PARÉIDOLIE 2025 : coups de cœur et Prix !

Tom de Pekin, Savoie 10-2024, Gouache 32-x-24 cm Courtesy de l’artiste et de la Galerie 22-48m2

Face à un contexte de rentrée morose et compliqué pour les galeries, Marseille avec PARÉIDOLIE affiche plus que jamais l’optimisme d’une scène collectivement unie et ouverte à tous les modèles et expérimentations. Cette 12ème édition sous la présidence de Fanny Robin (Fondation Bullukian) avec en comité de pilotage : Martine Robin, Françoise Aubert et Michèle Sylvander en est la preuve au sein de Château Servières, indispensable plateforme de soutien à la création contemporaine. Martine Robin lors de notre rencontre en mars à Servières m’avait dévoilé les contours de cette édition qui tient toutes ses promesses. 

Guénaëlle de Carbonnières Haut-Karabagh, Ghazanchetsots, série Creuser l’image, 2025

courtesy de l’artiste et galerie Binome

Parmi les stands incontournables :

Binome (Paris) : Guénaëlle de Carbonnières 

La série en continu « Creuser l’image » à partir d’images d’archives et d’internet et de couches d’encre reconstitue des sites archéologiques disparus suite à des zones de conflit soulignant notre rapport à notre mémoire commune et à la ruine. Guenaëlle a eu l’occasion de se plonger récemment dans les collections photographiques du Musée des arts décoratifs de Paris pour y transposer comme une vaste zone de fouilles à travers différentes explorations et accidents graphiques entre photographie et gravure explorant des techniques photographiques anciennes. 

Françoise Besson (Lyon) : Christine Crozat

Les carnets découpés et pages évidées deviennent le réceptacle de fragments et d’hommage à des femmes Rosa Luxemburg et Etty Hillesum dont le journal littéraire est évoqué par des fleurs. Scalpel, lames, cutters sont parmi ses outils de prédilection tant en dessin qu’en sculpture. Elle est présentée en regard de l’artiste Barbara Carnevale, pour cet « entre deux souffle » cette dernière étant par ailleurs exposée par le Fonds carta rue St Jacques. 

Fabrice Souvereyns, Now or never 2025 Courtesy de l’artiste et de Hopstreet Gallery

Hopstreet Gallery (Bruxelles) : Fabrice Souvereyns

Déjà remarqué à Drawing Now, l’artiste belge joue des échelles, du micro et du macro, de l’abstraction et de la figuration, de la faune et de la flore. Il faut prendre le temps d’étudier en profondeur les différentes strates, gommages, collages…

L’artiste française Dominique De Beir est présentée en dialogue. Bien connue des amateurs d’art du sud avec ses expositions à Montpellier, sa recherche d’expérimentions de surfaces accidentées, ses hybridations singulières en font une artiste à part. 

Jacqueline Maesmeker Couloir, 2023, Courtesy de l’artiste et de la Galerie Nadja Vilenne

Nadja Vilenne (Liège) : Valérie Sonnier et Jacqueline Mesmaeker

Le grand dessin de la source de la Loue chère à Gustave Courbet a été inspiré à Valérie Sonnier lors d’une résidence au Manoir, centre d’art et de villégiature à Mouthier-Haute-Pierre, fief du Maître d’Ornans dont elle traque les fantômes. L’eau, la roche, la végétation se confondent comme le décrit Nadja, toujours passionnante.

Avec Jacqueline Masmaeker les Couloirs, série de dessins sur rouleaux de papier, il s’agit de jouer sur le quadrillage du couloir de son appartement-atelier, espace essentiel. Minimaliste, insaisissable, visible et invisible, sa démarche est ancrée dans la pratique du dessin. Guillaume Desanges alors commissaire de la Verrière Hermès l’avait magistralement révélée au public.

22, 48m2 (Grand Paris) : Tom de Pekin

Artiste, activiste, réalisateur, graphiste Tom de Pekin (né en Savoie en réalité !) constitue une archive personnelle et sociale dans un esprit érotico-subversif qu’il combine avec des images trouvées ou photographiées. La question du corps et du paysage est omniprésente. Après le noir et blanc, sa palette vive explose ! Il nous avait scotché lors de l’édition 2024 du Nouveau Printemps Toulouse autour d’une déambulation poétique dans le musée Paul Dupuy. 

