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Accueil A LA UNE Art Brussels 2025, Interview Carine Fol « Monumental Artworks » (bilingue)

Art Brussels 2025, Interview Carine Fol « Monumental Artworks » (bilingue)

DAVID PLAS PHOTOGRAPHY

L’un des temps forts d’Art Brussels 2025 est « Monumental Artworks » réunissant 14 œuvres à grande échelle pour offrir une expérience unique aux visiteurs. Fruit d’un partenariat de longue date entre la Ville de Bruxelles et la foire défendu par Carine Fol, directrice artistique de la Centrale for contemporary art de 2012 à 2022 et désormais curatrice experte en charge de l’art dans l’espace public pour la Ville de Bruxelles en étroite collaboration avec le comité d’art urbain (CAU) fondé en 1996 par l’artiste visionnaire Tapta, dont deux œuvres seront visibles au sein des espaces de la foire. 

La sélection de cette année révèle des œuvres fortement ancrées dans le temps présent et oscillant formellement entre minimalisme, expressionnisme, assemblage, etc. Les artistes expriment des questions formelles et existentielles, des certitudes et des incertitudes face à un monde où la démocratie semble vaciller. Ils soulignent comment l’art offre une revanche ultime et humaniste, voire un message d’espoir, sur les pouvoirs dominants.

Carine Fol revient sur les différentes étapes et évolutions de ce partenariat entre la foire et la Ville de Bruxelles, les valeurs qu’elle défend à travers cette démocratisation rendue possible par l’art dans l’espace public ayant permis à la ville de se constituer une collection d’une quarantaine d’œuvres au fil du temps. Elle insiste sur une nécessaire médiation autour de ces œuvres afin que le débat soit plus impactant. Elle a répondu à mes questions. 

Carine Fol Photo David Plas

Marie de la Fresnaye. Comment avez-vous pensé cet ambitieux projet avec Art Brussels ?

Carine Fol. Cette collaboration a été amorcée entre 2009 et 2012 entre la Ville de Bruxelles et Art Brussels avec Karen Renders, directrice à cette période. Intitulé alors « Art in the City », le projet consistait pour les galeries à proposer des œuvres d’art pour l’espace public qui étaient sélectionnées par un jury. L’œuvre de Sven ‘t Jolle que nous avons récemment placé sur la Place Sainte-Catherine à côté de la nouvelle entrée de la Centrale en est un exemple. Désormais intitulé « Art for the City » l’objectif n’est désormais plus d’acquérir une œuvre existante mais de sélectionner un.e artiste lauréat.e invité. e à concevoir une œuvre pensée pour un futur aménagement dans l’espace public bruxellois. C’est l’artiste Marion Verboom (galerie Lelong & Co) qui a été choisie en 2024.

Les œuvres exposées l’année dernière sur le patio du Palais 5 du Heysel lors de la foire étaient très spectaculaires. Étant donné l’engouement que suscite ce genre d’initiative que d’autres foires pratiquent également, la foire m’a demandé d’être curatrice d’un nouveau projet. Il n’y a pas de concours cette fois mais uniquement une exposition d’œuvres proposées par les galeries participantes. J’ai réalisé une sélection d’œuvres qui seront exposées à la fois devant devant le Palais 5 mais également au sein de la foire, avec notamment deux œuvres de Tapta (Maurice Verbaet gallery), en hommage à cette artiste belgo-polonaise qui est à l’origine du comité d’art urbain (CAU) créé en 1996 avec le soutien du collège des Bourgmestre et Echevin.e.s de la Ville de Bruxelles visant à l’intégration d’œuvres d’art contemporain dans l’espace public. Ce comité existe toujours et en 2026 un livre sera publié autour de l’histoire et de la collection de la Ville de Bruxelles et des perspectives futures. 

TAPTA, Découper/assembler/appuyer, courtesy the artist, Maurice Verbaet gallery

MdF. Combien d’œuvres sont exposées ? 

CF. Il y aura un total de 14 œuvres. Comme il s’agit d’une exposition temporaire ce ne sont pas des œuvres créées spécifiquement pour l’occasion, l’optique que nous défendons pour les œuvres que nous intégrons à long terme dans l’espace public.

Nous avons construit en l’espace de 30 ans une collection d’une quarantaine d’œuvres d’artistes belges et internationaux ont Wim Delvoye, Thomas Lerooy, Daniel Buren, Anna Raimondo, parmi d’autres. 

Carine Fol et Marion Verboom, Art Brussels 2024 photo David Plas

MdF. Qu’est- ce que l’art dans l’espace public selon vous ?

