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We Are The Painters, Interview, galerie In Situ – fabienne leclerc : recyclage, chevelure et premier degré 

We Are The Painters
Chaise avec Bouche sur la Falaise Normande, 2025 Huile sur toile
100 x 81 cm Pièce unique courtesy : We Are The Painters & Galerie In Situ-fabienne leclerc, Grand Paris crédit : Pauline Assathiany

A l’occasion des 20 ans de leur rencontre, Nicolas Beaumelle & Aurélien Porte (We Are The Painters) dévoilent dans l’exposition à la galerie In Situ – fabienne leclerc les grands jalons de leur processus créatif dans une conversation ininterrompue avec la peinture comme vidée de sa substance même dans un jeu à contre-emploi. A l’heure de l’engouement que connait le médium, son revival, il est question chez eux d’une tentative d’épuisement, d’une épreuve avec le réel, le motif devenant tour à tout écran de projection et châssis avec un art du premier degré.  Paysage, portrait, nature morte les grands totems sont rangés au rang du pastiche, du caviardage et du mauvais goût. Un geste qui n’est pas loin du ready made et ôte toute emprise romantique. A savoir qui peint quoi et quand, leur logo WATP suffit comme réponse. 

WATP, Aurélien Porte & Nicolas Beaumelle, (de gauche à droite) avec l’aimable autorisation de : We Are The Painters & Galerie In Situ-fabienne leclerc, Grand Paris.

Pourquoi la chevelure, proche de l’obsession ?

Cela remonte à la première peinture que nous avons considérée comme finie en 2007. Nous étions en vacances à la sortie de l’école des Beaux-arts de Nantes chez les parents de Nicolas et à partir de matériaux trouvés sur place (peintures, châssis..) nous avons réalisé ce portrait sur une petite toile. Nous ne savions pas trop gérer cette chevelure et à force de faire des passages successifs elle s’est élargie. Afin de retrouver cet étonnement, nous avons continué à faire des portraits inspirés par cette première peinture. C’est dans cette répétition qu’une série est née. Ce portrait a été le point de départ d’une véritable obsession. De ces portraits sont sortis plusieurs éléments dont la chevelure. « She Looks Like A Mountain » une forme de chevelure / montagne qui se répète en clin d’œil à l’un de nos amis artiste, Neal Beggs enseignant qui pratiquait aussi l’escalade. On s’imaginait sa réaction possible devant la peinture. Une blague devenue « poème ». Nous avons fait la même extraction avec la bouche, devenue une bouche céleste et que l’on appelle « Whisper to the Landscape » lorsque l’on voit un paysage à travers. Récemment nous avons trouvé de la fibre de lin pour les 3 peintures « Paysages, Chevelure… » au Havre où j’ai mon atelier, dans la région de sa production, matière naturelle qui offre plus de qualités.

We Are The Painters
« Paysages, Chevelures & The Pots »
Exhibition monographique – Galerie In Situ-fabienne leclerc 16.03 – 10.05.2025  courtesy : We Are The Painters & Galerie In Situ-fabienne leclerc, Grand Paris crédit : Pauline Assathiany

A quel moment est apparu the Pot dans les séries ? 

Il s’agit plus de thèmes récurrents que de séries. « The Pot » est apparu en 2020 au moment du confinement où nous étions séparés. Avant le confinement nous avions réalisé plusieurs peintures de pots avec une plante de l’atelier. Des envies de natures mortes. Nicolas a réalisé une première esquisse assez simple à partir de quelques zones : le haut, le bas, l’intérieur du pot et le pot lui-même. Nous aimons son côté un peu déceptif dans une sorte d’absence, de vide avec également cette forme elliptique de la bouche que l’on retrouve. 

We Are The Painters The Pot, 2024-2025 Huile sur toile
50 x 40 cm
Pièce unique
, courtesy : We Are The Painters & Galerie In Situ-fabienne leclerc, Grand Paris crédit : Pauline Assathiany

Vos ateliers ne sont plus partagés, comment vous organisez-vous ?

