Pierre Moos : «Parcours des Mondes must go on !»

Parcours des Mondes lance le signal de la reprise, la même semaine que Bruneaf Bruxelles (décalé) et fête sa 19ème édition autour d’un nouveau partenariat avec la Monnaie de Paris avec l’exposition « AKAN les valeurs de l’échange ». Pierre Moos collectionneur et défenseur infatigable de l’art tribal (il possible le magazine éponyme) a relevé le pari de hisser ce salon international dans la cour des grands. A l’heure de la globalité, Parcours des Mondes a su s’ouvrir notamment à l’archéologie, élargissant sans cesse le champ des possibles. Il est devenu le premier évènement mondial dans sa catégorie et s’il prône le décloisonnement la sélection et le vetting n’en restent pas moins drastiques. Rencontre avec un passionné qui fait des Saint-Germain des Prés un carrefour des mondes chaque année et démontre sa capacité de résilience en cette période si incertaine ayant su convaincre 44 marchands venus de toute l’Europe : Suisse, Italie, Finlande, Pays-Bas, Espagne, Belgique, Royaume-Uni.

Selon quels arbitrages avez-vous pris la décision de maintenir cette 19ème édition du Parcours des Mondes ?

La décision de faire le Parcours, n’a pas été une décision facile elle a été prise en plusieurs temps, d’abord le déconfinement en avril, puis le fait que les galeries en général puissent recevoir leur clientèle moyennant l’application des gestes barrières. Mais surtout à la demande de beaucoup de marchands qui selon leur dire ne pouvaient pas rester deux ans sans Parcours (il est exact que certains marchands font jusqu’a 75% de leur chiffre d’affaire annuel en 5 jours) je me suis dis que il y aurait des milliers de sociétés en difficulté et qu’il ne fallait pas ajouter a ce carnage les galeries d’art tribal d’autant plus qu’ils ne sont pas nombreux. En effet DANS LE MONDE il n’y a que 60 galeries sérieuses dignes de figurer au Parcours. Et la cerise sur le gâteau par hasard j’ai écouté un de mes groupes favoris The Queen avec Freddie Mercury chanter «  The show must go on «  et en quelques minutes je me suis dis «  Parcours must go on «  Pour nous ce n’était en aucune manière de gagner de l’argent car le Parcours a part une année perd de l’argent, pour nous c’est la passion qui prône !

Statue d’époux de l’au-delà Baoulé, Côte-d’Ivoire | Fin du XIXe – début du XXe siècle Galerie Alain Bovis Paris

Etant donné le contexte sanitaire, quelle est la proportion de marchands étrangers présents ?

Il est clair que la venue des marchands étrangers reste aléatoire et ils seront moins nombreux à venir, mais l’important était que le PARCOURS se fasse dans les meilleures conditions possibles. Nous respectons et même allons au delà , tous les gestes barrières à savoir, nous fournissons des masques a toutes les galeries , idem pour le gel hydro alcoolique, limitons le nombre de visiteurs dans les galeries en fonction de la superficie, les points de contact seront nettoyés , mise disposition pour chaque galerie d’un agenda de rendez vous une application gratuite que nous offrons et pour la première fois le PARCOURS sera fléché au sol pour éviter les croisements intempestifs.

Taylor Cooper « Malara : Wanampi Tjukurpa » | 201 Arts d’Australie Stéphane Jacob

Quels sont les temps forts et immanquables de cette nouvelle édition ?

Chaque année il y a des points forts que sont les expositions thématiques et cette année nous en comptons une dizaine. En outre un nouvel exposant venu du nord, de Finlande, présentera des objets anciens d’Oural, Sibérie, …la galerie Tischenko, est le plus grand spécialiste de ces régions d’un monde que nous ne connaissons que très peu, seuls les musées russes en possèdent et pour cause. Un nouveau participant et non des moindres sera la galerie Granoff Laroque, qui présentera une majorité de pièces issues du grand marchand Charles Ratton, pièces non montrées à ce jour, qui seront entourées de tableaux de grands maitres du 20 ème siècle, ces deux nouveaux venus seront incontournables.

Poupée votive Egypte – Moyen Empire, 11 ème Dynastie Galerie Cybèle Paris

A partir de quel moment peut-on espérer une reprise du secteur ? 

Je ne suis pas devin mais lorsque l’économie reviendra a son niveau d’avant Covid tout pourra reprendre Le PARCOURS, je l’espère sera pour beaucoup, une bouffée d’air frais.

Reine d’un Jour Dominique ZINKPE (né en 1969 à Abomey, Bénin) | 2020 galerie Vallois Paris

A l’heure de la problématique de la restitution des objets d’art comment vous positionnez-vous ?

Sujet d’actualité, qui vous l’avez sans doute remarqué à débuté, lorsque les maisons de vente ont publiés les meilleurs résultats, bizarre non ? lesquels, d’ailleurs ne représentent que 2% des ventes. Mais à part cette « coïncidence ! » mon avis à nouveau qui n’engage que moi est que ce sujet est surtout politico économique. D’ailleurs lorsque le Président Macron a commandé le rapport Sar Savoye,en demandant un état sur les pièces volées, spoliées, pillées, les deux auteurs n’en n’ont point trouvés à part le Benin (mais c’est un cas particulier ) et devant cette impasse ils ont décidés que toutes les pièces africaines produites pendant la période de la colonisation devaient être restituées, et le plus amusant c’est que plus de 50% des pièces sur le marché et même celles dans les musées ont été fabriquées pour être vendues. Surtout les pièces que l’on doit rendre au Bénin devraient l’être ….. aux Yorubas ( actuellement en majorité au Nigéria ) car les Béninois les plus grands esclavagistes de l’époque vendaient mais surtout les utilisaient comme esclaves et accessoirement les massacraient. Et pour réparer ces massacres je pense qu’il faut les rendre au Nigéria. L’histoire de l’Afrique est pleine de surprises.

J’éviterais l’aspect juridique de ces restitutions d’autres le connaissent mieux que moi et des avocats comme Yves Debie connaissent parfaitement ce sujet. J’ai récemment rencontré une femme spécialiste des restitutions des biens juifs spoliés et elle m’a expliqué toutes les preuves qui devaient être fournies, photos, bordereaux d’achats, expositions, témoignages écrits, et malgré tout ça, les musées freinent des quatre fers, pour garder ces pièces, là au moins c’est clair il y avait un génocide, mais en Afrique, les français n’en n’ont jamais organisés et surtout pas pour piller des pièces qu’ils pouvaient acheter dans les échoppes ou les marchés. On pourrait parler des missionnaires mais à ce moment là c’est dans le musée du Vatican qu’il faut les demander pas au Musée du Quai Branly.

Infos pratiques :

Parcours des mondes

8-13 septembre 2020

Quartier des Beaux-Arts, Saint Germain des Prés Paris

Horaires :

Mardi 8 septembre : 11 – 21 heures

Du mercredi 9 jusqu’au samedi 12 septembre : 11 – 19 heures

Dimanche 13 septembre : 11 – 18 heures

https://www.parcours-des-mondes.com/