photo ©Franck Prignet
L’association HYam (Hydra for artists of the Mediterranean) a été créée en 2014 par la journaliste Pauline Simons afin d’accompagner les artistes émergents issus des pays de laMéditerranée. Son objectif est de les soutenir dans la promotion de leur travail sur la scène internationale et de les aider à acquérir plus de visibilité à travers différentes initiatives et événements complémentaires à la fois en France et en Grèce : chaque édition du projet HYam a lieu tous les deux ans et s’articule autour d’un schéma triangulaire (installation, résidence, table ronde) démultipliant ainsi les lieux et les actions en faveur des artistes.
Nouveauté : en alternance avec son prix biennal dédié à la jeune scène d’un pays méditerranéen, HYam donne désormais carte blanche à un jeune artiste français sur le thème de l’insularité et produit une œuvre exposée tout l’été dans l’espace public de l’île d’Hydra. Nous rencontrons Pauline Simons critique d’art et journaliste à l’initiative de ce captivant projet, insulaire et ouvert au monde, depuis l’île bleue d’Hydra, la perle de la Thessalonique.
Les 5 ans de HYam, quel bilan ?
Un bilan positif pour l’association et je l’espère aussi pour les artistes. Depuis sa création en 2014, le projet HYam qui vise à mettre en valeur les jeunes scènes artistiques méditerranéennes a amplifié son engagement. Par exemple, lors de la deuxième édition dédiée au Maroc, nous avons eu la possibilité d’accueillir le lauréat du prix en résidence afin lui offrir l’opportunité de travailler, durant un mois, dans un environnement particulier parce qu’insulaire. Nous avons également décidé d’organiser une table ronde afin de mettre au centre du débat les problématiques culturelles du pays choisi : la première, dédiée au Maroc, a eu lieu en décembre 2018 chez Artcurial, partenaire d’HYam. Découvrir de jeunes artistes mais aussi comprendre le terreau sur lequel ils évoluent en observant l’histoire du pays, l’éducation, la politique culturelle, le marché de l’art, les jeux de pouvoir, les prises de position, les évolutions, les manques…, en résumé, procéder à un état des lieux et le partager, fait aussi partie des priorités de l’association.
D’ailleurs, la majorité des artistes de cette jeune génération semblent s’y adonner volontiers. Directement ou indirectement. Comme s’il s’agissait d’un devoir de mémoire ou de témoignage. Lors de la première édition, une artiste grecque présélectionnée avait réalisé un très beau travail sur les prisonniers oubliés de l’époque des colonels, période qu’elle n’a jamais connue !
Carte blanche à Nicolas Tourte, les raisons de ce choix, les enjeux d’une carte blanche…
La carte blanche a été créée afin d’annualiser le rendez-vous estival d’HYam sur l’île d’Hydra. Il s’agit du coup de cœur d’une association française pour un artiste français et d’une nouvelle invitation dans l’espace public. L’évènement n’inclut ni résidence, ni table ronde mais grâce au choix d’un projet spécifique, à sa production et son installation, à l’édition d’une plaquette et à la promotion de l’œuvre, HYam met un coup de projecteur, à l’étranger, sur un artiste encore jeune, dans un lieu fréquenté par des artistes mais également des mécènes et des collectionneurs de toutes nationalités. C’est Nicolas Tourte qui a eu la primeur cette année : ses recherches ayant généralement trait aux flux, aux mouvements des éléments et à leur symbolique collaient parfaitement au thème choisi, celui de l’insularité, et son aptitude à créer une œuvre dans l’espace public ont emporté la décision. Parmi ses différentes propositions, nous avons gardé Témoin, une installation vidéo, œuvre de nuit, qui met en scène un vieux ponton cerné par une mer imaginaire où se reflète un ciel diurne. Nous reprendrons pour les années à venir le modèle de cette première carte blanche qui se tiendra donc en alternance avec le prix.
Quelles motivations vous ont guidées pour lancer cette initiative et pourquoi à Hydra ?
De différents constats, indépendamment du lieu. En visitant les foires, en France et à l’étranger, au début des années 2010, j’avais noté des lacunes : d’une part les jeunes artistes qui vivaient dans leur pays, en Méditerranée, étaient souvent représentés de manière sporadique ou éclatée et d’autre part, les galeries de ces pays étaient singulièrement absentes. Ce qui n’est plus vrai aujourd’hui. Pourquoi à Hydra ? En séjournant sur l’île où j’ai maintenant une maison, j’ai découvert un programme d’expositions de qualité financé principalement par des collectionneurs et mécènes. Cela m’a donné l’idée d’apporter ma petite pierre à l’édifice.
De plus, comme c’est une enclave extrêmement préservée – aucune voiture, ni aucune construction moderne n’y ont droit de cité – l’île attire des visiteurs nombreux mais singuliers. À l’exception des touristes qui y passent la journée, Hydra réunit tout l’été un microcosme intellectuel et artistique international : un avantage pour les artistes qui y exposent.
Quelles personnes ont été décisives dans votre parcours ?
J’ai eu la chance de croiser des personnes –amis et professionnels- qui ont tout de suite aimé le projet et l’ont soutenu ponctuellement telles la Fondation Lagardère ou la Mairie de Paris ou sans interruption tel Artcurial. Ayant longtemps été un habitué d’Hydra, François Tajan, président délégué de la maison de vente a escorté le projet dès sa création avec beaucoup de bienveillance en présidant le jury et en mettant gracieusement ses salons à la disposition de l’association… Un appui formidable pour une jeune association française. En Grèce, celui du conseil municipal et du maire d’Hydra a été déterminant car organiser une
exposition dans et pour l’espace public exige accords et autorisations. C’est en effet la mairie qui se charge de transmettre le dossier au conseil de l’archéologie qui n’est pas nécessairement rompu à l’art contemporain mais qui a droit de regard sur tout ce qui se tient dans l’espace public. C’est aussi la mairie et en particulier, Panagiotis Rappas, son conseiller culturel qui se charge d’apprivoiser le voisinage ou les éventuels détracteurs !
A quand remonte votre premier contact avec l’art ?
Je suis diplômée de l’école des Beaux-Arts de Paris. Donc mon premier contact avec l’art date de quelques années…
Mais avant cela, sans être issue d’une famille versée dans quelconque domaine artistique, je n’ai jamais cessé de dessiner et, plus tard, grâce à des rencontres, notamment à des professeurs, la question du « beau » philosophique a toujours été un moteur et un guide.
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