FIAC 2019 en apesanteur !

En attendant le Grand Palais éphémère pour 2012 au Champs de Mars qui semble séduire tout le monde, d’une superficie de 10 000m² signé Wilmotte dans une même ligne visuelle, la 46ème édition de la FIAC a ouvert sous les meilleurs auspices. Plus internationale que jamais, les français sont tout de même présents à la hauteur de 26%. Jennifer Flay souligne un cout des stands en légère baisse favorisant de nouveaux venus et l’usage de matériaux recyclables. Mais 199 exposants c’est un tour de force ! Une seule visite ne suffit pas.

Un Hors les murs aux Tuileries avec 23 artistes de haut vol (Tomi, Ungerer, Lois Weinberger, Shana Moulton, Sylvie Fleury..), la place de la Concorde colonisée par Jean Prouvé, Odile Decq et Carlos Cruz-Diez et l’emblématique citrouille de Yoyoi Kusama pour la place Vendôme.

Vue du stand Esther Shipper

FIAC projects au Petit Palais par Rebecca Lamarche-Vadel (commissaire de la prochaine Biennale de Riga) avec dès l’avenue Churchill les barbes à papa de Viven Roubaud (In Situ) puis au Petit Palais, Johan Creten, Sylvie Fleury, Alicja Kwade Nicolas Lamas, Erik Dietman, Kiki Smith, Nina Beier, Laure Prouvost, Abraham Poincheval (armure de destrier), General Idea ou Thu Van Tran, superbe pénétrable.

Galerie Art concept (Paris)

Après avoir siroté la bière très épicée du nigérian Emeka Ogboh (Imane Farès) devant la série de photo sur bâche d’hommes et femmes noirs arborant « Quand il y en a un ça va » on se dit que les messages sont engagés et politiques. « Moins de pétrole et plus de valeurs» comme le scande l’artiste thailandais Rirkrit Tiravanija chez Chantal Crousel. Tomas Saraceno déroule aussi ses puissantes tentacules chez Esther Shipper. La cause de l’environnement a bien toute sa place ici.

Laure Prouvost FIAC Projects

La galerie Perrotin nous accueille avec l’environnement très domestique de Genesis Belanger qui à partir d’un environnement de salle de bain en céramique semble dessiner un portrait de nos obsessions et culte de l’hygiène. Superbe « Nœud sauvage » d’Othoniel également.

La berlinoise Neugerriemschneider créé la surprise avec un ensemble exceptionnel de Andreas Eriksson. Chez Lelong c’est un majestueux Tapies qui frôle les records.

A noter chez Gagosian le retour du moderne avec un stand « French Riviera » en hommage à la Villa Santo Sospir à St Jean Cap Ferrat, customisée par Jean Cocteau dans les années 1950. Picasso, Matisse, Léger, Giacometti, Man Ray, Edward Quinn sont convoqués.

Galerie Perrotin, FIAC

Nombreux solo ou duo shows parmi lesquels on remarque :

Eminem à son petit déjeuner (Sadie Coles) qui transforme tout son stand en cinema box pour la vidéo « True Life » d’Alex Da Corte. Un superman entouré de ses céréales préférées. Brouillant les sphères du bon goût et de la téléréalité il offre une vision dont le côté soit disant aseptisé cache un redoutable sens aliénant.

Soft Opening, Gina Fischli

Martial Raysse fait un come back très remarqué chez Dominique Lévy et Brett Gorvy (1ère participation) avec cette fresque de plexi en mouvement commandée par la princesse Aga Khan, ultra pop !

Signé Eva (303 NY). Eva Rothschild née à Dublin et basée à Londres, représente cette année l’Irlande à la Biennale de Venise. Elle mixe les codes de l’artisanat avec le minimalisme dans une certaine vision du cosmos.

Hunt Katsner gallery (Prague)

Kiki Smith chez Pace à point nommé avec la rétrospective à la Monnaie de Paris.

Idem pour Joseph Tang avec Daiga Grantina exposée au Palais de Tokyo en 2018 qui a représenté la Lettonie à la Biennale de Venise.