Jérémy Griffaud Jacob, 2024 Aquarelle sur papier 30 x 40 cm Courtesy de l’artiste et Espace à vendre

Espace à Vendre (Nice) : Jérémy Griffaud

Les propositions de Jérémy Griffaud découvertes lors de la 10ème édition du festival OVNi à Nice mêlant aquarelles, installations, vidéos immersives et expérience de réalité virtuelle à partir de récits bibliques au musée Chagall notamment, ouvrent grand l’imaginaire. Sa numérisation virtuose en trois dimensions de centaines de dessins nous plonge dans des dispositifs interactifs qui dépassent l’aspect purement technologique pour aborder des questions profondes autour de l’anthropocène et des règnes du vivant. 

Galerie 8 + 4 (Paris) : les soeurs Chevalme

À travers un travail minutieux de dessin à l’encre de Chine, les Sœurs Chevalme explorent les zones d’ombre de l’histoire coloniale. Leur démarche artistique prend pour point de départ des photographies du quotidien capturées par des colons en Afrique à la fin du XIXe siècle — des images d’apparence anodine, souvent reléguées aux marges de la mémoire collective.

En les reproduisant fidèlement, sans artifice, les deux artistes révèlent ce que ces clichés contiennent d’impensé : l’ordinaire d’une domination, la banalité d’un système d’assujettissement érigé par une Europe conquérante. Leurs dessins agissent comme un miroir tendu à notre époque, interrogeant le pouvoir persistant de l’image et la manière dont ces scènes, tolérées hier, deviennent insoutenables aujourd’hui.

Projets :

Carte blanche donnée aux Musées de Marseille

A l’occasion de la fascinante exposition » Tatouage. Histoires de la Méditerranée », les musées s’associent avec Fotokino autour d’une commande passée à 4 illustrateurs qui ont parcouru les différents quartiers de Marseille à la rencontre de personnes tatoué.es. Des histoires et des vécus tendres et émouvants. Certains de ces témoignages sont également visibles dans les espaces d’expositions de la Vieille Charité. 

Jimmy Richer ou l’art de la cartomancie 

Chaque participant avait l’occasion de participer à une séance de « tarot du Rameau d’or » la dernière carte donnant droit à un tatouage éphémère. Dans le cadre de l’exposition « Tatouage » déjà citée, les Musées de Marseille ont invité Jimmy à imaginer une série de tatouages à partir des collections (album en vente à l’accueil du salon). 

Relire mon entretien avec Jérémie Setton, artiste invité de cette édition 2025 de PARÉIDOLIE (lien vers).

De nombreux prix ont été remis lors du salon :

Prix The Drawer : la revue internationale dédiée au dessin depuis 2011 offre au lauréat un cahier dans son prochain numéro. Le choix s’est porté cette année sur Alexandre Leger, représenté par la galerie Bernard Jordan.

Prix Pébéo : doté en matériel et remis par Éric et Patricia Chaveau, propriétaires de l’entreprise Pébéo. Le prix principal a été attribué à Yohann Freichels, présenté par la galerie Annie Gentils (Anvers), qui participait pour la première fois au salon. Ses grands dessins au fusain ont ete particulièrement remarqués

Suite à un véritable coup de cœur, un second prix Pébéo a également été remis à Lucien Lejeune, jeune diplômé des Beaux-Arts de Marseille, intégré à la section DÈJA (Diplômés, Étudiants, Jeunes Artistes des écoles du Sud).

Prix DÈJA (attribué par RDV/DAC, premier partenariat de PAREIDOLIE cette année ) : il a récompensé Tiffen Pâris, diplômée de l’école de Toulon, qui a rencontré un vif succès sur le salon avec près de 80 % de ses œuvres vendues.

Prix Villa Caméline – Maison Abandonnée : attribué à Jean-Luc Jehan, présenté en solo par la galerie INGERT, participante depuis deux ans au salon. Après le succès rencontré en 2023 avec Charles-Élie Delprat (90 % du stand vendu), la galerie renouvelle une présentation en solo. Ce prix offre à l’artiste une résidence de création suivie d’une exposition en octobre prochain.

PARÉIDOLIE se prolonge avec la Saison du Dessin !

https://pareidolie.net/Accueil

Marseille et arc méditerranéen 

https://pareidolie.net/La-Saison-du-Dessin

L’exposition « Tatouage. Histoires de la Méditerranée »

est à découvrir jusqu’au 28 septembre 25

La Vielle Charité

https://musees.marseille.fr/tatouage-histoires-de-la-mediterranee