Jérémie Cosimi, Le gabian, 2025 courtesy the artist, galerie Les Files du Calvaire
La galerie Les Filles du Calvaire participe pour la première fois à art-o-rama qui réunit 65 exposants français et internationaux pour cette 19ème édition. A cette occasion la galerie présente solo show de Maya-Inès Touam dans le prolongement d’une résidence au Portugal soutenue par le Fonds de dotation Compagnie Fruitière. De plus la galerie a été invitée à participer à l’hommage collectif rendu à Roger Pailhas avec une sélection d’œuvres inédites de Jérémie Cosimi. Soulignant le rôle joué par la foire, qui représente de nombreux artistes connectés avec le sud, renforce son ancrage dans la région en participant à son dynamisme. Actuellement les Filles du Calvaire présente l’exposition « Empreintes – du geste au langage » sous le commissariat de Pierre El Khoury que nous décrypte Marie Magnier, directrice artistique, insistant sur ce projet curatorial inédit. De plus face aux conclusions préoccupantes du dernier rapport du CGPA. Marie Magnier souligne en ce moment d’incertitude générale la nécessité de repenser les modèles tout en maintenant une dynamique collective entre galeries. Elle a répondu à mes questions.

Maya-Inès Touam, Le fruit du manguier 2025 courtesy the artist, galerie Les Filles du Calvaire
Marie de la Fresnaye. La galerie Les filles du calvaire présente à l’occasion de l’édition 2025 d’art o rama un solo show de Maya-Inès Touam à la suite d’une résidence au Sénégal soutenue par le Fonds de dotation Compagnie Fruitière : qui lui a permis cette résidence ? en quoi la proposition du stand en est-elle le reflet ?
Marie Magnier. En effet, ce stand se construit avec des œuvres réalisées à la suite d’une résidence de recherche et de création au Sénégal, rendue possible grâce au soutien du Fonds de dotation Compagnie Fruitière. Ce partenariat a permis à l’artiste de bénéficier d’un cadre propice à l’expérimentation, à la rencontre et à la production, en lien direct avec le territoire.
Le projet présenté à art-o-rama est le reflet direct de cette immersion : il réunit une nouvelle série d’œuvres produites entre Dakar et Paris. La résidence a nourri de nouvelles inspirations, ancrées dans l’histoire, les rituels et les savoir-faire sénégalais, tout en poursuivant ses recherches sur les constructions identitaires et les héritages postcoloniaux.
Cette dynamique de création a également donné lieu à une exposition à Dakar dans le cadre de la Biennale de 2024, renforçant la visibilité du travail de l’artiste sur le continent africain. Le stand proposé à Art-o-rama s’inscrit dans cette continuité, comme une extension pensée pour le contexte d’une foire, à la fois exigeante sur le plan artistique et ouverte à un public international.

Jérémie Cosimi, J’entendais le frioul, 2025 courtesy the artist, galerie Les Files du Calvaire
MdF. De plus la galerie participe à l’hommage spécial rendu à Roger Pailhas avec des œuvres inédites de Jérémie Cosimi : qu’est ce qui se dégage de l’ensemble ?
MM. Nous avons été invités par Gabrielle Bryers à participer à ce stand hommage rendu à Roger Pailhas. Ce stand collectif réunissant plusieurs galeries françaises et internationales (Air de Paris, Art : Concept, Continua, Esther Schipper, Loevenbruck, Mennour, Pantalacci Jérôme, La Traverse)
Jérémie Cosimi prépare pour l’occasion un ensemble d’œuvres inédites qui s’inscrivent dans l’héritage sensible et exigeant de Roger Pailhas. Nourri par l’histoire de la peinture, l’artiste explore les tensions entre l’intime et le collectif. Dans une atmosphère de clair-obscur, les objets et les corps apparaissent comme les vestiges d’un quotidien suspendu, troublé, empreint de silence.
Ce corpus inédit réaffirme, à travers la peinture, la puissance de l’art à faire émerger une mémoire partagée, un écho discret et poétique à l’esprit de collection et de transmission que Roger Pailhas a incarné tout au long de sa carrière.
MdF. C’est la première participation de la galerie à art-o-rama : qu’est-ce qui vous séduit dans son positionnement ? en quoi est-elle un levier indispensable à l’écosystème marseillais et au-delà ?
MM. C’est la première fois que la galerie participe à art-o-rama, mais nous suivons depuis longtemps cette foire remarquable par la singularité de son positionnement. Ce qui nous séduit particulièrement, c’est son approche curatoriale exigeante, son format à taille humaine, et la qualité des échanges qu’elle favorise entre galeries, artistes, institutions et collectionneurs.
Art-o-rama s’est affirmée comme une plateforme unique dans le sud de la France : audacieuse, sélective, intellectuellement stimulante. Elle offre un véritable espace-temps pour présenter des projets ambitieux, dans un contexte propice à la découverte, loin de la frénésie des grandes foires internationales.
C’est aussi un levier essentiel pour l’écosystème artistique local et bien au-delà. Le Sud de la France bénéficie d’une tradition culturelle riche et d’un tissu de collectionneurs à la fois éclectiques et exigeants, en quête d’un rapport authentique aux œuvres et aux artistes.
Ce lien avec le territoire résonne pleinement avec l’évolution de la galerie, qui représente de plus en plus d’artistes basés dans le Sud ou ayant un lien fort avec cette région : Jérémie Cosimi et Karine Rougier à Marseille, Léo Fourdrinier et Makiko Furuichi à Toulon ou encore Clara Rivault et Bianca Argimón toutes deux diplômées du MO.CO. Esba à Montpellier. Participer à Art-o-rama nous permet ainsi de renforcer cette dynamique et de partager ces affinités géographiques et artistiques avec un public engagé, local comme international.

