Gabriel Kuri, Courtesy: the artist; Sadie Coles HQ, London; kurimanzutto, Mexico City, New York; Galleria Franco Noero, Turin; WIELS-Contemporary Art Centre, Brussels; Esther Schipper, Berlin Photo © Andrea Rossetti
-Sorted resorted
« Triage et retriage » tel est le titre de l’exposition que consacre le WIELS à l’artiste Gabriel Kuri né en 1970 à Mexico et vivant à Bruxelles. Abordant la sculpture sous la notion de valeur à partir de matériaux collectés et d’objets manufacturés du quotidien, l’artiste distille une critique de la société de consommation dans un parcours volontairement non chronologique par composants : matériaux de construction, papier, plastique, métal. Une peu comme une collection ou taxidermie dans une logique de recyclage de son travail. Plutôt audacieux !
Dans la première salle, « Donation box »donne le ton, une étendue de sable dans laquelle se cache mégots de cigarette et petite monnaie comme à la fin d’une journée sur la plage, pièces de monnaie que l’on retrouve par la suite dans « Broken line », ces pièces banales qui trainent au fond de nos poches, dont on se débarrasse à la sortie du métro pour les sans abris. Court circuitant les attentes commerciales et leurs stratégies, nos habitudes de consommation mondialisées et séquences de transaction ininterrompues, le côté conceptuel se révèle volontiers subversif sous une esthétique lisse et administrative. Un hommage à Broodthaers, le belge, chantre de la poésie du hasard avec un clin d’œil aux ready made duchampiens.
Catalogue en vente à la librairie. Avec les textes de Zoë Gray, Brian Dillon et Cathleen Chaffee.
-Open Skies
Cette exposition collective rassemblant 7 artistes émergents entretenant un lien avec la Belgique autour de la dictature de la transparence qui règne sur notre société. Se trouvant à un moment décisif de leur parcours, le WIELS tient à les soutenir dans leur démarche.
D’entrée de jeu l’installation vidéo de Toon Fibbe « Too big to fail, too small to notice » met en scène l’artiste dans une scène de traders pour qui les chaussures s’inscrivent aussi dans une logique de compétition. En parallèle à ces sonorités de house music, des vues de Google Earth soulignent la position stratégique de Bruxelles dans la cartographie du trading haute fréquence européen avec ces tours de transmission privées encore plus rapides que les câbles à fibre optique fixées sur des points culminants comme le signal de Botrange en Belgique. Toujours plus haut ! Puis l’on accède à la salle suivante par la façade en bois de l’artiste Jelena Vanoverbeek qui est une reconstitution monumentale d’une vitrine anglaise du XIXème siècle, dont les fenêtres sont fermées et remplacées par des expressions argotiques populaires simplistes et accrocheuses. De l’autre côté, une affiche publicitaire adressée à un public féminin vante les mérites d’un matelas. A travers ces allers et retours temporels, l’artiste se penche sur le publicité de façade et ses mécanismes sous jacents, disparue à présent face au flux instantané d’images dans l’espace public.
Emmanuel Van der Auwera se penche sur le phénomène des révélations en ligne, encouragé par les starisations de YouTube ou autres avatars digitaux. Leander Schönweger dans une installation labyrinthique dans laquelle nous sommes invités à pénétrer joue sur un côté Alice au pays des Merveilles assez vite anxiogène, tandis que Naïmé Perrette a conçu des vinyles translucides à partir des vues de Google Earth ou Street View, images politiquement neutres mais dont la distorsion interroge. Luiza Crosman dans une installation multimédia spécialement conçue pour l’exposition est partie d’une enquête réalisée auprès des équipes du musée sur leur vision organisationnelle du lieu pour dessiner une cartographie de l’espace et du territoire qui l’entoure en lien avec ses recherches sur le féminisme et les technologies de l’information.
Dernière œuvre à ne pas manquer dans le belvédère, celle d’Helen Dowling la vidéo « The Queen of lemons » tournée au musée d’art et d’histoire de Bruxelles qu’elle couple avec une sculpture africaine, une scène dans un Starbucks, un jeune mannequin s’entrainant sur un trampoline, le tout sur la bande son de « P.I.M.P » le tube de 50 cent, Get rich or dye trying (album). Il est ici question de genre, de projections réductrices, de fantasmes, à l’ère du tout digital comme une forme de résistance à ce ciel au dessus de nos têtes ouvert aux programmes de l’OTAN à la surveillance généralisée : Open Skies (nom du traité). Magritte et son azur parfait devenu une marque de fabrique bruxelloise avait en son temps peut être préfiguré ses orages sous des nuages aux formes dissonantes ! Une visite s’impose au WIELS.
Infos pratiques :
Gabriel Kuri, Sorted Resorted
Open Skies exposition collective
jusqu’au 5 janvier 2020
Programmation associée de rencontres, conférences, films..
WIELS Centre d’Art Contemporain
Avenue Van Volxem 354
Bruxelles
Ouvert: Mardi au dimanche, 11:00 – 18:00
Nocturnes : chaque 1er et 3ème mercredi du mois jusqu’à 21:00
Fermé : lundi La terrasse en toiture (panorama) est accessible sans billet d’entrée pendant les heures d’ouverture
Tarifs
10 € Visiteur individuel
7 € Enseignants, seniors (+60), groupes (> 10 pers)
4 € Etudiants (18+), groupes scolaires, chercheurs d’emploi, moins valides
Organiser votre venue : Visit.Brussels, Thalys