Lila Crnogorac, Vue de l’installation « Red frequencies and a Blue whisper, listening to music we can relate to » “Double trouble”, Exposition « Double Trouble » Frac Île-de-France, les Réserves & Chaufferie de la Fondation Fiminco, Romainville, 17 septembre – 2 novembre
© Artagon – Photo © Manuel Abella
Dans le cadre de l’exposition « Double Trouble » et première édition d’Art Emergence (Artagon) à Romainville, l’installation de Lila Crnogorac qui engage différents médiums et supports (verre, céramique..) est l’une des premières que l’on découvre dans l’espace de la Chaufferie (fondation Fiminco). Archive sonore d’une performance entremêlée à des récits d’intimité lesbiens, réels et fictifs, les sculptures et la vidéo tournée dans le Centre Océanographie de Marseille, s’inscrivent dans une recherche poétique sur les ondes radiophoniques et les ondes aquatiques.
Diplômée des Beaux-arts de Lyon puis de Marseille, Lila conçoit un espace collectif et intime de représentations queers pour « rejouer et réparer des expériences de vie situées ». Elle revient sur le dialogue engagé avec les 3 commissaires à l’occasion : Salomé Fau, Alexis Hardy et Temitayo Olalekan et les affinités qui se nouent avec les deux autres artistes proches de son installation. Elle fera partie en octobre du festival « les Instants Vidéos » à la Friche La Belle de Mai, Marseille où elle est établie.

Portrait de Lila Crnogorac photo Brune Pâris
Comment avez-vous entendu parler d’Art Émergence ?
J’ai entendu parler d’Art Émergence par le biais de mon ancienne école, Les Beaux-Arts de Marseille. Le « service professionnalisation » de l’école nous envoie des appels à projets auxquels on peut postuler, alors j’ai décidé de répondre à cet appel à exposer.

Lila Crnogorac, Vue de l’installation « Red frequencies and a Blue whisper, listening to music we can relate to » courtesy de l’artiste
Que proposez-vous à l’occasion de l’exposition ?
Pour cette exposition, je propose une l’installation « Red frequencies and a Blue whisper, listening to music we can relate to » que j’avais réalisée pour mon DNSEP aux Beaux-Arts en 2024. En trouvant une annonce pour une émission de radio lesbienne dans des archives minoritaires, j’ai commencé à tirer une narration à la fois intime et fictionnelle sur les amours, les fantasmes, et les désirs. La première partie de cette scénographie aux multiples médiums (sculpture, vidéo et son), est une archive d’une performance, une mise en scène composée de sculptures : deux Micro poumons qui se rejoignent autour d’un Micro cœur.
On peut entendre une piste audio qui est l’archive sonore de la performance, enregistrée à travers les sculptures pensées comme des microphones. Les voix et les souffles résonnent à travers le verre et la céramique, modifiés par la matière. Les récits (archives et poésies personnelles), apparaissent et disparaissent dans des fréquences d’intimités croisées. Images réelles et fictives s’entremêlent, se rencontrent et conversent.
Derrière, la lumière bleue de la vidéo nous fait rentrer dans la fiction, avec l’image d’une biologiste marine qui souffle dans une flûte en verre pour simuler des vagues. Les vagues l’emmènent dans un cabaret fictif ou l’eau est le déclencheur de ses propres fantasmes. La vidéo est tournée dans le Centre Océanographique de Marseille, dans un simulateur de vagues et courants marins. Cette image est pensée comme une simulation, un espace de projections. Ce sont des rêveries sur le désir, l’amour, la solitude qui créent un lien poétique entre ondes sonores et ondes aquatiques.
Quelles résonances se font avec d’autres artistes présent.es ?
L’entrée dans la première salle de l’exposition du côté de la Fondation Fiminco a été pensée par les curateur.ices : Salomé Fau, Alexis Hardy et Temitayo Olalekan comme une arrivée dans un souterrain, où on peut voir le travail de Alix Nguyen, Xianne Han, et le mien. La pièce est plongée dans la pénombre, dans laquelle apparaissent des formes et des images. Les résonnances que j’ai pu observer sont dans le rapport a là lumière et la fiction. Nous avons tous.tes les trois détournés des objets de leur fonction pour reproduire des sculptures où la fiction opère, que ce soit des rats qui cherchent dans une poubelle (Xianne Han) une bouche d’aération lumineuse (Alix Nguyen) ou un microphone en forme de cœur en céramique. Je vois des affinités dans les matériaux utilisés, la céramique, et le rapport à la lumière.
Pensez-vous votre travail comme engagé ?
Mon travail est la plupart du temps collectif, je crée avec des personnes queers que j’ai rencontré autour des archives minoritaires. Ce sont des partitions poétiques sur l’intimité, comme espace collectif et intime de représentations queers, pour rejouer, retourner et réparer des expériences de vie situées.
Avez-vous un atelier ? est-il partagé ?
Je travaille à Marseille, dans un atelier partagé avec huit autres artistes plasticien.nes.à Saint-Just (Dôme 2).
Vous avez été exposée à sissi club à l’occasion de Waterbed : que vous a apporté cette opportunité ?
L’exposition Waterbed est un projet collectif, que nous avons proposé à la galerie Sissi Club à Marseille. La galerie nous a laissé un grand espace de liberté quant à ce que nous voulions proposer, et nous avons pu travailler collectivement à la curation et l’organisation de l’exposition, notamment pour le vernissage/finissage et des ateliers de médiation culturelle.
En quoi la scène marseillaise est- elle inspirante ?
A Marseille dans mon atelier je travaille sur des projets collectifs, et je continue la céramique, la vidéo et l’écriture de la performance. En octobre, je vais performer pour le festival Instants Vidéos à la Friche La Belle de Mai, une performance qui est la continuité de mon travail de recherche poétique sur les ondes radiophoniques et ondes aquatiques. Une analogie portée avec un regard queer sur le rapport au désir, à l’eau, au mouvement. Les espaces de rencontres de la scène artistique sont nombreux et je rencontre beaucoup de personnes artistes et curateur.ices avec qui je partage et j’échange.
Diplômée des Beaux-arts de Lyon et de Marseille : que retenez-vous de ces années ?
J’ai passé trois ans aux Beaux-Arts de Lyon pour mon DNA, avant d’aller aux Beaux-Arts de Marseille. En termes de pédagogie j’ai beaucoup appris sur la céramique, la performance et la danse.
Comment vous projetez-vous dans les prochaines années ?
Pour les années qui vont suivre j’aimerai continuer mon travail de recherche sur les archives radiophoniques queer. Je pense à encadrer cette recherche avec peut-être une bourse ou un doctorat, j’y réfléchis encore.
Aussi, j’aimerai me rapprocher du monde du spectacle vivant pour continuer la performance et pouvoir osciller entre les espaces d’arts contemporains et ceux du spectacle.
Suivre l’artiste :
lila (@lilacrnogorac) • Instagram photos and videos
Infos pratiques :
Art Émergence
L’exposition Double trouble
Jusqu’au 2 novembre
Chaufferie de la Fondation Fiminco & Réserves du Frac Île-de-France
43 Rue de la Commune de Paris, Romainville
Entrée libre et gratuite
Festival / Maison des métallos
Parcours / 30 ateliers, collectifs d’artistes