Alors qu’Alain Julien-Laferrière quitte le CCC OD avec un remarquable bilan sur lequel nous reviendrons à l’occasion de la sortie prochaine de son livre,Isabelle Reiher, nouvelle directrice du centre d’art a inauguré avec lui l’exposition de Fabien Verschaere pour la galerie Noire, alors que Alain Bublex continue à dérouler dans la nef son générique américain hypnotique.
Cette nouvelle exposition personnelle de Fabien Verschaere prend comme point de départ les voyages réalisés par l’artiste ces dernières années en Asie et nous transporte dans la carte géographique symbolique de son monde intérieur.
Inspirée par l’iconographie et la mythologie des pays visités, cette nouvelle proposition mêle des œuvres anciennes rejouées aux côtés d’œuvres récentes et de productions in situ.
Cet ensemble d’œuvres réalisées selon des techniques et sur des supports variés, nous plonge dans la pensée en perpétuel mouvement de l’artiste, de manière organique et foisonnante. Poussée par une énergie vitale, infusée de philosophie et de poésie, cette nouvelle exposition donne une place essentielle à l’écriture. Une écriture de soi qui permet néanmoins à chacun de se confronter à ses propres questionnements.
Enveloppant littéralement la Galerie Noire, une grande danse composée d’ombres fantômatiques nous saisit avant même d’y pénétrer. Cette frise monumentale visible dans les Galeries Transparentes semble s’animer au gré de notre déambulation autour du cccod, telle une pellicule de film mise en mouvement. Les silhouettes de ces personnages constituent une forme d’abécédaire, une joyeuse bande de sujets qui composent la grammaire de Fabien Verschaere. Ce cortège nous embarque dans une grande cérémonie, un voyage initiatique qui nous mène vers l’entrée de la Galerie Noire.
Le dessin se manifeste chez Fabien Verschaere comme la traduction immédiate d’une idée, d’une pensée, d’un affect, et sert de point de départ à la réalisation de performances ou d’installations.
Telle une écriture automatique, l’artiste déploie un glossaire de formes et de personnages sans cesse revisité. Se côtoient dans son œuvre squelettes menaçants ou vanités joyeuses, clowns grimaçants ou anges diaboliques, princesses travesties ou boxeurs déterminés et il n’est pas rare de trouver l’autoportrait de l’artiste derrière chacun d’entre eux.
Grâce à une ligne continue formant un riche magma de formes, Fabien Verschaere créé un espace chargé, saturé et grouillant de détails sans jamais oublier la composition globale, qui tend de plus en plus à se contenir elle-même dans une forme unique. Cette image,
d’apparence close, semble s’auto-générer et pourrait même s’accroître encore davantage, de manière incontrôlée.
Fabien Verschaere est représenté par la galerie Brugier-Rigail et la galerie
Valérie Delaunay à Paris.
Séquence nostalgie…
Relire mon interview d’Alain Julien-Laferrière du 9 novembre 2017.
Infos pratiques :
Fabien Verschaere, La géographie du totem
jusqu’au 3 mai
Alain Bulbex, un paysage américain
jusqu’au 8 mars