Vue de l’exposition « Empreintes du geste au langage » galerie Les Filles du Calvaire 2025 photo Nicolas Brasseur
MdF. La galerie présente actuellement l’exposition collective « Empreintes du geste au langage » autour des artistes Alexandre Fandard, Giovanni Leonardo Bassan, et Mariana Hahn sous le commissariat de Pierre El Khoury : comment s’est construit le projet ? qu’est ce qui est en jeu ?
MM. L’exposition « Empreintes – du geste au langage » s’inscrit dans la dynamique impulsée par l’ouverture de notre second espace en 2023. Ce lieu complémentaire nous permet d’élargir notre programmation, notamment en invitant des commissaires extérieurs, et en expérimentant d’autres formats d’exposition au sein de la galerie.
Ce projet est né à la suite de notre rencontre avec le commissaire d’exposition Pierre El Khoury, dont nous avons immédiatement apprécié la sensibilité et la pertinence du regard. Il nous a proposé de réunir les œuvres d’Alexandre Fandard, Giovanni Leonardo Bassan et Mariana Hahn autour des relations entre le geste, le corps, le langage et la mémoire.
Avec cette exposition, nous souhaitons offrir à notre public une nouvelle expérience curatoriale, tout en créant l’occasion de faire découvrir des artistes aux démarches singulières. C’est une manière pour nous d’enrichir notre programmation, de favoriser les croisements de regards, et de continuer à affirmer la galerie comme un lieu vivant, d’expérimentation et de dialogue.
MdF. L’artiste Thomas Lévy-Lasne fait partie de l’exposition collective « Copistes « au Centre Pompidou Metz : comment avez-vous accompagné ce projet singulier et impactant ?
MM. Thomas Lévy-Lasne est un artiste que nous accompagnons depuis 2020. Depuis le début de notre collaboration, nous soutenons activement l’ensemble de ses projets, qu’ils soient personnels, institutionnels ou éditoriaux.
MdF. Le récent rapport CGPA souligne des menaces sur le devenir des galeries françaises : comment réagissez-vous ? quelles solutions seraient-elles à privilégier ?
MM. Nous sommes évidemment très attentifs aux constats du rapport du CPGA, qui met en lumière les fragilités structurelles que de nombreuses galeries ressentent au quotidien. Nous traversons une période d’incertitude globale : économique, politique, culturelle et le monde de l’art n’y échappe pas. Le ralentissement du marché, la reconfiguration des échanges internationaux et la hausse généralisée des coûts nous amènent à repenser nos modèles et à faire des choix plus stratégiques.
Concrètement, nous sommes aujourd’hui plus sélectifs dans notre participation aux foires, notamment à l’international, et nous cherchons à activer plus fortement nos espaces parisiens tout au long de l’année. Nous croyons aussi profondément à la solidarité entre galeries, un esprit que nous cultivons notamment avec nos confrères et consœurs de la rue Chapon, à travers l’organisation de nocturnes et d’un vernissage commun prévu à la rentrée, le samedi 6 septembre. Dans un contexte tendu, ces dynamiques collectives sont non seulement précieuses, mais indispensables.
Ce moment de fragilité nous rappelle aussi combien les galeries jouent un rôle essentiel : ce sont des lieux de réflexion, de transmission, d’expérimentation et de lien. Plus que jamais, il est important de préserver ces espaces d’engagement et de pensée, qui permettent aux artistes comme aux publics de continuer à imaginer d’autres récits.
Infos pratiques :
Horaires
Vendredi 29 août 2025
11h – 17h : Preview VIP pour les détenteur·rice·s de la Carte VIP
17h – 20h : Vernissage sur invitation, inscrivez-vous à notre newsletter
Samedi 30 août 2025
14h – 20h
Dimanche 31 août 2025
14h – 20h
Tarifs
Plein tarif – 12 €
Tarif réduit – 8 €
Pass 2 jours – 18 €
Réservez votre billet directement sur le site internet de la Friche !
La Tour 3ème étage, La Cartonnerie, le Petit Plateau
Friche la Belle de Mai
https://art-o-rama.fr/fr/type/galerie
Actuellement à la galerie :
Empreintes : du geste au langage
17 rue des Filles du Calvaire, Paris
Motus Lente
21 rue Chapon, Paris