Marion Charlet, première exposition galerie Paris-Beijing (en virtuel)

Marion Charlet, exposition Galerie Paris-Beijing © Théo Baulig, Courtesy Galerie Paris-Beijing 2020

Contrairement à l’Allemagne où les galeries sont considérées comme des commerces de détail et peuvent continuer à ouvrir, à Paris elles sont de nouveau figées, ce qui aggrave leur situation déjà tendue. Marion Charlet que nous avions interviewée en juin après le premier confinement (relire) devait ouvrir sa première exposition à la galerie Paris-Beijing. Une nouvelle collaboration uniquement visible de façon virtuelle pour les amateurs qui devront donc patienter. Sous le titre « … Et l’été reviendra » elle célèbre une sorte d’Arcadie, d’Eden perdu avec cette palette aux couleurs vives qui nous rappelle l’insouciance de nos étés, de notre jeunesse, dans une attente d’avant la menace. Pour la première fois elle introduit la figure humaine dans des séries récentes.

Marion Charlet, Cache-cache / Cache-cache II, 2020, 76 x 56 cm © ADAGP, Paris, 2020-2021

Dans ces véritables peintures-fenêtres, parfois littéralement, avec sa série des Cruising (2020), nous sommes invités à découvrir des terres inconnues qui apparaissent vite pleines d’oppositions. Un monde ordonné et architecturé, marqué par des lignes droites et de grandes constructions où les moindres détails sont minutieusement travaillés, s’oppose à une nature abondante, chaotique, qui semble souvent lui disputer l’espace, allant parfois jusqu’à faire basculer l’impression de calme vers un sentiment d’inquiétude latent. Ces espaces – I will rest there (2017), Like a bird (2017) … – rappellent alors ces lieux abandonnés à la hâte, avant l’arrivée d’une catastrophe soudaine.

Marion Charlet, exposition Galerie Paris-Beijing © Théo Baulig, Courtesy Galerie Paris-Beijing

Marion Charlet ne peint pas la réalité : ses paysages évoquent au contraire un songe d’été dans lequel elle nous convie. Sa démarche est marquée par le souvenir de lieux aimés qu’elle va modifier, en créant à partir de photographies grâce auxquelles elle s’est constituée une véritable mémoire de motifs et de formes. Elle retravaille leurs dimensions, leurs lignes, leurs perspectives, avant de les peindre dans des tons toujours clairs, sans ombres ou presque, dans des aplats parfaits, qui participent à cette impression d’irréalité. Ses couleurs acidulées donnent forme à ses compositions et ses atmosphères psychédéliques, dont un certain kitsch marque encore ce décalage entre une apparence de repos et un calme inquiétant.

Marion Charlet, exposition Galerie Paris-Beijing © Théo Baulig, Courtesy Galerie Paris-Beijing 2020


Tout cela donne l’impression d’un monde contenu, en dehors de tout, dans lequel le spectateur peut se projeter : ce que Marion Charlet veut créer avant tout, ce sont des « espaces atemporels où tout le monde peut se retrouver, y être attiré. »

À l’inverse de la grande majorité de ses peintures, sa nouvelle série Ciao (2020) introduit la figure humaine dans des grands formats où l’artiste met en scène de véritables chorégraphies colorées. Les compositions, concentrées sur les corps de ses danseurs, nous permettent de nous identifier facilement à ces silhouettes anonymes qui s’effacent au profit de leurs mouvements. Si les paysages disparaissent ici, la même palette de couleurs donne cœur à ces danses joyeuses, qui prennent place sur des fonds colorés où le bleu caractéristique de l’artiste domine.

Marquée par l’influence des peintres anglais, David Hockney en tête, Marion Charlet nous embarque dans un univers qui se détache des règles de la perspective classique, dans des peintures qui sont toujours de véritables invitations au voyage.

En savoir plus :

jusqu’au 19 décembre

Galerie Paris-Beijing

Visite possible sur rendez-vous

Site de l’artiste

https://www.marioncharlet.com/