Art-o-rama 2025 : Best of & must-sees in the city !

Nathalie Talec STAND BY ME (2023)
Technique mixte, tapis réalisé avec les ateliers d’Aubusson
Courtesy l’artiste et Galerie Maubert

C’est un signal fort de confiance que lance art-o-rama alors que la rentrée des galeries s’annonce difficile avec des fermetures et reconversions en cascade. Jérôme Pantalacci tient le cap d’un navire chahuté autour de 65 galeries internationales très inspirantes. S’y ajoute une envie de prolonger l’été ici à Marseille autour d’une kyrielle d’évènements comme la cité méditerranéenne sait en offrir.

Sur la foire, quelques incontournables :

Chiquita Room (Barcelone) :  Laia Arqueros Claramunt

L’artiste Laia Arqueros Claramunt (née à Almería en 1985) déploie un univers profondément engagé, où se mêlent mythologie, identité et critique politique. À travers des médiums aussi variés que la céramique, la sculpture sonore, l’illustration ou la performance, elle puise dans les traditions méditerranéennes pour réinventer les anciens rituels féminins comme autant de gestes de résistance et d’émancipation.

Laia Arqueros Claramunt Corifeas, xilofón , 2018 courtesy de l’artiste et Chiquita Room

Pour Art-o-rama, elle présente un projet inédit, conçu dans l’esprit des Thesmophories — ces festivités exclusivement féminines de la Grèce antique, qui célébraient le rôle spirituel et social des femmes. Ces rituels, bien que marginalisés dans l’histoire officielle, incarnaient un rare espace d’autonomie dans une société patriarcale. En s’y référant, Laia Arqueros redonne corps à une mémoire occultée et fait de la création artistique un acte de réappropriation féminine.

Antoine Conde “BUT LOTS OF WHISPERS IN YOUR EAR” (2025)
Courtesy l’artiste et DS Galerie

DS Galerie (Paris) : Antoine Conde

Ce solo show rejoint une réflexion de la galerie sur le modèle véhiculé par un stand de foire entre panneau publicitaire et hangar à partir de l’ouvrage « Learning from Las Vegas » de Denise Scott Brown et Robert Venturi sur les signes du paysage vernaculaire de la cité des anges. Né à la fin des années 1990, Antoine Conde puise son inspiration dans les méandres de la pop culture contemporaine. Documentaires, télé-réalité, cinéma pornographique gay : autant de matériaux visuels qu’il collecte, fragmente et recompose pour nourrir l’univers narratif et esthétique de ses dessins. Entre montage, clip vidéo et affiche, son travail flirte avec une mise en scène du regard, où chaque image semble arrachée à un écran. Une démarche protéiforme qui déborde du papier pour s’étendre à l’installation.

Galerie Maubert (Paris) : Nathalie Talec (solo show)

À travers le déguisement et l’autoreprésentation théâtralisée, Nathalie Talec interroge les archétypes de genre et bouscule les figures masculines dominantes. Dans son travail, le scientifique ou l’explorateur — symboles traditionnels d’autorité et de savoir — sont réinventés sous un prisme subversif. Dans FRIGO EUROPA (1983), elle se met en scène en scientifique polaire affublée de lunettes démesurées, campant un personnage improbable près d’un paquebot amarré à Marseille, sur la coque duquel figurent ses initiales. Une image à la fois absurde et chargée de sens, où l’ironie côtoie la critique sociale.

Anna De Castro Barbosa Qui trop embrase mal étrait (2025) courtesy de l’artiste

Spiaggia Libera (Paris/Marseille) x Scroll galerie (Nantes) : Anna de Castro Barbosa et Jot Fau

Les deux galeries s’associent pour présenter les artistes : française Anna de Castro Barbosa et belge Jot Fau. Cette exposition en duo se joue autour de réflexions communes sur le soin, la transformation et les mondes invisibles. À travers un dialogue entre pratiques matérielles et rituelles, les deux artistes explorent la manière dont l’acte artistique peut se faire outil de guérison, de passage et de métamorphose. Une immersion sensible où l’art devient rite, et le geste, un lien entre corps, mémoire et au-delà. La collaboration des galeries se poursuit dans l’espace de la galerie à Malmousque, the place to be, autour de l’exposition collective Désenchantée.

J’avais interviewé l’année dernière la directrice de Spiaggia Libera, Sacha Guedj-Cohen, qui veut dire « plage publique » en italien et je retrouve la même énergie et envie d’innover.