Outtara Watts l’ami de Basquiat chez Cécile Fakhoury qui donne un cap africain à la foire, effet Africa 2020 ? Fabienne Leclerc avec la nigériane Otobong Nkanga (Biennale de Venise) et le béninois Meshac Gaba s’inscrit dans cette mouvance. Magnin-A dont c’est la première participation met en avant les très caustiques Chéri Samba et Romuald Azoumé.

galerie Joseph Tang

Le peintre croate Julije Knifer chez Frank Elbaz : l’expérience du rythme. A partir du contraste noir et blanc et de la verticale, selon une réduction de moyens, l’héritier de Dada s’inscrit dans cette abstraction qui regarde du côté de Morellet autant que des grands américains.

L’iranien Ardeshir Mohassess (Dastan’s Basement, Téhéran) 1ère participation. Régulièrement en proie à la poursuite d’un système et dénonçant l’ère du Sha, son portait au vitriol fait mouche.

Elsa Sahal

Dans les galeries supérieures, l’on retient :

Jousse Entreprise avec le peintre allemand Tim Eitel et son ultra moderne solitude.

Autre solo par Christophe Gaillard et la facétieuse Hélène Delprat qui révèle tout son talent.

Duo show de la galerie Papillon qui fait son retour avec Erik Dietman (installation magique au Petit Palais) et Elsa Sahal fidèle à la céramique très sexuée.

Marcel Alix pour son subtil jeu de correspondances entre Laura Lamiel, Liz Magor, Charlotte Moth ou Gyan Panchal.

La galerie Allen avec Mel O’Callaghan « Respire, respire », Trevor Yeung (Biennale de Lyon), Linus Bill +Adrien Horni nous invite à aller au delà des apparences dans une savante mise en abime.

Mor Charpentier avec des enjeux géopolitiques forts chez Lawrence Abu Hamdan, Teresa Margolles ou Bouchra Khalili, contrebalancés par l’art du trompe l’œil chez Théo Mercier ou Liliana Porter (solo show à la galerie).

Florence Loewy se penche sur la figure de William Wegman, le poète du Village Voice connu pour son chien légendaire qu’il nomme Man Ray. En dialogue avec Francesc Ruiz, Erik Van Der Weijde, Lawrence Weiner.

Document (Chicago) offre une très belle résonnance au français Julien Creuzet adepte des rhizomes philosophiques de la pensée d’Edouard Glissant.

JTT (New York) et les peintures troublantes de Jamian Juliano-Villani qui manie aussi bien Photoshop que l’ukiyo-e et cite aussi Peter Greenaway comme source d’inspiration. Des collages ou se joue notre propre perception dans des méandres de confusion psychologique.

galerie Weiss Falk (Bâle)

C’est dans le secteur Lafayette – 10 ans d’engagement – que se trouve les propositions les plus audacieuses, (certaines plus confirmées qu’émergentes), avec 10 galeries retenues parmi les 150 candidatures.

On remarque : Zsofia Keresztes et Barbara Kapuska chez Gianni Manahtan (Vienne), Morag Keil chez Jenny’s (Los Angeles), Mariane Ibrahim (Chicago) choisit le ghanéen Amoaka Boafo et PM8 (Vigo) se penche sur le photographe Algirdas Seskus pour leur première participation, Dawid Radziszewski (Varsovie) avec un solo de Louisa Gagliardi, Ozgur Kar (Edouard Montassut Paris), Melike Kara et Jesse Darling chez Arcadia Missa, Gina Fischli chez Soft Opening ou Timothée Calame chez la suisse Weiss Falk (Bâle).

Il faudrait aussi citer la grande place accordée à l’art moderne et au Design et tant d’autres temps forts…

Bonne FIAC à tous !

Infos pratiques :

FIAC et Hors les Murs

jusqu’au 20 octobre

Tarif :

Billet FIAC 38 €
Tarif réduit* 25 €

Horaires :

Mercredi 16 octobre (sur invitation uniquement)
Jeudi 17 octobre : 11h-14h (Preview VIP)
Jeudi 17 octobre : 14h-20h
Vendredi 18 octobre : 12h-20h
Samedi 19 et dimanche 20 octobre : 12h-19h.

https://www.fiac.com