« Chaque vie est une histoire », 13 artistes internationaux pour lever le voile au Musée national de l’histoire de l’immigration 

MPPD-Vernissage-Chaque vie est une histoire

Vue de l’exposition « Chaque vie est une histoire » Musée national de l’histoire de l’immigration photo Cyril Zannettacci

L’exposition « Chaque vie est une histoire » au Musée national de l’histoire de l’immigration/Palais de la Porte Dorée explore la diversité des parcours migratoires à travers le regard de 13 artistes contemporains internationaux, sous le commissariat de Jean de Loisy. Cette exposition est double avec le volet « 200 regards sur l’immigration » à l’occasion des 20 d’acquisitions de la Collection qui prolonge les enjeux multiples et complexes de ce lieu chargé d’histoire et de mémoire. 

Jean de Loisy avec le commissaire Raphaël Giannesini dessine un parcours sous le prisme d’un récit diasporique et pluriel tous mediums confondus (photographie, vidéo, installation, peinture, sculpture…). L’œuvre d’art devient un moyen de rendre tangible l’invisible, de donner une voix à des réalités souvent marginalisées. 

Vue de l’exposition « Chaque vie est une histoire » Musée national de l’histoire de l’immigration photo Cyril Zannettacci

Parmi les œuvres fortes, l’installation de l’artiste congolais Kokou Ferdinand Makouvia « Aze Ze Ame Adre (Les Sept vases de sorcellerie) », réceptacle aux vertus purificatrices et thérapeutiques où les visiteurs sont invités à déposer des mots, souhaits, messages, adressés à eux-mêmes, à des aïeux, à des lointains ou à une divinité. L’artiste s’est dit marqué par les vibrations étranges que dégage le Palais de la Porte Dorée, il entreprend alors un rite de purification. L’on remarque également l’abri, le refuge imaginé par l’artiste d’origine birmane Aung Ko à partir de vêtements d’amis proches ou disparus en hommage à ces souvenirs qui infusent le présent. L’univers poétique de Juliette Green se déploie à la fois dans l’escalier d’honneur et le fameux aquarium bien connu des parisiens.  A partir de la question posée aux membres des équipes du musée d’origine biculturelle : « « Chez vous, comment s’exprime la coexistence de deux cultures ? » elle déploie son labyrinthe de mots monumental, devenu sa marque de fabrique autour de court-circuits sémantiques plein d’humour.

Vue de l’exposition « Chaque vie est une histoire » Musée national de l’histoire de l’immigration photo Cyril Zannettacci

Charlie Aubry avec l’installation sonore et chaotique « En souvenance » conçue avec l’autrice et documentariste Seham Boutata, est parti des paroles d’enfants et d’employés pour restituer la puissance de l’oralité et dépasser la violence du lieu et de ses représentations. 

« 200 Regards sur l’Immigration » : Un Parcours Témoignage

L’exposition s’inscrit dans l’ADN du Musée national de l’histoire de l’immigration autour de trois fonds : « Histoire », « Témoignages et Société », « Art contemporain » qui représentent quelques 8000 documents, vidéos, œuvres d’art contemporain, objets, archives et enrichis chaque année grâce à des acquisitions. 

Bilal Hamdad, Rive droite, 2021, huile sur toile, 200 x 240, pièce unique. Collection du musée national de l’histoire de l’immigration. Inv. 2022.17.1 © EPPPD-MNHI © Bilal Hamdad

Ces témoignages peuvent prendre différentes formes. En intégrant ces voix souvent invisibilisées dans le cadre d’une exposition, l’idée est d’aller au-delà des discours politiques pour aborder les expériences humaines dans toute leur complexité. Ce parcours devient ainsi un lieu de rencontre et de dialogue, afin de dépasser certains stéréotypes et de décoloniser les regards. Un projet à la fois intime et universel où il est question de douleur, de déracinement mais aussi d’espoir et de promesses. 


Stéphane Duroy
Harlem sur Seine
1990-1991
© Stéphane Duroy/Agence VU


Le parcours est organisé autour de 3 chapitres :  « Présence-absence » relate les départs et les manières de combler l’absence. « La vie au bord de la vie », rappelle la précarité des conditions de vie de ces anonymes et de ces figures de l’ombre. Et enfin « Lever le voile, gonfler la voile » évoque la solidarité et la fraternité mais aussi les mémoires reconstruites.  L’autrice d’origine mauricienne Nathacha Appanah accompagne de ses mots les différents thèmes traversés. 

Taysir Batniji, L’homme ne vit pas seulement de pain #2, entre 2012 et 2013, savons de Marseille gravés, 81 cm x 253,5 cm x 4 cm, édition 3/5, 2E.A, Collection du Musée national de l’histoire de l’immigration, Inv. 2021.18.1 © Taysir Batniji Adagp

Parmi les œuvres clé : l’installation de l’artiste français d’origine palestinienne Taysir Batniji « L’Homme ne vit pas seulement de pain #2 » réalisée à partir de savons de Marseille en écho à la Déclaration universelle des droits de l’homme et à la cité portuaire phocéenne. L’artiste a bénéficié de sa première exposition muséale en 2022 au MAC VAL qui avait été une révélation pour le public. 

Marseille qui est également évoquée à travers l’évocation du Studio Rex dans le quartier de Belsunce qui s’était spécialisé dans les portraits de famille majoritairement originaires du Maghreb ou d’Afrique. 

Kwassa-kwassa 2022 Témoignages de migrants à Mayotte Source Musée national de l’histoire de l’immigration – EPPPD

Autre œuvre forte le Kwassa-kwassa qui est un bateau associé aux migrations clandestines entre les îles de l’Union des Comores et Mayotte, département français. Avec la catastrophe humanitaire que connait l’île, et les récits de Calais, ces bateaux de passeurs font dorénavant partie prenante de l’imaginaire collectif.

Bruno Serralongue Chemin à l’aube 2, série Calais 2006 © Bruno Serralongue

Egalement les cartes téléphoniques TATI, chaine de magasins très populaires dans les années 1990 pour les familles immigrées et les français et dont l’imprimé à motif vichy rose est facilement identifiable. 

Au-delà de trajectoires personnelles ou collectives, ces deux expositions valorisent la contribution des artistes et des individus à la construction d’une mémoire commune. Pour finir laissons ces derniers mots d’une grande justesse et poésie à Jean de Loisy : 

« L’être est une plante vivace qui, bien qu’agitée par les vents, tient bon par des racines tenaces qui se sont infiltrées entre les peines du présent ». 

Infos pratiques :

« Chaque vie est une histoire » : carte blanche à 13 artistes 

Jusqu’au 9 février 2025 

200 regards sur l’immigration et sur le Palais 

Musée national de l’histoire de l’immigration, 

Palais de la Porte Dorée 

Plein tarif 12 euros

https://www.palais-portedoree.fr