CF. Cela implique beaucoup de choses. C’est un sujet très à la mode actuellement mais ce qui m’intéresse particulièrement est cette démocratisation de l’art. Cela permet au plus grand nombre un accès aux œuvres. Cela nécessite d’accompagner ces œuvres par le biais d’une médiation, ce qui n’est pas toujours le cas malheureusement et qui demande beaucoup de travail. Il faut l’envisager à l’amont de l’installation d’une œuvre et une fois qu’elle est installée. Au centre de l’art urbain se pose la question de l’accès à l’art contemporain qui reste encore souvent tabou. L’art en espace public suscite de nombreux questionnements et de controverses également autour de sujets sociétaux importants. C’est passionnant et très riche.

Nous défendons la conception d’œuvres pour des sites spécifiques, le tout pouvant prendre 2 à 3 ans avec des démarches très lourdes et complexes étant donné les multiples strates institutionnelles bruxelloises. Une fois l’œuvre installée, l’attraction est immédiate ! 

Je prône cette démocratisation de l’art depuis des années à travers notamment l’art outsider : ne pas hiérarchiser l’art mais l’ouvrir au plus grand nombre. 

MdF. Quelles sont vos réflexions en matière de financement ?

CF. Nous défendons l’idée qu’à chaque futur chantier de la ville un pourcentage du budget soit affecté à une œuvre d’art comme cela se pratique avec l’architecture. Cela a été mis en œuvre à l’occasion notamment de Brucity, Centre administratif de la Ville de Bruxelles, avec l’intégration de 11 œuvres d’art. 

English version

One of the highlights of Art Brussels 2025 is “Monumental Artworks,” bringing together 14 large-scale works to offer visitors a unique experience. This initiative is the result of a long-standing partnership between the City of Brussels and the fair, championed by Carine Fol, artistic director of the Centrale for Contemporary Art from 2012 to 2022 and now expert curator in charge of public art for the City of Brussels. She works closely with the Urban Art Committee (CAU), founded in 1996 by visionary artist Tapta, whose two works will be on view within the fair’s spaces.This year’s selection features works that are deeply rooted in the present moment, formally oscillating between minimalism, expressionism, assemblage, and more. The artists address both formal and existential questions, conveying certainties and uncertainties in a world where democracy appears to be faltering. They highlight how art can offer an ultimate and humanist form of resistance—even a message of hope—against dominant powers. Carine Fol reflects on the various stages and developments of the partnership between the fair and the City of Brussels, as well as the values she champions through this democratization enabled by public art, which has allowed the city to build a collection of around forty works over time. She emphasizes the importance of mediating these works so that the conversations they spark can have a stronger impact. She answered my questions.

How did you conceive this ambitious project with Art Brussels ?
This collaboration between the City of Brussels and Art Brussels began between 2009 and 2012, during the directorship of Karen Renders. Originally titled Art in the City, the project invited galleries to propose artworks for public spaces, which were then selected by a jury. One example is Sven ‘t Jolle’s work, recently installed on Place Sainte-Catherine near the new entrance to the Centrale.

Now renamed Art for the City, the project has evolved. Rather than acquiring an existing piece, the aim is now to select a winning artist who is invited to create a work specifically designed for a future public space in Brussels. The artist selected in 2024 was Marion Verboom (Lelong & Co gallery).

The works shown last year in the patio of Palais 5 at the Heysel during the fair were truly spectacular. Given the enthusiasm these kinds of initiatives generate—also seen at other fairs—Art Brussels asked me to curate a new project. This time, there is no competition; it is an exhibition of artworks proposed by participating galleries.

I curated a selection of works that will be shown both in front of Palais 5 and inside the fair itself, including two pieces by Tapta (Maurice Verbaet Gallery), in tribute to the Belgian-Polish artist who founded the Urban Art Committee (CAU) in 1996 with the support of the College of the Mayor and Aldermen of the City of Brussels, with the aim of integrating contemporary art into public space. This committee still exists today, and in 2026, a book will be published exploring the history and collection of the City of Brussels, along with future perspectives.

How many works are on display?
There will be a total of 14 works. Since this is a temporary exhibition, the pieces were not created specifically for the occasion, which differs from our approach to works intended for long-term integration into public space.

Over the past 30 years, we’ve built a collection of around forty works by both Belgian and international artists, including Wim Delvoye, Thomas Lerooy, Daniel Buren, and Anna Raimondo, among others.

