nous avons conclu des ventes pendant cette période pour plusieurs de nos artistes »

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Claire Gastaud, foire Galeristes 2019

Pour notre premier témoignage de galerie en régions nous avons choisi Claire Gastaud à Clermont-Ferrand. Alors que la galerie devait participer à Drawing Now, Art Brussels et Art Paris ces foires ayant été ajournées, Claire Gastaud a dû imaginer d’autres stratégies pendant cette période. Elle insiste sur le potentiel du réseau de proximité et l’importance du rôle de la galerie. Elle reste confiante sur les capacités du marché à court et moyen terme. Elle a fêté les 30 ans de la galerie en 2016.

La galerie propose également des rendez-vous viewing dans son bureau-appartement du Marais où elle présente des accrochages régulièrement. Libre et spontanée, elle répond avec passion ne s’interdisant pas quelques détours…J’ai rencontré sa proche collaboratrice Caroline Perrin à l’occasion d’OVNI Festival Camera Camera qui a su me faire découvrir en profondeur l’ADN et l’engagement de la galerie.

Bureau parisien de la galerie Claire Gastaud, avec les œuvres de Dennis Oppenheim, Frank Stella et Henni Alftan


Quel bilan faîtes-vous de cette période très lourde pour les galeries avec les annulations des foires et autres projets en suspens ?

Après une période de sidération et d’inquiétude avec 3 foires annulées et autres dommages collatéraux, je me rends compte étant une personne positive, de l’importance de la galerie pour les artistes, les collectionneurs et également pour une ville et une région. Nous avons évidemment mis en place des viewing rooms et mailings pour finalement passer beaucoup de temps au téléphone et maintenir des rendez-vous. J’ai eu la chance pendant le confinement de vendre une très belle œuvre de l’artiste d’Alain JossEAU qui était prévue pour un musée américain et c’est finalement un collectionneur français qui l’a acquise.

J’ai pris conscience que même si nous réalisons presque 60 % de notre chiffre d’affaires en dehors de la région, à quel point les collectionneurs et notamment certaines entreprises de ma région suivent la galerie et la soutiennent.

A un niveau plus collectif, l’art s’est imposé comme essentiel pour les gens.  On ne pouvait pas traverser cette période de 2 mois très dure sans musique, films, danse… Les gens ont rempli leur vie d’art ! 

Henni ALFTAN « Face to face » 2019 Série « Déjà-vus » Oil on canvas Diptyque – Galerie Claire Gastaud

Quelle stratégie et priorité nouvelles émergent selon vous pour les galeries et le monde de l’art ?

Nous étions tellement déçus de ne pas présenter les œuvres prévues sur les foires que nous avons proposé 3 plateformes sur le site de la galerie , sur lesquelles il est possible de voir des œuvres reproduites, des œuvres in situ, avec les descriptifs et les prix pour chacune des foires : Drawing Now, Art Brusells et Art Paris.

Mais finalement nous sous sommes aperçus que nous passions beaucoup de temps à échanger au téléphone avec les collectionneurs.

On se rend également compte plus que jamais dans ce contexte de l’importance des galeries en termes d’accueil, de rencontre, de conseil, le tout gratuitement. Nos stratégies vont évoluer et même si nous allons continuer à participer à des foires, nous allons réfléchir un peu plus face au tarif excessif de certaines et le bilan carbone mais je ne rejette pas le concept qui a fait ses preuves. Il ne faut pas tomber dans l’excès inverse et renoncer à toutes les foires. En ce qui concerne la foire Art Paris en matière de remboursement des frais engagés, le Comité et Marion Papillon ont réagi très rapidement afin de trouver une solution et leur imposent à présent de trouver une solution sans quoi l’avenir de la foire est fortement remis en cause.


Coraline de Chiara « L’attente », 2017, huile sur toile, 200 x 300 cm courtesy the artist, galerie Claire Gastaud

Comment vos artistes ont-ils réagi et les avez-vous accompagnés ?

J’ai eu l’occasion de beaucoup parler avec eux, de me rapprocher de certains, et ils ont beaucoup travaillé même ceux qui avaient quitté leur atelier avec d’autres moyens, comme Coraline de Chiara qui a fait une magnifique série de cyanotipes. Je les ai beaucoup soutenus moralement en leur rappelant comme je le fais à longueur d’année, à quel point ils créent de la richesse. Finalement pour les artistes qui sont plutôt des gens confinés en général, leur quotidien n’a pas été complètement bouleversé. 

Alain Josseau, «The rope», 2019, crayon sur papier, 120 x 400 cm, courtesy the artist, galerie Claire Gastaud

En termes de reprise effective, quel horizon se dessine selon vous ?

Mon objectif est d’être en situation de trésorerie jusqu’au 31 décembre, que la galerie s’auto-finance et tout devrait rentrer dans l’ordre en 2021. Je ne m’inquiète pas pour le marché de l’art qui ne va pas être déstabilisé au niveau de la confiance. Les collectionneurs et passionnés d’art avec qui j’ai échangé ont encore plus envie d’art, ayant été frustrés pendant 2 mois. Je sens aussi une augmentation des achats patrimoniaux. Ce qui est sûr en revanche c’est que la crise économique va impacter certains collectionneurs dans leur possibilité d’achats. Nous allons avoir une chute de chiffre considérable mais nous aurons encore plus de dynamisme de projets sur 2021.

Jean-Charles Eustache « The dancers are all gone under the hill » courtesy the artist, galerie Claire Gastaud

Quel est l’impact de cette crise en matière de programmation ?

Nous ne savons pas encore ce qui va se passer cet été. Faut-il rester ouvert plus longtemps comme le préconisent certains pour rattraper le manque ? J’ai décidé de reporter l’exposition de Georges Rousse en septembre et nous avions une double exposition avec un de nos artistes Jean-Charles Eustache au Frac Auvergne qui a aussi été décalée. Nous proposons actuellement un accrochage des œuvres prévues pour les 3 foires à la galerie  et notre bureau parisien. A partir du 15 juin une exposition collective sur le thème de la NATURE avec des artistes emblématiques comme Nils-Udo, Tania Mouraud, Roland Cognet, Delphine Gigoux-Martin et de jeunes artistes de la galerie. Il est à noter que le Frac Auvergne s’est beaucoup engagé à nos côtés avec plusieurs acquisitions en phase avec les recommandations éthiques du Comité des Galeries d’art. 

Georges Rousse « Projet 24 », 2019 courtesy the artist, galerie Claire Gastaud

A titre personnel, quel a été votre premier geste de déconfinement ?

La première chose que l’on a envie de faire en Auvergne c’est de sortir dans les grands espaces, faire des balades à cheval au milieu des volcans !

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Galerie Claire Gastaud 

5 &7 rue du Terrail, Clermont-Ferrand

du mardi au samedi de 14 à 18 heures

www.claire-gastaud.com