Nous procédons par sessions de travail au gré des circonstances et des déménagements, comme récemment à la campagne dans ma maison et dans un atelier au Havre. Travailler à 2 est une alternance entre passer beaucoup de temps sur une peinture ou au contraire aller plus vite. 

Vous engagez une réflexion sur le motif dans le motif !

Cette chevelure en fibres de lin a voyagé au fil des motifs entre Étretat, le Haut-Berry et les bords de la Seine. Nous avions déjà engagé cet exercice à l’occasion de notre exposition à 40mcube à Rennes imaginée comme le point de vue subjectif de nos portraits peints. Entre 2015 et 2022 nous avons réalisé le film «ULMA » et il y a plusieurs scènes à la première personne. Le spectateur se retrouve dans la position des personnages en train de déambuler dans le paysage. La vision est troublé par la chevelure qui re-cadre le champ de vision. A l’occasion des expositions à Rennes, la Villa Arson ou à la Kunsthal Nikolaj de Copenhague nous en avons profité pour faire avancer le film. Des performances complètent l’ensemble, comme cela est retransmis dans la vidéo de l’exposition. « ULMA » raconte l’histoire de neuf personnages silencieux qui sortent de leurs peintures pour assister à la naissance d’un chevreau. Elles vont le nommer puis l’accompagner dans une longue procession entre peinture et réalité qui le mènera dans un musée, où son destin sera scellé.

We Are The Painters Wink, 2016
Acrylique, tissus marouflés sur toile 160 x 120 cm
Pièce unique
, courtesy : We Are The Painters & Galerie In Situ-fabienne leclerc, Grand Paris crédit : Pauline Assathiany

Nous nous trouvons face à un portrait de femme la bouche entrouverte qui a été largement décliné : quel est son titre ? 

« Wink ». Elle a été réalisée au moment de la conception des costumes pour notre film à partir de tissus, comme le molleton, des draps en coton et autres chutes. Ces portraits ont toujours qu’un seul oeil et sont réalisées en marouflant des tissus teintés. Ces peintures étaient rapides dans leur exécution ce qui offre un vrai plaisir à 2. 

We Are The Painters Priestess of Mars (Don’t Sit on The Chair) & Table palette WATP, 2020-2025 Huile et fibre de lin sur chaise et toile, bois et plante WATP
117 x 130 x 90 cm
Pièce unique
, courtesy : We Are The Painters & Galerie In Situ-fabienne leclerc, Grand Paris crédit : Pauline Assathiany

Pouvez-vous nous décrire l’installation « Whisper to the Berry » ?

Cela fait un moment que l’on souhaite faire des sculptures à partir de cette forme de bouche mais évidée de l’intérieur comme le mobile qui se trouve dans l’escalier. Nous avons découpé cette forme dans une vieille table qui se trouvait à la campagne. Les 2 éléments pouvant être un cadre. Nous avons dressé rapidement un arbre et un horizon sans en ajouter, le vieux bois donnant un côté inachevé avec quelques traces et des dessins d’usages, comme ceux de Anya, la fille d’ami.e.s. Nous souhaitions garder cette facture comme un objet rustique.

…Le peintre du dimanche en quelque sorte !

Rires. C’est un peu ça. Donner une forme visuelle de bouche à un paysage sous différents registres, ce qui créé une réalité à ce motif. C’est ce que nous avons déclaré dès le départ et dans une boutade, si l’on s’appelle We Are The Painters » c’est pour faire ce que l’on veut : sculpture, photo, vidéo… il y a aura toujours le mot Peinture. Nous ne sommes pas attachés au format tableau c’est pourquoi beaucoup de nos châssis sont récupérés et transformés dans une économie de recyclage. 

Infos pratiques :

We Are The Painters 

« Paysages, chevelures & The Pots »

Jusqu’au 10 mai 

galerie In Situ-fabienne Leclerc

Komunuma

43 rue de la commune de Paris, Romainville

http://www.insituparis.fr/fr/artistes/presentation/10609/we-are-the-painters