Céline Pagès & Christine Marchal
La valse des méduses, 2023
photo Silvia Cappellari
Les artistes convoqués par Louma Salamé, directrice de la Fondation Boghossian – Villa Empain et commissaire de l’exposition s’emparent du motif aquatique et ses interactions à la fois esthétiques, sociétales ou politiques, en tant que ressource précieuse dont l’accès n’est pas garanti sur l’ensemble de la planète. Le parcours construit à partir de nombreuses œuvres de la Fondation François Schneider (Fr) et TBA21 (Espagne) ouvre avec un focus sur la figure de l’artiste sud-coréen Kim Tschang-Yeul pour qui l’eau joue un rôle thérapeutique à la suite de ses traumatismes durant la Guerre de Corée. Une récurrence –titre de l’une de ses séries- dans laquelle il a puisé durant tout son parcours, la goutte d’eau dans sa répétition en venant à faire disparaitre ses douleurs. Un préambule pour nous mettre en situation de réceptivité intérieure et aborder un voyage que cristallise l’installation de Céline Pagès, suspendue dans le hall art déco de la Fondation, et intitulée « La valse des méduses ». Une chorégraphie des fonds marins en apesanteur alors qu’Yves Chaudouet nous invite à un voyage nocturne et mystérieux avec « Les poissons des grandes profondeurs ont pied », installation plus immersive.
Patrick Bailly-Maître-Grand Boule d’eau , 2013
photo Silvia Cappellari Collection de la Fondation François Schneider
Patrick Bailly-Maître-Grand qui se passionne pour des procédés dits archaïques de la photographie nous donne à voir par le biais de la camera obscura le monde en miniature d’une goutte d’eau. Olafur Elliasson adopte un point de vue plus scientifique et témoigne de l’inexorable fonte des glaciers et catastrophe annoncée dans le cadre de son vaste projet de cartographie de l’île. Dans l’escalier qui mène à l’étage, l’artiste verrier américain Jeff Zimmerman fige 25 gouttes agrandies en verre soufflé. Un tour de force pour ce grand voyageur qui revendique un art de la performance. C’est une performance à laquelle s’est livrée l’artiste Jenny Ymker dont la grande tapisserie Mopping en garde la trace, l’action d’éponger l’eau de mer à l’aide de tissu, entreprise relativement vaine et absurde. Le vidéaste Bill Viola part d’un souvenir d’enfant traumatique lorsqu’il failli se noyer à l’âge de 6 ans, pour se servir de l’eau comme acteur principal de ses créations avec ici The Dreamers (Water Portraits) qui renvoie à l’Ophélie de Shakespeare. Avec Asuncion Molinos Gordo, il s’agit de pointer les enjeux d’une répartition équitable de l’eau à partir de formes inspirées de céramiques traditionnelles méditerranéennes. Bianca Bondi elle se saisit de rituels de purification liés au sel, matière première qu’elle combine avec des végétaux et des pigments pour proposer ici comme un coffre à trésor, boîte de souvenirs fossilisés. Elias Kurdy agit en faussaire avec des bas-reliefs en trompe l’œil dont il se réapproprie les codes de monstration. Walid Raad creuse la sédimentation de l’histoire à partir d’épisodes violents cachés ou méconnus. Même démarche avec Elizaveta Konovalgova qui fait ressurgir un épisode de la 2ème guerre mondiale l’attaque aérienne de la ville d’Hambourg dont le décombres sont activés par 25 000 morceaux de brique récoltés par l’artiste sur les bords de l’Elbe.
Léon Spilliaert Brise-lame au poteau , 1909
Belfius Art Collection
Léon Spilliaert, avec ses tonalités sombres et nocturnes nous plonge dans le désenchantement et la mélancolie du promeneur solitaire. Geneviève Asse avec Ouverture de la nuit joue sur la ligne d’horizon dans une approche minimaliste. Autre œuvre méditative très subtile Sweet Blue d’Ann Veronica Janssens qui joue sur nos phénomènes de perception dans des dispositifs où la lumière et les matériaux agissent de concert avec le lieu. La surface et son miroitement, l’eau de l’aquarium mêlée à l’huile de paraffine contribuent à des effets de transparence et de réfraction tout à fait hypnotisant.
Nadia Guerroui Otium, 2020
Verre. Dimension Variables photo Silvia Cappellari
A l’extérieur de la Villa Empain, l’exposition se poursuit avec l’installation de Daniel Buren pour la piscine, 1312 Flammes sur l’eau et Nadia Guerroui avec Otium (du latin loisir studieux) dispositif réfléchissant qui incite au retrait, à la méditation. Un espace mental en devenir.
A découvrir également : Arménie, le temps du sacré. Un dialogue entre l’Arménie millénaire et contemporaine avec des vidéos immersives réalisées par la société Iconem de sites historiques menacés.
Infos pratiques :
WATER
Jusqu’au 10 mars
Prochainement :
LIMITED EDITION ART FAIR
à partir du 15 mars
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