In Situ / fabienne leclerc (Romainville)

La galerie fidèle à art-o-rama présente trois artistes : l’artiste Daniele Genadry (américano-libanais), Marina de Caro (argentine) et Gerald Petit (franco-portugais). Coup de coeur pour l’artiste argentine. Marina De Caro développe une pratique où dessin, sculpture et performance s’entrelacent pour interroger l’espace, le corps, l’intuition et l’émotion. Son univers, à la fois coloré et engagé, se déploie comme un langage militant et poétique. Ses installations prennent souvent la forme de sculptures souples et mobiles, investissant l’espace avec délicatesse et sensibilité.

Le dessin, point de départ de sa démarche, occupe une place centrale dans l’exposition : plusieurs œuvres sur papier de grand format y seront présentées. Elles dialoguent avec des sculptures inédites en fil d’aluminium, invitant les spectateurs à repenser leur rapport au corps, à l’espace et à l’environnement. On se souvient de son intervention pour le Mac Val. A noter que ça bouge à Romainville avec le départ de Jocelyn Wolff et de Vincent Sator.

Edition & Design :

Charline Robache, presse-agrumes (2025) courtesy de l’artiste, Moly-Sabata

Moly-Sabata, le dernier Moly shop !

L’avatar de la plus ancienne résidence d’artistes en France, le Moly shop, revient à art-o-rama et pour la dernière fois. Dix potiers et potières établi·e·s entre Moly et la Méditerranée ont été invité·e·s à présenter près de 400 pièces de vaisselle, proposées à des prix allant de 30 à 500 euros. Entre tradition et expérimentations.

En complément : découvrir mon interview d’Alice Amati gallery (Londres) et de l’artiste Annabelle Agbo Godeau (lien), française établie à Düsseldorf, vraie révélation de la foire !

Programmation associée :

-La Traverse /Catherine Bastide : Amandine Guruceaga

Installée à Marseille, l’artiste dévoile dans l’élégant espace de Catherine Bastide une exposition où se déploient tableaux et sculptures, mêlant textile, métal brûlé et plastique recyclé. Inspirées des plantes pyrophytes — ces espèces capables de renaître après l’incendie — ses œuvres hybrides interrogent la capacité du vivant à se régénérer. Entre fragilité des matières et puissance évocatrice des formes, l’exposition trace un parcours sensible autour de la résilience et des métamorphoses du monde contemporain.

A noter que l’artiste est également exposée à la Galerie Christophe Gaillard (Paris) dans le cadre de la résidence Le Tremblay.

-Double V galerie : Manoela Medeiros

L’artiste qui vit et travaille entre le Brésil et la France, opère un exercice aussi mental que physique à travers la notion de ruine à partir d’interventions dans les espaces d’exposition selon un processus de révélation et d’effacement. Elle explore les traces, les vides, les résidus, autant de matières laissées par le temps ou extraites du bâti, pour questionner l’origine des formes, leur mémoire et leur devenir. Entre archéologie intime et composition contemporaine, l’exposition invite à repenser la matérialité de l’art comme un terrain de fouilles, où chaque fragment porte en lui la possibilité d’un récit.

Dans les musées :

Ali Cherri « les Veilleurs » au mac,

« Tatouage.Histoires de la Méditerranée » à la Vieille Charité, traversée trans-historique magistrale !

Laure Prouvost «  Mère We Sea » entre chants et incantations aux anciens malades du lieu, l’hospice de la Vieille Charité, mythe d’Icare au Fort Saint-Jean…

-L’exposition des diplômé.es de l’Ecole des Beaux-arts de Marseille : entre deux eaux

Un titre qui reflète les tensions propres à la situation des artistes fraîchement diplômé·es : un avenir que l’on souhaite prometteur, mais qui se heurte bien souvent à une réalité économique incertaine. La sortie de l’école marque une bascule vers un monde traversé par des crises multiples — écologiques, économiques, sociopolitiques — qui posent des enjeux à la fois concrets et existentiels. Face à ce contexte instable, certain·es jeunes artistes choisissent d’embrasser cette sensation de flottement caractéristique des périodes de transition, qu’il s’agisse du passage à l’âge adulte ou de l’entrée dans la vie professionnelle artistique.

De plus il ressort de ce panorama réunissant 39 étudiant·es diplômé·es en art et design des enjeux écologiques et politiques liés à un contexte de violence mondial généralisé.

-Les open studio des Ateliers de la Ville de Marseille et de Madely Schott à la fondation Vacances Bleues (cf mon interview avec l’artiste).

les artist-run spaces… comme les Ateliers Jeanne Barret que je découvre le long du périphérique avec toute une programmation dont l’exposition personnelle d’Elvire Ménétrier « Fantasma in carne ».

c’est la rentrée du PAC !

https://p-a-c.fr