Jean Bedez, une dérive cosmologique dans la collection du Cabinet de dessins des Beaux Arts de Paris

Jean Bedez, Hercule et Cacus

Avec près de 25 000 œuvres, le Cabinet des dessins Jean Bonna des Beaux-Arts de Paris possède, après le musée du Louvre, la collection la plus importante de dessins en France.

Dans le cadre d’un nouveau cycle de dialogue entre des artistes diplômés de l’École qui s’imposent sur la scène artistique et le Cabinet des dessins des Beaux Arts de Paris, Jean Bedez, après Jérôme Zonder est l’invité de cette édition de 2021.

De sphaera mundi – Sur la sphère du monde, conçue avec Emmanuelle Brugerolles présente un ensemble d’œuvres inédites de l’artiste, notamment une série éponyme créée en 2019, ainsi que trois œuvres exceptionnelles réalisées pour l’exposition.

La série de dessins De Sphaera mundi confronte des planisphères du XIIe siècle tirés de La théorie des planètes de Gérard de Crémone aux images d’une comète observée par la sonde spatiale Rosetta ; les cartographies médiévales se téléscopent à la plus récente technologie spatiale. Les trois grands dessins réalisés s’inspirent d’une sculpture de Michel-Ange, datée d’environ 1530 et très abîmée par le temps, représentant le combat le combat d’Hercule contre Cacus.

Dans les œuvres de Jean Bedez, le grand Hercule, faisant mordre la poussière à Cacus, redevient poussière lui-même. Son bras droit, celui même qui tient son arme fétiche, a disparu. La ruine le gagne, lumière et ténèbres s’affrontent dans un paysage chaotique. C’est cet Héraclès, abîmé, fragile, qu’évoque Jean Bedez, du moins son aptitude médiocre à parvenir jusqu’à nous intègre, fidèle à lui-même, propriétaire sans concession de la puissance inouïe qui lui était échue.

Jean Bedez De Sphaera mundi

Mais la mythologie n’est pas la seule affaire de l’artiste, chaque motif est chez lui l’écho d’une réalité alchimique, astrophysique, politique, poétique, ésotérique. C’est ce que donnent à voir ses œuvres, détails d’une cosmogonie infinie et labyrinthe qui n’en est qu’à ses débuts.

Jean Bedez De Sphaera mundi

En dialogue avec les œuvres de Jean Bedez, le cabinet Jean Bonna présente trois chiaroscuri de l’artiste hollandais maniériste Hendrick Goltzius (Mulbracht 1558 – Haarlem 1617) : deux exemplaires d’Hercule et Cacus et Démorgorgon dans la grotte de l’Éternité datés de 1588. Gravées en couleur sur une planche de bois, ces xylographies font parfaitement écho aux dessins de Jean Bedez par leurs sujets et la monumentalité des corps aux positions contorsionnées qui surgissent d’un univers imaginaire fantastique.

Diplômé des Beaux-Arts de Paris en 2001, Jean Bedez reçoit dès 1999 le prix artistique de peinture Lucien Quintard à l’académie de Stanislas de Nancy pour un travail graphique conceptuel questionnant la notion d’œuvre autographe et le rapport au Temps. À la fois sculpteur et dessinateur, il a notamment exposé au Crac Languedoc Roussillon, à la galerie Suzanne Tarasiève, à la galerie Albert Baronian, au Musée des Arts Décoratifs ou encore au Palais de Tokyo.

Jean Bedez est représenté par la Galerie Suzanne Tarasiève, Paris.

Catalogue Préface de Jean de Loisy Textes de Jean-Yves Jouannais et Emmanuelle Brugerolles Collection Carnets d’études Reliure Broché Prix 20€

Visite virtuelle :

L’exposition est à découvrir sur L’Atlas, le site d’expositions virtuelles des Beaux-Arts de Paris, avec une interview exclusive de l’artiste Jean Bedez et de la commissaire d’exposition Emmanuelle Brugerolles.

Jean Bedez, De Sphaera mundi | Bap (beauxartsparis.fr)