What does public art mean to you?
It encompasses many things. Public art is a very current topic these days, but what particularly interests me is the idea of democratizing art. It allows a broader audience to access artworks. However, this also requires mediation—something that unfortunately isn’t always provided and demands a great deal of work. Mediation needs to be considered both before and after a work is installed.

At the heart of urban art lies the issue of access to contemporary art, which still remains taboo for many. Public art provokes important questions and often sparks controversy around key societal issues. It’s a fascinating and incredibly rich field.

We advocate for artworks conceived specifically for particular sites—a process that can take two to three years and involves complex procedures due to the many institutional layers in Brussels. But once the work is installed, it draws immediate attention!

I’ve been advocating for this democratization of art for years, especially through outsider art—refusing to impose hierarchies in art, and instead opening it up to as many people as possible.

What are your priorities on funding ?
We advocate for the idea that a percentage of the budget for every future city development project should be allocated to an artwork, as is often done in the field of architecture. This approach was implemented, for example, with Brucity—the City of Brussels’ new administrative center—which integrated 11 artworks into its design.

Liste des œuvres :


1. Willem Boel, Sancho Don’t Care #05, 2017 / Bétonnière, fer, peinture, ruban adhésif, câble, aluminium, grillage, fonte, bois, plastique, corde, 1100 x 1100 x 800 cm. Représenté par Barbé (stand #5A-20). 

2. Rui Chafes, Trago-te em mim como uma ferida, 2000 / Fer, 96 x 74 x 800 cm. Représenté par GALERIA FILOMENA SOARES (stand #5D-12). 

3. Marisa Ferreira, Series Industrial Windows I, 2018 / Acier inoxydable thermolaqué, verre acrylique, 206 x 166 cm par panneau ; total de 2 panneaux. Représentée par la Galeria Presença (stand #5B-34). 

4. Karl Karner, KÄ r, 2024 / Aluminium, 250 x 200 x 200 cm. Représenté par la Galerie Kandlhofer (stand #6D-08). 

5. KRJST Studio (Erika Schillebeeckx & Justine de Moriamé), Cosmogony, 2022 / Tissage Jacquard, acrylique, fils recyclés, elirex, ruban de papier, viscose, coton, caoutchouc naturel et synthétique, 1000 x 250 cm. Représentée par la Galerie La Forest Divonne (stand #5A-46). 

6. Jonathan Meese, DR. SAUGERZ DE KUNST (DER ERZROSAROTEPAULCHENPANTHERZ DE LARGE GÄHNT), 2021 / Bronze, patiné, peint, 232 x 158 x 100 cm + 15 x 95 x 105 cm (socle en acier). Représenté par la galerie Tim Van Laere (stand 5C-36). 

7. Jean-Bernard Métais, Komolebi, 2018 / Métal perforé et peinture époxy, 360 x 100 x 90 cm. Représenté par la Galerie La Forest Divonne (stand #5A-46). 

8. Hilde Overbergh, Un présent perceptuel continu, 2025 / Construction métallique, photogravure sur panneaux PVC, planches de bois, peinture, pinces, 310 cm x 260 cm. Représentée par la Whitehouse Gallery (stand #5A-47). 

9. Joost Pauwaert, Rocket, 2024 / Acier, cuivre patiné, 700 x 160 x 160 cm. Représenté par Barbé (stand #5A-20). 

10. Thomas Schönauer, Cultivator 23, 2021 / Sculpture en acier inoxydable (Glass Blasted -Matte), 305 x 295 x 455 cm. Représenté par Dan Galeria (stand #6A-18). 

11. Tapta, Découper / assembler / appuyer, 1980 / Néoprène avec boulons et écrous, environ 195 x 160 x 93 cm (en 3 pièces). Représenté par la galerie Maurice Verbaet (stand 5C-50 et 5C-52). 

12. Tapta, Néoflexible, 1985 / Néoprène avec boulons et écrous, environ 180 x 700 x 60 cm. Représenté par la galerie Maurice Verbaet (stand 5C-50 et 5C-52). 

13. Antoine Waterkeyn, A Day is Done, 2024 / Acrylique, laque, médium et pigments (irisés) sur échelles en bois, dimensions variables. Représenté par FRED&FERRY (stand #6C-22).

Infos pratiques :

Opening Days

VIP opening : April 24

Public days : April 25, 26, 27

Place 

Brussels Expo
​Place de Belgique 1, 1020 Bruxelles ​

Tickets 

Standard 25 euros

In the City : Gallery Night, April 23…

www.artbrussels.com 

City Guide, planning your travel :

https://www.visit.brussels/fr

https://www.eurostar.com/fr-fr/voyage/en-route/en-gare/bruxelles-midi