Aurora Vernazzani création à l’atelier
Poursuite de ma découverte des résident.es des Ateliers Lautard avec Aurora Vernazzani, artiste et réalisatrice qui travaille à la croisée de l’anthropologie, de la mémoire et de l’archive. Des souvenirs qu’elle convoque à partir de la peinture et de la borderie dans des installations à géométrie variable. J’avais découvert son œuvre à l’occasion d’Art-o-rama avec l’exposition collective « Artist-run space » à la Friche Belle de Mai et touchée par cette généalogie revisitée, l’envie d’en savoir plus… Aurora revient sur l’opportunité et la dynamique que représente les Ateliers Lautard dans sa ville d’adoption, Marseille dont l’ouverture et l’énergie est très inspirante.
Quel est votre parcours ?
Mon parcours est assez éclectique. Je suis anthropologue et documentariste au départ, tout en ayant pratiqué la peinture dès l’âge de 11 ans apprès d’un maitre en Italie. J’étais subjuguée par la peinture à l’huile, les chevalets, les mannequins nus. Un cours pour adulte dans lequel je me suis incrustée mais qui a été décisif. Le cœur de ma démarche reste la peinture.
Comment avez-vous découvert Marseille ?
Je suis passionnée depuis mes études en cinéma et anthropologie par les images d’archives et à Marseille une association travaillait aux Baumettes en 2014 sur ce sujet. J’ai été embauchée par cet atelier auprès d’un public de détenus pour essayer de sortir l’imaginaire à partir de ces images en noir et blanc que j’ai continué après à utiliser dans des films et comme supports de mes peintures. J’ai développé un procédé particulier à partir de taches de couleur sur la toile que je laisse après venir à moi à partir d’émotions ou d’images chinées que je collecte. Souvent une tâche me ramène à l’une des photos. Si l’on prend la toile en cours c’est la couleur verte qui m’a connecté avec l’image de cette journée au lac de mes grands-parents.
Pour revenir à l’exposition « Artist run space » à la Friche pendant Art-o-rama
C’est un travail de broderie que je mène en parallèle. J’ai commencé à broder les photos avec du fil rouge pour revenir à l’idée de généalogie mais par le sang presque ou ce qui ressemble à des faisceaux musculaires. Ce fil est aussi le fil de la mémoire, ce qui m’a donné envie d’aller encore plus dans l’épaisseur et à mettre des photos dans la résine qui deviennent comme des petits personnages, des petits modules, dans des installations plus larges.
La broderie est un travail de femme et de patience qui ne me correspond pas au départ. Je réalise mes tableaux en 3 sessions maintenant alors que j’ai passé 6 mois à finaliser cette borderie. Ma grand-mère était couturière et elle faisait des robes de mariée, ce qui explique pourquoi je me suis projetée.
Le livre d’artiste
Je l’ai trouvé en France mais il est écrit en Italien dans mon premier atelier. C’est un peu le journal de bord d’une femme qui perd la tête. J’ai fait en sorte qu’il soit toujours lisible avec également les images que je juxtapose. Elle perd encore plus la tête dans ses souvenirs via mes altérations.
Les ateliers Lautard
Cela correspondait à un moment où je cherchais un atelier et une amie, Rebecca Arfaras (Résidence Résiliente) qui organise la vie du lieu, m’a encouragé à venir. Je cherchais un endroit où je garde mon propre espace mais connecté à une belle émulation et dynamique autour de nombreux évènements et expositions comme à la Friche, solarium, PAC off et bientôt le Hangar. Avant j’étais aux Grands Domaines, boulevard des Dames, un bel endroit qui a été reconverti en immobilier de luxe.
Qu’est ce qui explique l’attrait de Marseille selon vous ?
On s’y sent bien et l’on devient marseillais très rapidement. Cela fait 10 ans que je suis ici. Je suis italienne, mon conjoint est algérien donc on se retrouve en pleine méditerranée ! On a le sentiment que tout est possible dans un quartier très accueillant. Il y a l’envie de faire et beaucoup de curiosité.
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